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Dans cet essai très personnel, l’auteure mêle des éléments de sa vie à sa lecture de la « Recherche ». C’est son père, grand lecteur de Marcel Proust qui lui fait découvrir l’auteur. Depuis, elle lit et relit les 2400 pages des sept tomes de « A la recherche du temps perdu ».
Laure Murat, issue d’une famille aristocratique, se retrouve dans la critique féroce que Proust en a fait dans son œuvre.
« Pour ténus qu’ils soient, les quelques fils de la Vierge tissés entre Proust et ma famille, qu’il s’agisse des Murat ou des Luygues, dessinent un univers où se retrouvent la plupart des ingrédients de la société aristocratique de la Belle Époque décrite dans « la recherche » : les mariages d’argent, les tensions entre noblesse d’Ancien Régime et noblesse d’Empire, les croisements avec le « sang juif », les détours clandestins par Sodome… »
L’auteure a passé son enfance et sa jeunesse dans les traces de l’histoire, une sorte de « musée où tout rappelait les gloires de l’Empire ». Elle doit se plier aux convenances dans un monde où tout est codifié et où l’hétérosexualité est la règle.
Cette lecture assidue va lui permettre de s’émanciper de ce milieu où elle ne se sent pas à sa place et elle va rompre avec sa famille pour pouvoir vivre librement son homosexualité.
Lectrice de sa propre existence, Laure Murat nous donne les clés pour déchiffrer ce monde Proustien. Elle fait le parallèle avec sa propre famille, et ses ancêtres dont certains ont croisé l’auteur de la « Recherche ». Son arrière-grand-mère, Cécile Ney D’Elcingen mariée au Prince Murat, le recevra à sa table.
« Lorsque, encore adolescent, mon père comprit en lisant A la recherche du temps perdu que sa grand-mère avait connu Proust, il la pressa de questions. " Ah oui, répondit-elle évasivement, ce petit journaliste que je mettais en bout de table…" »
Mais, au-delà des ressemblances et des anecdotes, elle nous transmet ce pouvoir consolateur de l’œuvre de Proust. Cette lecture l’a chaque fois consolée « Or, la consolation recèle une puissance libératrice. C’est une force d’émancipation »
Outre ce pouvoir d’émancipation et de consolation, l’œuvre de Proust ouvre à la compréhension du monde.
Laure Murat nous offre un livre foisonnant, avisé et passionnant, une œuvre qui nous donne envie de lire ou relire « A la recherche du temps perdu ».
Grande fan de La Recherche, je ne pouvais ignorer cet essai enfin disponible à ma BM.
Mais comme je ne suis pas noble, j’ai eu un peu de mal avec la généalogie familiale de l’auteure qui tente pourtant de la rendre la plus simple possible.
Et puis son histoire familiale n’est pas ce qui m’a le plus intéressé dans ce livre.
J’ai aimé la lecture qu’elle fait de ce roman foisonnant à travers sa pratique de l’aristocratie, comment , grâce à la lecture de La Recherche, elle a compris les fonctionnements de son milieu social de naissance mais aussi sa vacuité.
J’ai aimé qu’à travers cette lecture, elle, la féministe et homosexuelle affichée, aie trouvé le courage de s’extraire de son milieu qui souhaitait la faire taire.
Un autre effet de La Recherche : l’effet émancipateur.
J’ai aimé que l’auteure du présent essai ai eu pour déclic un épisode de Downtown Abbey dans lequel le maître d’hôtel mesure l’équidistance des couverts. Ce détail force les portes de sa mémoire, à la manière de.
J’ai aimé que la comtesse Greffuhle revienne régulièrement dans le propos.
J’ai découvert les ressassements généalogiques de la noblesse, une vision hiérarchisé et autoritaire et monolithique du monde.
Enfin, j’ai aimé que cette lecture la console de son abandon familiale, comme l’adulte Marcel console l’enfant séparé de sa mère.
J’ai aimé cette image de La Recherche comme consolation.
Quelques citations :
Toute la Recherche peut être lue comme une investigation sur l’inadéquation des mots et des choses qui implique, à terme, une démonétisation inévitable des Noms, de leur pouvoir extravagant et trompeur. (p.77)
Dans son étude, Anne Simon formule la révolution proustienne en une équation limpide : « existence + imagination = réalité » (p.186)
Tout lieu de pouvoir s’érige sur un cimetière. Descendre en droite ligne de brutes anoblies ne m’enorgueillissait pas. (p.198)
L’image que je retiendrai :
Celle du château familiale de Luynes, sur la commune de Luynes.
https://alexmotamots.fr/proust-roman-familial-laure-murat/
Pourquoi relit-on ? Vaste question ! Pour comprendre ce qu’une première lecture ne nous a pas révélé ? Pour apprécier les détails sur lesquels nous sommes passés trop rapidement, trop absorbés par l’intrigue ? Pour se replonger dans une œuvre que l’on a adorée et que l’on a envie de retrouver ?
Mais dans le fond, lit-on vraiment le même livre quand on le lit à 20 ans puis à 40 ? Franchement, je me garderais bien de relire des œuvres qui m’ont éblouie quand j’étais gamine ! Je pense par exemple au Grand Meaulnes, à Gatsby le Magnifique…
Parfois, j’ai un peu honte d’être happée par l’envie irrésistible que j’ai de lire toutes les nouveautés qui envahissent les tables des librairies lors des rentrées littéraires. Lire une fois, comme nous le pratiquons très souvent, aurait quelque chose à voir avec la naissance du capitalisme, une espèce d’idéologie de la consommation. Je veux bien le croire mais je ne résiste pas ! Et pourtant j’aimerais tellement relire Proust, Flaubert, Giono… Mais je repousse cela à plus tard ! Je devrais faire comme François Bon : 22h/23h : lectures, 23h/0h30 : relectures ! (ça risque de piquer au réveil le lendemain !!!)
Barthes, plus sage et plus philosophe que moi, disait que « c’est dans le même qu’on trouve le nouveau ». En effet, selon lui, « dans le nouveau, on risque de ne chercher que le même. » Je veux bien le croire ! Selon lui, la vraie lecture est celle qui détruit le suspense. Elle « se passionne pour ce qu’elle sait » et est la seule garantie non seulement d’une grande jouissance mais aussi d’une vraie découverte. Peut-être...
En tout cas, Laure Murat va donc adresser le 11 janvier 2013 à deux cents grands lecteurs (écrivains, universitaires, éditeurs…) un mail contenant dix questions permettant d’étudier leur rapport à la relecture. Chacun d’eux va s’emparer du sujet à sa manière pour nous révéler, dans le fond, des choses assez intimes… Dis-moi ce que tu relis, je te dirai qui tu es.
Un essai stimulant qui à mon avis dépasse même le sujet de la relecture pour évoquer le rapport à la vie et au temps.
Des textes passionnants ( Chevillard, Audeguy, Angot, Forest, Ernaux, Desarthe, Echenoz…) qui nous conduisent à nous interroger sur nos pratiques et qui nous proposent aussi des références littéraires susceptibles de faire encore grimper votre PAL de quelques centimètres !
Du petit lait cet essai !
LIRE AU LIT http://lireaulit.blogspot.fr/
Je n'aurais pas lu ce livre s'il n'avait pas fait partie de la sélection proposée au jury de lecteurs dont je suis membre et je ne serais pas allée jusqu'au bout si je n'avais pas tenu à respecter la règle tacite de ne donner un avis qu'après avoir lu l'ouvrage en entier.
Ce livre, dont l'auteure est une descendante des Luynes (noblesse d'Ancien Régime) et des Murat (noblesse d'Empire), qui a totalement rompu avec son milieu il y a une trentaine d'années, qui enseigne la littérature française à l'UCLA (Université de Californie de Los Angeles), est, tout à la fois, essai/autobiographie/analyse littéraire/roman.... ,
Laure Murat déclare que c'est Proust, et en particulier "A la recherche du temps perdu" qui lui a ouvert les yeux sur l'aristocratie dans laquelle elle a été élevée et lui a permis de se libérer d'un carcan qui étouffait ses forces vives. Car, affirme-t-elle, contrairement à certaines interprétations, Proust n'était pas un dandy snob qui essayait de se faire accepter par l'aristocratie, même s'il le fut un peu au début de sa carrière, mais en est devenu un contempteur ironique et sans pitié.
Même si ce procédé d'entremêler les fils de son passé avec ceux de l’œuvre de Proust qui a côtoyé sa famille (il dinait à la table son arrière-grand-mère qui le qualifiait avec mépris et condescendance de "petit journaliste") est intéressant, même si la description de l'aristocratie française m'a appris pas mal de choses, j'ai globalement trouvé cet ouvrage profondément ennuyeux et dérangeant.
Ennuyeux car l'auteure nous abreuve d'une pléthore de noms, plus ou moins prestigieux, plus ou moins connus à tel point qu'elle a ressenti le besoin d'ajouter une annexe intitulée " Index des noms de personnes et personnages" qui compte 490 noms (en moins de 256 pages!!!!); en quoi l'énumération de tous ces noms (les Camondo ???? les Ephrusi???, Mme Furtado-Heine???, Max Fould???........) présente un intérêt quelconque à part nous présenter le Who's who personnel de Laure Murat,
Ennuyeux, car au risque de faire hurler les aficionados de Proust, je n'ai jamais pu, ni lire vraiment, ni apprécier cet auteur que ce soit pendant mes études où il m'a été imposé ou plus tard, lorsque saisie d'un grand courage littéraire, j'ai essayé de m'y replonger; je n'ai donc pas pu goûter l'analyse littéraire pointue à laquelle s'est livrée l'auteure dans certains passages.
Dérangeant car Laure Murat se livre à un dégommage en règle du milieu dont elle vient : d'après elle, les aristocrates sont tous incultes, prétentieux , pleins de morgue, méprisants pour ce qui n'est pas de leur monde, en continuelle représentation, cruels, endogames.... Je comprends parfaitement que l'on puisse critiquer son milieu social, voire le rejeter mais cette description sans nuance, pleine de hargne n'honore pas celle qui la fait. S'appuyer sur Proust ne rend pas l'attaque systématique plus acceptable d'autant qu'on pourrait se demander, en ayant l'esprit très tordu, s'il n'a pas démoli l'aristocratie car il n'en était pas et surtout parce qu'il en a été rejeté et n'en serait jamais.
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