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Les ouvrages consacrés à l’art contemporain se multiplient ; du Pop Art au néo-expressionnisme, en passant par l’art conceptuel ou le minimalisme, il n’y a que l’embarras du choix. Et les monographies de s’accumuler. Bizarrement, ce sont souvent les mêmes artistes qui ont les faveurs des éditeurs, car ce sont les plus célèbres, les plus médiatiques, les plus populaires. Je pense, par exemple, à Andy Warhol… Il y une importante masse de documentation le concernant. Même son journal intime a été publié.
Par contre, certains artistes moins charismatiques ou moins transgressifs, ne disposent que peu d’ouvrages les concernant. Pendant très longtemps, ce fut le cas de Christian Jaccard (né en 1939 à Fontenay-sous-Bois), un artiste majeur de la combustion. Formé à l’école des beaux-arts de Bourges, il est apparu sur la scène artistique française, voilà cinquante ans ! Avant de devenir un élément omniprésent des expositions internationales, en galeries ou en musées. Tout ce qui fait l’artiste contemporain polyvalent figure au palmarès de Christian Jaccard : artefacts divers, œuvres publiques, interventions éphémères, happenings, photographies, films, vidéos, conférences, interviews télévisuels… Si bien qu’en 2004, cette monographie signée par le critique d’art Gilbert Lascault venait combler cette vacuité éditoriale concernant Jaccard. Trois chapitres extrêmement bien écrits et documentés nous invitent à nous intéresser à cette œuvre polymorphe (mais très cohérente), tout à fait singulière par bien des aspects, apparue dans la foulée des remises en questions des Golden Sixties. Pour ceux qui ne connaissent pas le travail de Christian Jaccard, il peut être radicalement réduit à deux thèmes récurrents : le nœud et la combustion. Les nœuds se substituent aux pinceaux pour laisser leurs empreintes sur la toile, quand ils ne sont pas élevés au rang de sculptures. Mais surtout le travail de Jaccard est sous-tendu par le concept de la libération de l’énergie, celle qui crée et celle qui détruit, celle qui se manifeste et celle qui laisse des traces. Véritable réflexion sur le vivant et la mort, sur le naturel et l’artificiel, tout l’art de Jaccard se fait à coups de nouures et de leur excessive multiplication, envahissante (si ce n’est obsessionnelle). Cette création d’artefacts est contrebalancée par une fascination pour la combustion, la destruction par le feu, utilisée comme dans la culture sur brûlis. Chaque incendie permet un transfert de créativité, ce que Léonard de Vinci appelait la chaleur vitale du monde.
Abondamment documentée, superbement illustrée, cette première monographie est devenue incontournable pour les amateurs des avant-gardes des années 1960 car elle permet de prendre conscience de la place de Jaccard, trop souvent associé au groupe Supports/Surfaces (dont il n'a pas fait partie).
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