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https://ffloladilettante.wordpress.com/2019/11/05/lecho-du-temps-de-kevin-powers/
L’esclavage, la ségrégation et la guerre de sécession marquent durablement le sud des États-Unis et c’est à mon avis ce que veut démontrer Kevin Powers dans ce roman dense et un peu fouillis. Il situe l’action, vers 1865, en Virginie, autour de Richemond, une ville qu’il connaît bien puisqu’il y est né. Une autre partie se déroule, toujours dans le sud, dans les années 1950. En décrivant la violence, la sauvagerie de la guerre civile Kevin Powers tente de nous faire appréhender la complexité des mentalités actuelles dans les états du sud.
L’auteur passe d’une époque à l’autre avec de multiples personnages et il faut attendre la fin pour comprendre ce qui les lie, George, un descendant d’esclave de sa naissance à sa mort. C’est un roman choral avec pas mal de digressions dont l’intérêt est de donner des points de vue différents.
Cette lecture demande de l’attention pour assembler les pièces du puzzle. On ne sait pas toujours ce que deviennent les très nombreux personnages mais qu’importe…. L’essentiel c’est l’atmosphère décrite par l’auteur avec cette guerre de sécession que nous, Français, connaissons si peu, alors que son impact est toujours très fort.
Vous aimez les jeux de construction? Ce livre en est un, où chaque chapitre est une pièce qui vient se placer pour donner forme à l'histoire finale.
Les chapitres s'alternent sur deux époques. Celle de la grandeur de la plantation Beauvais dans les années 1860 avant le grand incendie, propriété de M. Levallois, homme machiavélique et sadique qui ne recule devant rien pour accroître sa fortune et son pouvoir. Et celle des vieux jours de George Seldom dans les années 1950, en quête de ses origines, lui qui a été retrouvé, commençant à peine parler, avec ce simple mot épinglé sur sa poitrine "Prenez soin de moi. Je vous appartiens maintenant."
De nombreux personnages jalonnent le récit, certains sont les personnages principaux, d'autres les secondaires (pas forcément si secondaire) et enfin ceux qui ne font que passer. Cette multitude de personnages et les allers-retours d'une époque à l'autre auraient pu être déstabilisant mais j'ai été tellement happée par l'histoire que tout m'a semblé fluide. J'ai particulièrement aimé les chapitres sur les années 1860, où il est question de l'esclavage, de la domination masculine, de la guerre de Sécession, du désir de liberté et d'émancipation. J'ai pris beaucoup de plaisir à ma lecture même si une petite question me taraude encore...
Un roman qui emmêle personnages et époques que l'on prend plaisir à démêler
Officiellement, Emily Reid, fille de Lucy et Bob Reid, serait morte dans l’incendie de son mari, Antony Levallois, en 1870.
En 1956, George Seldom est au crépuscule de sa vie. Il pense avoir vécu environ quatre-vingt-dix ans.
Rawls, le fils d’Aurelia, esclave noire qui a accouché la mère de la jeune Emily, est un fugueur. Ne voulant pas renoncer à son amoureuse, il s’enfuit une fois encore afin de retrouver Nurse, éloignée dans une autre plantation. Ils seront vendus tous les deux à Monsieur Levallois, un français émigré.
George a été trouvé à l’âge de trois ans par un soldat nommé Edgar Seldom, à la fin de la guerre de sécession, et confié par ce dernier à Mademoiselle Dolores qui accepte de l’élever.
L’originalité de cette oeuvre consiste à tenir le lecteur dans un flou artistique pendant les premiers chapitres. Lentement, les détails de l’intrigue viennent s’imbriquer, un par un, comme les pièces d’un puzzle. Ainsi, le destin croisé des principaux protagonistes nous est habilement révélé au fil de l’histoire …
Juste un tout petit peu trop narratif à mon goût …
A yellow bird
Whith a yellow bill
Was perched upon
My windowsill
I lured him in
Whith a piece of bread
And then I smashed
His fucking head... (1)
Chant militaire traditionnel de l'armée américaine.
(1) Un moineau jaune
Au bec jaune
S'est penché
Sur ma fenêtre
J'lui ai donné
Une miette de pain
Et j'lai éclaté
Ce putain d'serin...
Le soldat Bartle revient chez lui, à Richmond (Virginie), après vingt mois de guerre en Irak.
Il n'est et ne sera plus le même : la guerre l'a détruit.
Beaucoup de militaires ne reviennent pas indemnes, quand ils voient leurs camarades de régiments mourir dans d'atroces souffrances. Dans le cas de Bartle, il va voir disparaître son ami Murph, le sergent Sterling et tant d'autres.
Extrait : "Je n'aurais pas pu le formuler à l'époque, mais j'étais entraîné pour croire que la guerre fédérait tout le monde. Qu'elle rassemblait les gens plus que toute autre activité humaine. Tu parles. La guerre fabrique surtout des solipsistes : comment vas-tu me sauver la vie aujourd'hui ? En mourant, peut-être. Si tu meurs, j'ai plus de chances de rester en vie. Tu n'es rien, voilà le secret : un uniforme dans une mer de nombres, un nombre dans une mer de poussière."
Comme pour la guerre du Vietnam, la première guerre en Irak.... les futurs militaires n' ont pas été préparés aux atrocités dont ils vont être témoins ou qu'ils vont eux-même exécutées.
L'autre choc qu'ils vont subir est le retour à la vie civile, les stress post-traumatique que certains soldats vont développer : un mois à attendre au Koweit, puis transit par la base américaine en Allemagne où ils sont simplement debriefés.... puis retour au bercail.
Yellow Birds est un sans cesse va-et-vient, parmi les différents chapitres, traitant de la guerre en Irak et de la vie quotidienne, à Richmond, de Bartle.
Le lecteur peut sentir monter la tension, de jour en jour, pendant et après la guerre. L'ex soldat s'enfonce de plus en plus loin dans la dépression, le dégoût des autres, de lui-même.
Alors, Bartle avale pack de bière sur pack de bière. Il s'isole de ses anciens amis pour ne pas à avoir à leur raconter la guerre. Il ne peut plus faire semblant, comme si tout allait bien. Et surtout, il dort, beaucoup trop, pour oublier tout ce qu'il a laissé de lui dans la chaleur et le sable d'Irak.
Extrait : "Luke et les autres garçons et filles nageaient encore dans la rivière... Il me fallut résister à l'impérieuse envie de les haïr. J'étais devenu une espèce d'infirme. Ils étaient mes amis, n'est-ce-pas ? Qu'est-ce que je leur dirais ? "Hé, comment ça va ?" s'exclameraient-ils en me voyant. Et je répondrais, "J'ai l'impression que quelque chose me bouffe de l'intérieur et je ne peux rien dire à personne parce que tout le monde est si reconnaissant envers moi ; je me sentirais trop ingrat si je me plaignais de quoi que ce soit." Ou un truc du genre, "Je ne mérite la gratitude de personne, et en vérité les gens devraient me détester à cause de ce que j'ai fait, mais tout le monde m'adore et ça me rend fou."
Ce roman de Kevin Powers (né en 1980) est dans la lignée des romans et films américains traitant des vétérans de guerre. La violence, le désespoir, la recherche de leur part d'innocence à jamais perdue sont les vecteurs communs de leurs histoires.
Extrait : " Un journaliste nous avait demandé ce que cela faisait de se battre... "Racontez-moi, les gars, comment c'est vraiment. Je veux savoir quel genre d'adrénaline vous ressentez"... Murph tenta de lui expliquer. "C'est comme un accident de voiture. Tu comprends ? Cet instant entre le moment où tu sais ce qui va se passer et l'impact lui-même. On se sent assez impuissant à vrai dire. Tu vois, tu roules comme d'habitude, et tout à coup c'est là, devant toi, et tu n'as absolument aucun pouvoir. Et tu le sais. La mort, tu vois, ou autre chose, c'est ce qui t'attend. C'est un peu ça, poursuivit-il, comme dans ce quart de seconde dans un accident de voiture, sauf qu'ici ça peut carrément durer des jours."
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