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La présentation de ce recueil de poésie par les éditions l’Arche est pour le moins atypique. D’un côté, on trouve la version traduite en français, de l’autre, celle en version originale. Il suffit donc, pour les amoureux de la langue de Shakespeare, de retourner l’opus.
« Imagine un vide
Une infinie et immobile noirceur
La Paix
Ou l’absence au moins
De terreur. »
Voilà, c’est ainsi que ça débute. Et c’est fort, violent même, et ce sera ainsi tout du long. Pas de filtre pour une parole percutante où la rage se fait entendre à travers les mots.
On va entendre sept monologues de sept personnages différents, à la dérive. Dans un monde pollué ou le lien social s’est détérioré, la jeunesse a recours à la drogue, l’alcool ou les médocs pour tenter d’oublier son désespoir, sa difficulté de vivre.
Que leur propose la vie ?
« Je sais que j’existe
Mais je ne ressens rien,
Je suis éclipsé
Je suis ailleurs. »
Avec des vers asymétriques, le rythme est haché. On ressent le vide et la pesanteur de la vie. N’y a-t-il aucun recours pour une vie meilleure ? Peut-être plus d’amour, en tout cas c’est ainsi que ce termine ce recueil
« Je suis dehors sous la pluie
C’est une nuit froide à Londres
Hurlant à mes proches
De se réveiller et d’aimer plus
Suppliant mes proches de
Se réveiller
Et d’aimer plus. »
« Ce poème a été écrit pour être lu à voix haute » est-il précisé sur la page du titre. Peut-être est-ce pour cela que j’ai eu du mal à entrer vraiment dans le texte. L’entendre déclamer à voix haute, voire crié, m’aurait sans doute aidée.
Lien : http://www.livresselitteraire.com/2018/02/les-nouveaux-anciens-de-kate-tempest.html
C’est tremblante que j’ai refermé ces soixante pages, la sensation en lisant Les nouveaux anciens d’avoir participé à une sorte d’incantation, hypnotisée par ces paroles chargées de vie, d'humanité. Et pour être tout à fait franche ça fait du bien, ça vous remet les idées en place. Ça vous ouvre les yeux si vous les aviez à demi fermés.
Entre poésie pure, prose, flow et discours engagé, Kate Tempest mélange les genres. Elle frappe fort, chaque mot est un coup d’épaule et à force de se les prendre – et même si on finit par les voir venir, on ne peut y échapper – on tangue, on perd l’équilibre. Kate 1 – Nous (en tout cas moi) 0.
Avec un rythme qui n’appartient qu’à elle, que l’on suit sans sourciller, à voix haute, essoufflé, elle met en lumière ces héros ordinaires : huit personnages singuliers, désenchantés, paumés qui errent dans Londres, de bars en bars parfois. Parce que l’amour ça pulvérise, ou plutôt le non-amour, le désamour. Parce que le monde ça brise les rêves. Amères désillusions. Ils sont jeunes ou moins jeunes, ils vivent comme ils peuvent. Le cœur écorché. Kate Tempest n’a pas peur de montrer la faiblesse de l’Homme, au contraire cette faiblesse est essentielle, elle compose le mythe que nous sommes. De la naissance à la mort. De l’ombre à la lumière. A tout âge, l’Homme hissé en Dieu. Qu’importe les épreuves, les blessures, la violence, les Dieux de l’Antiquité n’avaient-ils pas des failles ? N’étaient-ils pas vulnérables comme nous le sommes ?
Lire Les nouveaux anciens c’est prendre conscience de la pureté, la simplicité de l’âme humaine avec ses imperfections, sa violence mais sa lumière aussi. Une pluie de mots qui envoûte et la sensation, en refermant la dernière page, d’être entré dans une transe incontrôlable. Un peu comme lorsqu’on sort d’un concert, trempé d’avoir dansé, chanté ou d’avoir simplement fait corps avec un son, une voix, une présence. Ici, ce sont ceux de Kate Tempest.
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