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Le mot « cœur » suggère, dans cette histoire, l’organe et le centre des sentiments. C’est autant cette double pompe qui peut s’arrêter net que l’ensemble des passions amoureuses. La bande dessinée s’ouvre sur une perte, sur une vie volée et sur l’absence. En quelques pages, les autrices montrent la solitude et le chagrin qui succèdent à l’union. Et tout cela avec une certaine économie de dialogues et de textes. Elles utilisent les images, le mouvement des êtres notamment et le découpage pour faire exister l’indicible : être sans cœur, en retrouver un et sentir l’invasion des sentiments contenus dans l’organe.
Julie Raptor et Andrey Lainé prennent le cœur dans toutes ses nuances, sa réalité et ses interprétations. Elles parlent autant de biologie que de compassion, de ce qui est quantifiable et de ce qui est ressenti. Le personnage de Charles est face à ces deux dimensions. Il ne peut se limiter aux données chiffrées et doit laisser une place aux voix du cœur greffé. L’histoire de cet homme qui semble loin des autres prend alors une autre tournure grâce à l’arrivée de ce cœur. Il est bousculé, déséquilibré et doit alors chercher une réponse. Sans esquiver aucun moment, bravant toutes les émotions, les autrices mettent leur personnage face à l’histoire passée et tout cela avec beaucoup d’énergie.
Ce mouvement narratif qui n’empêche pas quelques baisses de rythme tient également dans le découpage des planches. Sur fond de grandes cases, Audrey Lainé intègre des détails, des gros plans ou d’autres idées. Cela renforce tout le chamboulement du personnage, toute cette lumière qui le traverse et l’intrigue.
Le sujet de la greffe, en particulier celle du coeur est de tout temps source d’une foule de sentiments et de fantasmes. J’aimais beaucoup l’idée de voir ce sujet abordé dans le cadre d’une bande dessinée et j’espérais avoir un point de vue original. Dans les lois du coeur, Charles la cinquantaine, homme d’affaires qui ne voit que par son travail et en oublie sa famille doit subir une greffe du coeur. Il reçoit le coeur du conjoint d’Elodie, un homme qui semblait mettre les sentiments au dessus de tout. Pour l’originalité, c’est raté, on a le droit à un énième récit où le coeur transmet les sentiments du donneur au receveur et bien sur il y succombe et c’est dommage car il y a beaucoup de bonnes choses dans ce récit. Tout l’aspect médical autour de la greffe est très bien amené et les explications sont claires et précises. Les premiers aspects présentant les bouleversements psychologiques qui en découlent sont aussi très pertinents bien que seul ceux du côté du receveur soient vraiment abordés. Charles a toujours été monomaniaque, avant la greffe c’était le travail après la greffe c’est retrouvé la femme du donneur. Les raisons de la recherche au départ sont assez habituelles et j’avais espoir que la rencontre change de ce que l’on a en général. Au départ c’était bien parti mais non seulement ça n’a pas duré mais la scène finale me laisse un gout amer tant je trouve ça malsain. Vous l’aurez compris, la fin m’a complètement gâché ma lecture mais je suppose qu’une partie du lectorat y verra quelque chose de beau, je suis trop rationnelle pour cela.
Du côté des dessins, je suis enchantée d’avoir retrouvé le style que j’avais beaucoup aimé dans moi en double. L’aspect simple avec une seule couleur qui ressort au milieu d’un niveau de gris ou d’une autre type de camaïeu neutre fonctionne bien avec moi. En résumé, j’ai apprécié les dessins et les aspects didactiques autour de la greffe mais je suis passée complètement à côté de l’histoire entre Charles et Elodie.
Charles, homme d'affaire hyperactif subit une transplantation cardiaque .
Quelques mois plus tarde, il se sent étrange.
Des visions d'une femme le poursuivent.
Voilà un sujet assez inattendu en bande dessinée.
J'ai pensé à Charlotte Valandrey, à son histoire et à son livre « De cœur inconnu »
Voilà une histoire un peu similaire en version roman graphique.
Outre l'histoire en elle-même, se pose la question de la mémoire cellulaire.
Le texte est plutôt succinct mais efficace.
A la romance se mêlent des explications scientifiques.
Le texte et les dessins se complètent parfaitement.
Les dessins sont gris ou noirs pour la plupart et les quelques touches de couleur qui apparaissent parfois sont du plus bel effet.
Je les ai trouvés très beau (sauf peut-être les visages)
Un plus à cet ouvrage, les cinq pages de documents et de renseignements sur les dons d'organes sont instructives et peuvent se révéler très utiles.
Définition du Larousse : cœur, nom masculin du latin cor, cordis, organe musculaire creux, qui constitue l'élément moteur central de la circulation du sang ou ce qui a la forme stylisée de cet organe.
Ce sont à ces deux cœurs que Julie Raptor (scénario) et Audrey Lainé (dessin) ont donné vie dans “Les lois du cœur”. Ou plus exactement, qu'elles ont redonné vie.
En effet, quand Charles cadre supérieur parisien, marié et père de deux enfants, très accaparé par son travail, fait une crise cardiaque, les dommages sont irréversibles. S’il veut vivre, la seule option envisageable sera la transplantation.
Dorénavant Charles va vivre avec le cœur de cet autre homme, décédé brutalement. Un nouveau cœur pour une nouvelle vie.
Le greffé s’adapte bien à son nouvel organe, mais des visions d’abord fugaces, puis plus insistantes font leur apparition.
Une silhouette de femme, sa voix, son rire. Charles semble les connaître. Son parfum, ses cheveux. Charles voudrait pouvoir les respirer. Son cœur bat à la chamade. Mais qui donc est cette inconnue qui réveille en lui des sentiments qu’il pensait éteints ?
Charles veut en avoir le cœur net, il doit trouver qui était son donneur afin de découvrir qui est “cet obscur objet du désir” qui hante ses jours et ses nuits et qui le fait se sentir un autre homme.
“Les lois du cœur” nous entraîne dans un univers où la réalité de la médecine côtoie sentiments et perceptions inconnues. Vivre avec le cœur d’un autre peut-il ouvrir la porte à de nouvelles sensations ? Un organe aussi symbolique que le cœur a-t-il une mémoire “sentimentale” ?
Ce sont à ces questions que les autrices ont essayé de répondre à travers cette très belle histoire. En mêlant leur récit d’invention, à des données médicales et à des informations concernant le don d’organes et la loi bioéthique, Julie Raptor et Audrey Lainé ont donné vie à un album empreint de sensibilité pour aborder un sujet qui nous concerne tous. Le don d’une partie de soi pour permettre à quelqu’un d’autre de revivre intensément.
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