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"Minuit sur le monde" de Jules Pétrichor est un livre qui commence par intriguer puis conquiert progressivement le cœur. Dès le départ, le titre énigmatique et le résumé suscitent la curiosité. Nous sommes transportés dans un univers où le temps s'est arrêté au douzième coup de minuit, plongeant le monde dans une obscurité perpétuelle. L'auteur dépeint ce monde avec une richesse de détails et un vocabulaire inventif, créant ainsi un contexte unique, parsemé de termes tels que "nuital" et "à la nuit d'hui", qui ajoutent une dimension poétique et énigmatique à l'histoire. On entre dans le livre, mais on entre dans un univers parsemé de poésie. Coup de cœur littéraire !
Le protagoniste, Lui Beadles, est un personnage complexe et attachant. Né dans une Irlande unie et libre, il a grandi dans l'obscurité, en apprenant le monde extérieur à travers les livres, fenêtre ouverte sur des connaissances et des découvertes. Son amour pour la lecture, sa soif de connaissances et son désir de comprendre le monde sont des éléments qui résonnent fortement en moi, et je me suis très vite attachée à Lui. Mais il y a aussi cette part de noirceur dans le monde d’aujourd’hui, cette réalité qu’on cherche à fuir en s’engouffrant entre les pages d’un livre. Ici on ne cherche pas sans fin/faim la lumière, il s’agit d’une quête, d’un travail commun et pas solitaire à réaliser dans son coin. Lui ne souhaite pas s’enraciner dans l’obscurité, il cherche, rencontre, fait face, continue…
L'histoire de Lui le conduit dans un périple à travers le monde, où il fait l'expérience des réalités les plus diverses, des défis humanitaires en Mauritanie au dédale de l'administration parisienne, donnant quelques frissons tant cette partie est une métaphore de la vraie vie. Chaque étape de son voyage est un reflet des luttes, des espoirs et des rencontres qui définissent l’humain. Le livre rend hommages aux livres, à leur pouvoir, aux idées et connaissances qu’ils contiennent, comme des phares dans l’obscurité. Une fenêtre ouverte sur des possibles.
Il y a aussi ce qui est tu : comment les gens vivent ils à l’heure de minuit ? Quel est leur quotidien lorsqu’il n’est plus régi par les heures de la journée et donc le cycle solaire/lunaire ? Malgré les quelques éléments disséminés, et même si cela m’a manqué, l’histoire n’en souffre pas, c’est ma curiosité qui est fortement titillée : l’envie de plus, d’en connaitre davantage, mais aussi de l’imaginer. Il y a cette part de l’histoire que j’apprivoise et fait doucement mienne, pour imaginer plus.
Le livre ne se contente pas de raconter une histoire, il offre une réflexion sur des thèmes tels que la résistance, la tolérance, la fraternité et le pouvoir des livres dans la formation de citoyens éclairés : l’une des richesses de ce monde est la connaissance. L'auteur mêle subtilement politique et poésie, créant un récit à la fois captivant et intellectuellement stimulant. J’ai aimé et été emportée par ce style poétique, cherchant l’harmonie par des mots, des syntaxes et des métaphores. Je ne me suis pas ennuyée, j’ai été happée par les dialogues, les situations, les personnages, et l’envie frénétique de tourner la page pour découvrir la suite.
Le style d'écriture de Jules Pétrichor est un véritable atout et j’ai aimé m’y plonger et m’y replonger encore. Il allie l'addictivité d'une narration directe et efficace à la poésie d'une prose soignée. Les mots sont choisis avec précision, et certaines phrases sont même répétées comme des refrains, ajoutant une musicalité particulière au texte : cette recherche d’harmonie, une résonance, un écho musical. Pas de lourdeur ou de répétition inutile, le tout est structuré et nous maintient dans cette ambiance.
En plus de l'écriture, le livre est agrémenté d'illustrations d'Eness Edwood, qui ajoutent une dimension visuelle à l'histoire. J’aime beaucoup ce style en noir et blanc, jeu d’ombre et de lumière, trait fin et tout en courbure. Les quelques clefs à la fin de l'ouvrage offrent également un aperçu intéressant de certains éléments historiques.
Et pourtant je suis longue, et pourtant il reste tant à dire et à découvrir sur ce livre : bienveillance, audace, attractivité, étonnement, souffle court, se projeter, continuer, tendre la main, l’attraper… Et plus encore !
Bien que le livre puisse surprendre au départ, il devient rapidement une lecture dans laquelle on apprécie se perdre et se trouver. Il invite à la réflexion sur la vie humaine, la quête de lumière et d'espoir dans un monde obscur, et la puissance de la résilience et de la connaissance. "Minuit sur le monde" est un coup de cœur, une œuvre qui captive, stimule et laisse une empreinte durable dans l'esprit.
Ce livre a parlé à mon âme. Et il n'y aura jamais la place dans cette publication pour tous les superlatifs que je voudrais utiliser. Sachez d'abord qu'on ne s'aventure pas dans le monde de Lui sans encourir de dangereux effets secondaires. Parmi les plus fréquemment mentionnés:
Désir irréfrénable de battre le pavé en chantant le Temps des cerises, de porter des robes à fleurs en écoutant We will overcome, de manger des guimauves sur le Pont des Arts, de construire des écoles dans les bidonvilles et surtout de lire, lire, lire encore. Écouter des histoires, les transmettre, les recueillir comme des trésors piteusement conservés par ces passeurs qui, des aèdes aux professeurs en passant par les griots, font vivre la flamme fragile de l'humanité. Tendance au lyrisme et à la grandiloquence en cas de surdosage.)
Lui Beadles, ainsi se nomme le personnage que vous suivrez dans un monde figé sur minuit-pile, depuis que le soleil, un matin, a décidé de ne pas se lever, Lui Beadles est un Petit Prince révolutionnaire. Face à l'état d'urgence, les États se sont refermés sur eux-mêmes. Les cités se sont repliées derrière leurs murs et leur haine de l'autre.
De son univers, étroit, sans passé ni avenir, Lui a d'abord cherché à s'échapper dans les livres. Comme si les livres avaient jamais pu guérir ou transformer le monde... Il a tenté de rejoindre les enragés qui disent leur désespoir en caillassant les vitrines des banques.
Et s'il y avait, quelque part, des veilleurs, qui puissent ramener la lumière sur le Monde ou au moins dans les coeurs?
C'est en quête de ceux-là que Lui décide un jour de se mettre en chemin. Et son errance devient épopée, car à chaque étape, il lutte avec ceux qui n'ont pas renoncé.
Minuit sur le monde est la plus poétique et la plus littéraire des dystopies qu'il m'ait été donné de lire. Je rechigne même à lui appliquer un genre tant c'est une oeuvre personnelle, sincère, inclassable et puissamment militante. Tim Burton, Michalik, Jean-Pierre Jeunet, Jack London, Dickens, Saint-Exupéry ou Pennac se donnent ici la main pour un vibrant hommage à la fraternité et au pouvoir des livres.
« Minuit sur le monde », une merveille dès l’aube née. Un livre voûte étoilée et tant mieux si votre regard s’arrête à minuit pile dans cette orée spéculative.
Puisqu’il est l’heure…
Cet écrin est le monde entre les mains, tremblant, annonciateur d’une histoire perpétuelle, universelle et digne d’un génie évident. L’écriture est une marelle entre ciel et terre, une noria d’oiseaux en plein ciel qui excelle la trame. L’épiphanie verbale entre les jeux de mots, les subtilités, les clins d’œil, les allusions et les grandes importances est un bouquet magnanime, une des plus belles qualités humaines.
« Minuit sur le monde » et tout change au vent de la vie. Laissez venir à vous cette histoire qui, telle une perle de lumière ne vous lâchera jamais. Jules Pétrichor est un veilleur, un observateur, un homme debout qui, ici, enclenche la minute cruciale.
Dans la famille Beadles je vous présente le père, mathématicien, « qui a pris le parti de Diogène, un tabouret en guise de tonneau », la mère, « la Grande Dame » trop tôt disparue, « À la nuit d’hui, il lui suffit de reproduire à l’identique pour devenir sa mère . Quand il est ainsi possédé, ses frères et son père assistent à la résurrection de la Grande Dame comme ils l’appelaient tous. » Trois fils, « de grands seigneurs altruistes » dont LUI, le plus jeune, fil rouge de ce récit libellule, mage, d’ombre et de lumière. Ils habitent en Irlande, à Dublin Sud, l’heureuse.
Minuit prend place. Lui va partir, l’aiguille a bougé. L’Afrique sera son premier périple, terre-baobab, voyage humanitaire, poser sa main sur le dernier baobab.
« Il se promet de ne jamais se couper de la réalité sensorielle du monde comme de la souffrance du peuple. »
Les œuvres des illustres sont prononcées à voix basse, personnages de cette fresque engagée et consentante à cet alliage. Le récit est levier, de Dublin à Nouakchott, Calais, Paris… et partout LUI rassemble l’épars, fait corps avec les opprimés, combat les injustices.
La trame est un flambeau, du linge frais claquant au vent, des petits cailloux semés sur le chemin, littérature-signe. Une montre arrêtée au cadran théologal. Écoutez le chant de la langue.
« Les nations sont leur monde, pas le nôtre. Cette nuit est leur inhumanité, pas la nôtre. Soleil mondial. » « Belleville et son effervescence, Belleville et sa chaude humanité et ses coudes qui se serrent. »
Apprenez par cœur la page 266, elle est pliée à présent dans ma besace, voyage en advenir, déambulation dans les traces de « Minuit sur le monde », ce bleu-nuit, céleste et vertueux.
« L’avenir passe à la nuit d’hui par ces hommes et ces femmes qui refusent de fermer les yeux . » « L’aube viendra si nous luttons en toute conscience et si nous cultivons la mémoire de nos combats anciens. »
Ne doutez jamais du sésame de cet écrin. Magistral, un cerf-volant en plein ciel, initiatique et crucial.
Les illustrations de Edwood sont perfectionnistes et fusionnelles, telles les petites pendules signifiantes en haut de page. Prenez en soin !
« La trapéziste et l’écrivain public volent ensemble. »
Merci Jules Pétrichor, merci aux 327 secondes de lecture pour que le Panseur tombe sous le charme !
Haut les cœurs !
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