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Dans ce roman, on peut découvrir une transposition du mythe de Sophocle dans la province de Kandahar, en Afghanistan, dans une base américaine. Une jeune femme voilée, amputée des deux jambes, arrive de ses montagnes dans une charrette qu’elle fait avancer à la seule force de ses bras.. Elle vient réclamer le corps de son frère, abattu lors d’une attaque lancée contre le Fort américain. Elle veut lui offrir une sépulture selon leurs traditions.
Cette soudaine intrusion va créer un déséquilibre au sein de l’état-major, qui vient lui-même de subir des pertes douloureuses. Construit en donnant tour à tour la parole à différents protagonistes, ce roman met à nu l’âme humaine, face à des questions telles que la guerre et la sensation d’absurdité des conflits, la mort, le déracinement, l’engagement.... une lecture forte...
Dès les premières lignes, on plonge dans la tragédie… En Afghanistan, dans la province de Kandahar, une silhouette enveloppée d’une burqa s’approche d’une base américaine, avant-poste de combat. Descendue de la montagne en fauteuil roulant, telle une Antigone contemporaine, elle vient réclamer le corps de son frère, un chef tribal patchoun abattu lors d’une offensive contre les Américains. Face à elle, officiers, soldats, interprète, médecin, chacun s’interroge et reste méfiant : qui est-elle vraiment ?
Au fil du roman, chaque protagoniste laisse entendre sa voix et réagit selon sa personnalité, entre obéissance aux ordres et perplexité face à la complexité du conflit, entre intransigeance envers une envoyée des talibans et empathie envers une sœur endeuillée. Tour à tour se dessine le portrait d’une humanité complexe, au cœur d’une tragédie contemporaine, qui n’est pas sans rappeler la tragédie grecque de Sophocle, dont les références sont explicitement présentes, et ce dès l’épigraphe.
On retrouve, sous les traits de cette jeune femme ou d’un officier, les figures d’une Antigone qui, avec idéalisme, veut donner à son frère une sépulture respectueuse des rituels sacrés et refuse de céder, face à un Créon qui incarne une autorité parfois vacillante et écartelée entre devoir et valeurs humaines.
Peu à peu aussi, dans cette situation de tension extrême, dans cette attente interminable d’un dénouement à la fois espéré et redouté, au milieu d’une nature à la fois hostile et majestueuse, chacun révèle ses convictions mais aussi ses failles, ses souvenirs mais aussi ses rêves d’un monde meilleur, ailleurs peut-être…
Tout est écrit à la première personne, avec des dialogues rapides et efficaces, dans une langue à la fois simple et travaillée, en particulier pour transcrire les sentiments de chacun dans toute leur nuance et leur complexité.
Un livre marquant, que celui de cet auteur né en Inde et vivant aujourd’hui dans l’État de New York, qui donne envie de revenir au texte de Sophocle omniprésent. Tragédie antique et roman contemporain s’entrecroisent sur des questions humaines universelles et intemporelles. Tout semble joué dès le début, et pourtant…
Dans une plaine desséchée d'Afghanistan encadrée de montagnes gigantesques, une tragédie s'accomplit, relatée par 7 différents protagonistes qui expriment leurs points de vue respectifs : quand, observée par tous les soldats d'une base américaine une jeune afghane amputée des deux jambes vient réclamer le corps de son frère pour l'enterrer au nom de la tradition, le capitaine de la base soupçonne une kamikaze, un autre est agacé par cette « gonzesse » qui vient bouleverser leurs certitudes, un troisième ne peut s'empêcher d'admirer le courage de cette jeune fille et tous remettent en question le bien-fondé de cette guerre et de leur présence dans ce pays où ils ne sont pas chez eux, où ils ne comprennent ni les codes, ni la culture, ni les enjeux.
Youssouf, le frère tué au cours d'une attaque de la base américaine, est-il un taliban ou un rebelle ? Nizam est-elle une jeune fille pieuse et intraitable ou une kamikaze envoyée par les terroristes ?
Le suspense est entretenu tout au long des réflexions intérieures de ces différents protagonistes qui, chacun, expriment leur conviction intime ou les réflexions que leur inspirent la situation : qu'est-ce qui justifie la guerre, qui la décide et qui sont les hommes qui la font. Soldats de métier ou engagés volontaires après le 11 septembre 2001, que ce soit par patriotisme ou par fièvre romantique ou encore parce que la vie civile ne leur offrait aucun débouché, ils décryptent comme ils peuvent l'absurdité de la situation présente, les marques indélébiles laissées par l'horreur de la guerre, et l'angoisse d'un retour hypothétique dans un pays embarrassé par ses vétérans blessés et mutilés.
Cette Antigone, magnifique et pathétique, appelle à une profonde réflexion sur guerre et la place dérisoire des hommes, chair à canon négligeable, au milieu de ce jeu tragique.
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2015/12/09/33029904.html
«Sa voix et son attitude sont expressives. Non, en fait, je ne suppose pas qu’elle est innocente, il dit. Mais je sais au moins ça : s’il s’avère qu’elle est là en mission-suicide, ce ne sera pas parce qu’elle hait notre religion. Je veux dire, on n’a même pas de putain de religion. Ce sera parce qu’on a buté son frère et qu’on est dans leur putain de pays. C’est pourtant pas difficile à comprendre ? Quand vous tuez des gens et exterminez leur famille, que vous mitraillez leur maison et brûlez leur village, que vous pilonnez leurs champs de bombes à fragmentation et abattez leurs troupeaux, vous avez perdu la putain de bataille pour le cœur et l’esprit. Putain, on essaie de mentir à qui ? À nous-mêmes ? On est vraiment étonnés qu’ils ripostent ? On n’est pas en train de gagner la guerre, on est en train de se créer des ennemis à vie. Il est temps d’admettre que nos supérieurs nous tiennent prisonniers de leurs mensonges. »
J'ai beaucoup hésité à lire ce roman car j'avais peur d'être déçue et puis le titre était suffisamment beau à mon sens pour y prêter attention et je me suis donc lancée après quelques semaines d'interrogations. Je ne regrette pas même s'il y a des longueurs.
Une base américaine de la province de Kandahar en Afghanistan. Une jeune fille pachtoune, Nizam, habillée d'une burqa et circulant en charrette suite à la perte de ses jambes, arrive sur la base pour réclamer le corps de son frère afin de l'enterrer selon le rite musulman. Les soldats se méfient : est-ce réellement l'incarnation moderne d'Antigone ou est-ce un leurre pour les piéger ?
Ce début de roman permet à l'auteur de nous faire parler tour à tour différents protagonistes : le lieutenant, l'adjudant, le médecin, le traducteur etc. C'est l'occasion de découvrir au-delà de la vie en guerre, les personnalités, les histoires personnelles et les aspirations de ces personnages dignes d'une tragédie grecque.
Joydeep Roy-Bhattacharya offre ainsi de beaux portraits sensibles, sans préjugés ni prise de partie et montre ainsi les dommages collatéraux de la guerre. L'écriture est sublime également.
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