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Amis jardiniers (ou pas, d’ailleurs), voici un petit roman à conseiller en cette période de l’année où le jardin livre ses meilleurs fruits. Dans L’année du jardinier, de Karel Čapek, paru aux Editions 10/18, l’auteur nous décrit avec beaucoup d’humour, mois par mois, les péripéties que traverse le jardinier.
Avant de plonger dans l’ouvrage dont il est question aujourd’hui, il convient de s’arrêter sur Karel Čapek. Ecrivain tchécoslovaque emblématique de la 1ère moitié du XXème siècle, né en 1890 et mort en 1938, il est l’auteur de livres au registre très différent : précurseur de la science fiction dans la pièce RUR (à l’occasion de laquelle son frère Josef inventera un mot passé au français : « robot »), confident du « président-libérateur » Thomas Masaryk dans le recueil Entretiens avec T. G. Masaryk, passionné de jardin dans L’année du jardinier, il laisse une oeuvre riche qu’il est urgent de découvrir ou redécouvrir en France.Capek 2
Dans le roman présent, on s’amuse à regarder le jardinier d’un oeil tendre, amusé : il se contorsionne, guette avec émerveillement les premiers signes du printemps, se plaint du temps qu’il fait et montre une mauvaise foi à toute épreuve en défendant le nom d’une plante qu’il croît connaître. Le côté malicieux du texte est renforcé par les illustrations de son frère Josef, célèbre illustrateur et écrivain.
Certains passages m’ont fait beaucoup sourire comme celui où le jardinier accepte enfin de partir en villégiature et de confier à un voisin le soin de son jardin pendant son absence. Bien sûr, il n’y a rien à faire, juste un petit arrosage tous les deux ou trois jours au plus. Petit à petit, notre jardinier s’inquiète et envoie chaque jour une lettre pour donner de nouvelles instructions au voisin, qui croule sous le travail !
S’il est malaisé de retranscrire tous ces petits moments d’humour, je souhaiterais également partager avec vous quelques extraits que je trouve très poétiques :
"Le jardin n’est jamais fini. En ce sens, le jardin ressemble au monde et à toutes les entreprises humaines."
"C’est ici que l’on prend pleinement conscience de l’impuissance de l’homme ; c’est ici que l’on comprend que la patience est la mère de la sagesse."
Enfin, terminons par l’évocation du mois de décembre, qui marque la fin du livre :
"Eh oui, maintenant tout est fini. Jusqu’à maintenant, le jardinier a bêché, creusé, pioché, bouleversé, fumé, chaulé, répandu sur la terre de la tourbe, de la cendre et de la suie, taillé, semé, planté, repiqué, divisé, enterré des oignons et déterré des bulbes pour l’hiver, humecté et arrosé, fauché, sarclé, couvert les plantes de branchages ou courbé celle-ci vers le sol ; il a fait tout cela de février à décembre, et ce n’est que maintenant, après que la neige a recouvert son jardin, qu’il prend conscience d’avoir oublié quelque chose : c’est de le regarder."
On pourra juste regretter (et l’auteur l’assume) que son jardin ne comporte que des fleurs ; j’aurais aimé la même poésie sur les légumes et les arbres fruitiers ! De même, certaines énumérations de noms de fleurs sont un peu longues. Ceci ne gâche néanmoins pas le plaisir de la lecture !
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