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L'envers du décor au temps de soeurs Benett ...
La découverte d'un univers très pauvre mais jamais résigné.
Encore une histoire d'amour qui fait rêver oui, mais ces deux amants s'aiment d'un amour pur et authentique.
Loin des préjugés et de l'orgueil de Mr Darcy, ici, c'est une rencontre simple, une histoire non sans remous (évidemment) mais un dénouement magique, qui laisse une sensation de vide lorsqu'on referme le livre...
Ce roman se déroule en parallèle de l’histoire de « Orgueil et préjugés » de Jane Austen. Depuis longtemps, je souhaite lire ce grand classique mais je n’ai jamais pris le temps. Pour le compte du prix des lecteurs du Livre de poche, je me suis retrouvé à lire « Une saison à Longbourn » sans avoir lu l’original. Mon avis est donc celui d’un non initié.
Ne connaissant ni les personnages, ni le déroulé des événements, j’ai parfois été un peu perdu avec tous les noms et j’ai surement manqué beaucoup d’allusions. Mais globalement je n’ai pas été handicapé dans ma lecture par ces lacunes, tant l’aventure principale apparaît juste en pointillés.
L’écriture de Bo Baker est d’un très bon niveau et l’atmosphère des domestiques de cette époque a parfaitement été retranscrite. J’ai suivi avec tendresse le destin de ces employés de maison. De l’autre côté des portes de cette demeure bourgeoise, j’ai découvert une micro société qui dégage les mêmes sentiments et les mêmes passions. Les conditions de vie de ces hommes et de ces femmes sont juste beaucoup plus rudes, ce qui rend leurs émotions d’une sincérité souvent touchante. Dans la misère, il n’y a pas la place aux faux semblants.
Je ne suis pas un grand adepte des romances, mais celle-ci m’a plu car elle est teintée de pauvreté et d’innocence. Les personnages sont attachants et surtout d’une honnêteté plutôt rare.
En débutant cette version dérivée, j’avais le crainte d’en apprendre trop sur la version principale. Bo Baker a réussi à me raconter une histoire qui se situe dans la maison de « Orgueil et préjugés » sans me dévoiler de véritables éléments de ce livre. Il me reste de cette romance un bon moment dans les fourneaux et les écuries, où l’amour a aussi sa place.
L'idée est excellente, la réalisation impeccable. Pourtant, le pari était risqué : raconter l'envers du décor de l'un des plus célèbres romans de Jane Austen, Orgueil et préjugés. On aurait pu craindre une pâle imitation de style ou une pirouette sans intérêt. Il n'en est rien. L'auteure évite tous les écueils et réalise un livre malin et enthousiasmant, nous offrant un point de vue inédit et complémentaire à celui de la célèbre romancière. Impossible à lâcher.
Longbourn est donc le domaine où réside la famille Bennet avec ses cinq filles à marier et une préoccupation de tous les instants pour assurer leur avenir, faute d'héritier mâle. Dans Orgueil et préjugés, les domestiques n'apparaissent qu'en filigrane, pour camper le décor et ancrer l'histoire dans son époque. Ici, ce sont eux les héros. Ils vivent dans l'ombre de ceux dont ils connaissent pourtant l'intimité et parfois même les secrets. Leurs journées pleines des tâches nécessaires à la tenue d'une maison et de ses occupants ne laissent pas beaucoup de place à la rêverie, ni aux loisirs. C'est ce que constate Sarah, la jeune femme de chambre qui navigue entre assistance aux jeunes filles de la maison, ménage, et autres corvées qui l'épuisent. Malgré la présence de la petite Polly pour la seconder, l'annonce par Mrs Hill, l'intendante du domaine de l'arrivée d'un valet et donc de bras supplémentaires réjouit Sarah. Elle n'imagine pas encore à quel point ce James Smith va influer sur sa vie et celle de la maisonnée.
Bien vite, on oublie Orgueil et préjugés, Elizabeth et Darcy pour s'intéresser à Sarah, James et à ceux qui les entourent au fur et à mesure qu'ils prennent de l'épaisseur sous la plume habile de Jo Baker. Bien sûr, la chronologie et les faits sont là, mais, le lecteur prend place à l'office et non pas dans les salons. Ce qui suscite l'intérêt, c'est autant l'histoire de ces personnages que le point de vue extrêmement cru que confère cette situation au lecteur, comme s'il regardait par un trou de serrure. Linge sale et fouillis en disent long sur leurs propriétaires. Et la condition de domestique en ce début de XIXème siècle est traitée sans fard mais sans excès non plus, Longbourn étant ce que l'on pourrait appeler une "bonne maison". Juste ce qu'il faut pour faire ressortir les différences de destins entre ceux d'en haut et ceux d'en bas et interroger sur des thèmes comme le libre-arbitre, l'autonomie et le bonheur.
Tout ceci est savoureux. Bien servi également par les deux héros, James et Sarah, romanesques à souhait avec leurs caractères bien trempés et leurs jeunes vies déjà bien éprouvées. De ceux pour lesquels on appelle de ses vœux le plus joli des happy-ends.
Si vous êtes inconditionnel de Jane Austen, vous ne serez pas déçu, ni incommodé par l'exercice. Si vous n'avez pas lu Jane Austen, nul doute que ce roman vous incitera à découvrir au moins Orgueil et préjugés... Ensuite, Jane Austen, quand on y a goûté, c'est difficile de s'arrêter.
Lorsque j’ai trouvé ce roman j’avais lu plusieurs fois « Orgueil et préjugé » (1813) et vu au moins deux adaptations cinématographiques. Mais je pense que sans connaître l’œuvre de Jane Austen, on peut lire ce roman dérivé. Par contre pour les fans entendre parler des Bennet c’est très amusant.
Les chapitres portent un incipit qui nous positionne dans l’histoire de Jane Austen.
Sarah est servante dans la maison des Bennet, c’est une jeune fille qui va connaître ses premiers émois et prendre conscience de ce que sa condition sociale lui permet comme avenir.
James un mystérieux valet fait son entrée dans ce petit monde clos à une époque où les hommes valides sont enrôlés dans les guerres napoléoniennes. Il a un regard sur la société et les gens qui l’entourent qui laisse supposer qu’il n’est pas un simple quidam. Son arrivée crée des tensions entre la gouvernante et le maître de maison, mais aussi entre Sarah et lui. On présume qu’une histoire d’amour va voir le jour entre les deux célibataires… mais arrive un autre homme, le valet mulâtre de la maison Bingley. L’affaire se corse. Si l’on se contente de cette partie on pourrait croire que c’est une romance, mais il y a des sujets de fonds qui sont abordés même si Jo Baker ne fait que les effleurer.
Avec l’arrivé de cet homme de couleur on a le thème de l’esclavage qui est abordé. Les domestiques ne sont pas des esclaves mais ils ne sont pas libres de faire ce qu’ils veulent de leur vie. Il y a une certaine perversité dans cette situation.
D’autres thèmes sont abordés comme celui de la maternité et de la famille. Les domestiques semblent vivre certaines choses par procuration, Mrs Hill parle des filles Bennet comme si c’était ses filles. Mrs Bennet avec son tact légendaire met le doigt sur un sujet sensible, l’absence de descendance de Mrs Hill.
Le thème de l’homosexualité n’est pas non plus un sujet abordé par Jane Austen, Jo Baker explore des sujets laissés de côté par l’auteure du début du XIX e siècle (1775-1817).
C’est très étrange et amusant de voir en filigrane se dérouler les événements du roman de Jane Austen. Roman qui montrait combien les jeunes filles de bonne famille n’avaient pas un sort toujours enviable. Les filles Bennet ne pouvaient pas hériter de leur père donc si elles ne faisaient pas un bon mariage de son vivant elles auraient été dans une position délicate. Quand à Jo Baker, elle nous montre que cet héritage les touche aussi car ils sont à la merci de l’héritier dont le choix de l’épouse n’est pas anodin.
Une rupture dans le récit nous éloigne du domaine de l’histoire de base. Jo Baker prend son envol. Un petit flash back nous permet de découvrir le secret de James et d’autres qui y sont liés. On va plonger dans les horreurs des guerres napoléoniennes. Cette partie était très intéressante mais la rupture dans la trame m’a un peu dérangé. Sans parler d’une partie du secret qui bien que plausible m’a déplu.
La fin m’a réconcilié avec le plaisir que j’ai pris à lire cette histoire.
J’ai trouvé le travail littéraire très intéressant et bien mené.
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