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Sobibor a longtemps vécu une petite vie tranquille, posé sur une étagère de ma bibliothèque, et j’avais même fini par l’oublier. Comme je souhaitais rassembler tous les livres que je possède sur le thème de la Seconde Guerre Mondiale et, par la même occasion, compléter mes ressources, je suis retombée dessus et je me suis empressée de le lire. Sobibor mêle de manière assez surprenante, ou du moins inédite par l’entrée qu’il propose, la petite histoire – celle d’Emma qui souffre de troubles alimentaires – et la grande Histoire – celle de millions de Juifs assassinés. Alors qu’elle vient de perdre sa grand-mère, Emma déniche chez cette dernière un vieux carnet dissimulé sous une pile de linge. Ce carnet est en fait le journal intime d’un dénommé Jacques Desroches. Au fur et à mesure de sa lecture, Emma va découvrir l’horreur des camps et mettre au jour un secret familial qui va l’anéantir. Les allers-retours entre le présent et le passé sont très intéressants : on a, d’un côté, la parole émue et réfléchie d’une adolescente sur l’horreur que nous connaissons tous, et, de l’autre, la froideur stupéfiante et abjecte du récit de Jacques Desroches. J’ai personnellement été davantage happée par la lecture du journal – j’ai d’ailleurs réalisé que j’avais lu assez peu de choses sur le camp de Sobibor –, mais je trouve que l’ensemble est une réussite, à quelques détails près, notamment la fin qui m’a laissée perplexe mais qui invite incontestablement à la réflexion.
Le visage d'une jeune fille d'aujourd'hui, fragile, et en guise de titre, le nom tragique d'un camp d'extermination entré en fonction en 1942. La couverture de ce livre, découverte au hasard d'un prospectus avait fortement percuté ma curiosité. Je suis resté un long moment à m'interroger sur ce qui pouvait relier ce visage et ce nom de sinistre mémoire.
La lecture me l'a appris. Mais pas tout de suite. Progressivement, car le roman de Jean Molla est remarquablement construit. Sa complexité narrative se calque sur les méandres de la mémoire justement, celle d'Emma, l'héroïne, celle d'une famille aussi.
L'ouvrage peut se voir comme une mise en littérature réussie de ce que la psycho-généalogie met en évidence : l'impact profond et parfois inconscient, sur plusieurs générations, des silences, des secrets, des non-dits de l'histoire d'une famille. Et ce d'autant plus, lorsque l'histoire de nos destins individuels se confronte à l'Histoire, celle des périodes troubles de la guerre et de l'Occupation. C'est dur, ça remue, ça interroge et ça ne s'oublie pas.
Il paraît que ce roman est destiné aux adolescents. « Littérature jeunesse », drôle d'étiquette. Ou alors je n'ai toujours pas grandi.
En découvrant un journal intime dans les affaires de sa grand-mère, une jeune fille découvre un secret de famille bien enfoui dont personne n'aurait pu jamais soupçonner l'existence.
Dans ce journal, un français raconte sa collaboration avec les nazis à Sobibor, en Pologne. Son récit, glaçant à force de cynisme, laisse entrevoir l'horrible réalité de l'organisation d'un camp d'extermination où des milliers de juifs sont traités comme de vulgaires ordures à brûler ou à enterrer. Des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, du "matériel humain" à exterminer méthodiquement à l'échelle industrielle. C'est révoltant, ça met le coeur au bord des lèvres et soulève la question de la responsabilité, active ou passive, de chacun des acteurs de cette abomination.
Alors que j'évite toujours soigneusement les récits ayant trait directement à la Shoah et en particulier ceux concernant les camps de la mort, le degré suprême de l'atrocité, j'ai exceptionnellement décidé de faire confiance à Jean Molla pour me laisser entraîner sur ce terrain cauchemardesque. J'ai présumé qu'un ouvrage destiné à la jeunesse ne serait pas trop pénible à supporter. Il est quand même effroyable mais si bien écrit, tellement passionnant et poignant que je l'ai lu d'une traite. J'en conseille vivement la lecture à tous pour ne jamais oublier jusqu'où peut aller la barbarie quand l'homme perd toute humanité.
Emma a dix-sept lorsqu’elle devient anorexique, peu de temps après la mort de sa grand-mère qu’elle adorait. Mais son mal de vivre ne vient pas de cette perte, elle vient du silence de celle-ci.
Alors qu’elle avait laissé échapper quelques mots dans son sommeil et qu’Emma avait entendus, cette dernière va s’interroger et comprendre que sa grand-mère tant aimée a gardé le silence sur un pan de sa jeunesse à Sobibor durant la 2nde guerre.
C’est un vieux cahier, tenu par un certain Jacques Desroches, découvert chez sa grand-mère qui va tout révéler à Emma. Des secrets bien noirs et bien lourds à porter pour une jeune fille dépassée par ce qu’elle va y découvrir…
Un livre sur le poids des secrets dans une famille et les conséquences que cela peut entrainer sur ceux qui les découvre.
« Alors, un livre de plus sur les camps ? entendra-t-on peut-être. On en a déjà tellement parlé… Ce n’est pas qu’un livre sur les camps, précisément. C’est un livre sur l’après. Sur la mémoire. Sur le mensonge. Sur cette lame de fond qui n’en finit pas d’avancer. Sur le silence.
Quel rapport entre les camps et l’anorexie ? Aucun, évidemment. Seulement, il arrive parfois que la petite histoire croise les chemins de la grande. Celle qui s’écrit, dit-on, avec un H majuscule. » (Jean Molla)
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