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Depuis longtemps, L’eau manque et se raréfie sur Terre. La sécheresse condamne chacun à n’avoir plus qu’une seule et unique préoccupation dans son existence : chercher de l’eau en luttant chaque jour pour sa survie.
Face à la sécheresse endémique, le docteur Charles Ransom figure parmi les derniers qui restent à demeure. Solitaire depuis son divorce, il a décidé d’emménager sur une péniche depuis laquelle il constate le fleuve baisser inexorablement. Les violences perpétrées par des milices formées pour défendre leurs réserves en eau et les incendies de l’Eglise comme de certains quartiers à Mount Royal génèrent chez le docteur le désir de partir en exode rejoindre la mer. Il emmène avec lui ses voisins, son ex-femme et une amie. Durant une décennie, la petite communauté constituée va vivre sur une espèce d’île isolée le long de la côte pour éviter le chaos qui règne sur la route comme le danger dans les dunes. Ainsi, pour survivre, ils s’organisent pour trouver au quotidien un peu d’eau pour la distiller et quelques varechs ou anémones comestibles à manger, parfois de rares poissons… Quand un jour Charles Ransom aperçoit un lion blanc, c’est pour lui la preuve de l’existence d’un cours d’eau à proximité. Cette quête correspond au chemin du retour. Celui de la désillusion en constatant l’absence de la moindre source également. Entre eux, ils ont tellement économisé leur ration d’eau qu’ils ne conversent même plus. Ils retrouvent Mount Royal « encerclée par le désert » et se font héberger au manoir d’une famille extravagante restée sur place, qui a survécu grâce aux réserves d’eau dénichées dans la cité. Enfin, ils ne disposent plus que d’un seul réservoir qui suscite toutes les convoitises jusqu’au meurtre de son détenteur et l’apocalypse finale décrite où Charles Ransom constate qu’il ne projette plus d’ombre, qu’ « un immense linceul d’obscurité repo[se] sur les dunes, comme si le monde extérieur tout entier avait été en train de perdre son existence.» Sécheresse dénonce comment la modernisation à outrance et la société de consommation induite mène ses membres à leur perte en se sabordant. Dans ce monde où depuis cinquante ans, des immenses quantités de déchets industriels ont été déversées dans les océans en provoquant le recouvrement de leur surface d’une membrane dure en « polymères » dont le mécanisme de formation reste obscur mais qui empêche presque toute évaporation, donc la formation des nuages et des précipitations ; de nouveaux comportements humains voient le jour, prêts au pire de la cruauté la plus meurtrière pour se procurer ce qui permet de survivre seul. Il semble que ce roman soit pour J.G Ballard l’occasion de démontrer comment selon une hypothèse extrême correspondant à un problème extrême, il y aurait une possibilité pour que tout se passe exactement ainsi… Les paysages désertiques et désolés, les incendies, la boue et les flaques pestilentielles émaillent le récit sur de nombreux passages comme pour refléter les âmes des survivants qui agonisent et meurent tels des Icares imprévoyants et orgueilleux dans leur folle course technologique, laquelle se retourne implacablement contre eux.
Je n'ai mis qu'une note moyenne, mais cet ouvrage m'a marqué, je pense, pour très longtemps.
Il m'a même amené à me renseigner en profondeur sur l'auteur en m'interrogeant au début de ma lecture sur sa santé mentale,...
Mais finalement une fois les premières pages tournées et la gêne passée, ce livre est un chef d'oeuvre : dérangeant, malsain, glauque mais amenant à se poser des questions sur la relation des hommes à la ville de nos jours.
Il repousse les limites de la bienséance mais il est génial.
Je le conseille donc mais uniquement au personne prête à plonger dans un univers très noir et bizarre. Mais je comprends que se soit une référence pour bon nombre de romancier et de réalisateur par son côté immersif dans un univers dérangeant.
Et si les bourgeois se rebellaient contre la société capitaliste de consommation ? Écrasés par les crédits, le poids de l’immobilier, les frais de scolarité des hautes écoles, les frais d’entretien de la maison et de la voiture, la classe moyenne de l’Ouest londonien fait la révolution. Kay Churchill, Richard Gould, Vera Blackburn et tous les habitants de la Marina de Chelsea s’organisent en manifestations pacifistes, affrontements et actions ponctuelles envers les « bastions de la servitude bourgeoise » pour faire entendre leur situation de « nouveaux prolétaires ». L’ennemi, c’est l’« impitoyable capitalisme spéculatif qui perpétu[e] le système de classes pour diviser l’opposition et préserver ses propres privilèges ».
[...] Millenium people, l’un des derniers romans d’anticipation de J. G. Ballard, se développe sur le thème de prédilection de Crash ! et de Super-Cannes : la décadence de la société moderne.
Jusqu’où peut-on aller pour une cause que l’on croit juste ? Jusqu’où peut-on tolérer la violence pour imposer ses idées ? La mort d’un autre est-elle nécessaire pour revendiquer une idée ? L’action gratuite et violente est-elle la seule arme du fanatisme et du terrorisme ?
Avec une narration bien construite et l’habileté du grand écrivain, Ballard pointe les faiblesses du début du XXIe siècle, profondément marqué par le terrorisme et le fanatisme. Si la dénonciation n’est pas de première main, le travail de Ballard est remarquable pour la plausibilité des événements racontés ; car il a imaginé les réactions des pouvoirs publics, des médias et de l’opinion publique autour du soulèvement : et si les petits bourgeois, piliers du capitalisme, se rebellaient contre leur propre condition ?
L'article entier sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/millenium-people-j-g-ballard-a80136632
Quelques bonnes idées un peu surprenante mais des longueurs qui au final donnent envie de passer son chemin.
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