Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !
L’homme qui parle éveille d’emblée un sentiment de compassion : les coups humiliants qu’il subit régulièrement la part du fils de son épouse lui confèrent indéniablement le statut de victime. La situation semble inextricable d’autant que la mère du trublion reste indifférente au problème.
Pourtant et malgré le son de cloche unidirectionnel, le lecteur découvre peu à peu une autre vérité, bien machiavélique. Les personnages se nimbent au fil des lignes d’une aura joliment sinistre tandis que la violence progresse !
Ce roman noir est construit de façon originale, sous forme d’une confession qui fait entrevoir lentement mais surement l’envers du décor. Le discours du narrateur est savamment dissonant, alternant entre les intentions louables de préserver son entourage et les révélations étonnantes de son passé peu reluisant en matière de fidélité ! Un peu d’humour (noir, lui aussi) permet d’alléger le propos.
Le résultat est un roman addictif, chaque page et chaque chapitre donnant envie d’en savoir plus !
Un premier roman à l’ambiance très réussie !
208 pages Serge Safran 8 septembre 2023
Le beau-fils impossible
Pour son premier roman, Hervé Paolini a choisi d’explorer la relation entre un homme qui se remarie avec une femme de trente ans sa cadette, mère d’un garçon qui rejette cette union. Ici, le conflit est programmé et va être sanglant.
Patron d'entreprise respecté, Félix Bernardini se laisse pourtant violenter par Stéphane, le fils de sa nouvelle compagne. Ce petit rituel, qui avait commencé comme un jeu, un petit coup dans le dos lorsqu'il était attablé, est vite devenu une habitude malsaine.
Tout en se disant que son beau-fils allait cesser son manège, il se rendait bien compte qu'il aurait dû réagir. Mais en attendant, il mettait sa lâcheté sur le dos de son attachement à Fabienne. Il ne voulait pas faire de peine à sa maîtresse pour laquelle il vouait une passion brûlante. De 30 ans sa cadette – a peu de choses près l'âge de ses filles Ghislaine et Odile – elle lui avait permis de trouver du réconfort lorsque son épouse Hélène luttait contre le cancer qui a fini par l'emporter.
Si ses filles décident de couper les ponts après l’esclandre provoqué par leur belle-mère lors des obsèques, il se sent désormais libre de refaire sa vie, de se remarier et de partager son foyer avec Fabienne. Étonné par les réticences de Fabienne à venir vivre sous son toit, il va très vite comprendre la raison cachée de ses hésitations: «c’était son fils. Elle savait pertinemment qu’il était violent, qu’il allait nous poser des problèmes, mais elle se gardait bien de m’en avertir.»
On l’a vu, après son mariage, ses relations avec son beau-fils ont très vite empiré, Fabienne se contentant d'éluder la gravité de la situation.
Le point de bascule a sans doute été le jour où il lui a écrasé sa cigarette sur le front. D'autant qu'il a coïncidé avec les difficiles tractations avec les Italiens candidats au rachat de son entreprise et la confirmation des rumeurs qui circulaient sur Fabienne. Elle était souvent aperçue avec un notaire et on la soupçonnait d’être une chasseuse d'héritages.
À partir de ce moment, Félix a compris sa douleur. Une expression – malheureusement pour lui – à prendre au pied de la lettre. «Tout ce qui touche à Stéphane me retournait les tripes. Il n'était pas un jour où ce gamin ne m'apportait un nouveau problème.»
De nombreux rebondissements et une dramaturgie habilement mise en scène donnent un goût de thriller psychologique à ce premier roman qui nous ramène au cinéma de Chabrol, à cette bourgeoisie de province avide de promotion et soucieuse de discrétion. Ajoutons-y un style nerveux et efficace, bien en phase avec l’intensité croissante du récit.
Hervé Paolini y montre avec beaucoup de finesse les tourments du beau-père, tiraillé entre l’envie de plaire à sa maîtresse et celle de châtier un beau-fils qui dépasse les limites. Des scrupules qui vont mener à la catastrophe. Si on la voit bien arriver, on ne se doute pas des ressources insoupçonnées d’une bête blessée. Le pleutre va se transformer en Machiavel, ruminer sa vengeance et nous offrir un épilogue de haute volée.
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"La mort porte conseil" est le premier roman d'Hervé Paolini. Il a choisi de situer son récit dans les années 1990, en province (française), et de le raconter à la première personne. Il nous plonge donc directement dans la tête et plus précisément dans les souvenirs de son "héros" Félix.
Félix Bernardini était un homme respecté dans son petit village de Normandie, dans lequel il dirige une usine. Il était marié et avait deux filles. Lorsqu'il perd sa femme d'un cancer, il épouse en deuxième noces l'infirmière de celle-ci, une femme beaucoup plus jeune que lui. Il coule une vie plus ou moins paisible, avec sa nouvelle épouse et le fils de cette dernière, avec lequel il a souvent du fil à retordre. Il espère bientôt prendre une retraite bien méritée. Mais un jour, tout dérape.
Je dois dire d'emblée que je n'ai pas été convaincue par cet ouvrage.
J'ai trouvé les personnages assez caricaturaux et pas du tout attachants, et en particulier Félix, avec son attitude "vieille France" - il est vrai que l'intrigue se passe dans les années 90 - et plaintive. Malgré les épreuves qu'il subit, je n'ai éprouvé aucune empathie pour lui - mais peut-être est-ce volontaire de la part de l'auteur ?
J'ai donc trouvé que la psychologie des personnages manquait de profondeur et même de cohérence.
Au départ, j'ai été intriguée par l'histoire et j'ai eu envie de connaître le dénouement. Mais assez vite, j'ai trouvé que l’intrigue devenait à la fois prévisible pour certains aspects et peu vraisemblable pour d'autres. Plus je tournais les pages et moins j'y croyais. Et je n'ai pas apprécié la fin - mais je suis assez difficile à ce niveau-là.
Ce livre se lit très vite, l'écriture est directe et simple. Etant plongé dans les pensées et souvenirs du personnage principal, le lecteur n'a qu'un seul point de vue sur les évènements. J'aurais préféré que l'auteur alterne les points de vue, pour connaître notamment l'avis de Fabienne, de son fils et du détective, sur la situation. Cela aurait été plus attrayant pour moi.
Bref, vous l'aurez compris, ce roman ne m'a pas vraiment emballée...
Premier roman d'Hervé Paolini qui parvient sans violence dans son texte à décrire des situations dures, tendues. Finalement assez lent, ce livre installe une tension qu'il fait monter crescendo : "Quelle mouche avait pu piquer Stéphane ? Je ne me souvenais pas lui avoir sorti quoi que ce soit de blessant, d'avoir eu la moindre attitude déplacée. Pourquoi s'était-il mis à me détester d'emblée ? Et surtout, comment rectifier le tir maintenant ? Plus que de l'insolence gratuite, il m'arrivait de percevoir ses enfantillages comme l'expression d'une volonté délibérée de me détruire. [...] Il niait mon humanité et faisait rejaillir des incertitudes en moi que j'espérais enfouies depuis des lustres." (p.13)
J'ai beaucoup aimé ce roman qui nous fait entrer profondément dans l'esprit de Félix, dans ses interrogations, ses doutes, ses réflexions sur la vie, sur sa vie pourtant bien commencée et qui tourne mal avec ce beau-fils qui lui en veut et une femme qui défend son fils aveuglément. A quoi tient de réussir sa vie ? Hervé Paolini avance doucement mais sûrement dans la personnalité de son héros, il donne parfois une information et explique dans les lignes qui suivent comment Félix s'est retrouvé dans telle situation et quelles furent ses réactions. C'est bien fait, on a très envie de connaître la fin de l'histoire et c'est également très joliment écrit. Un langage certes oral, mais un oral châtié, d'un homme habitué aux discours et aux réunions importantes dans lesquelles ils faut trouver le mot juste. Inattendu et original. Une histoire percutante et sordide dans laquelle on rencontre des gens infréquentables et d'autres qui, devant des situations inédites et difficiles à vivre et après la sidération se décident à agir.
Un roman fort de la rentrée littéraire qui ne laissera aucun de ses lecteurs indifférents. On pourra aimer ou détester Félix, se laisser émouvoir ou être agacé par son comportement, mais aucunement indifférent.
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