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Anna est à la terrasse d’un café avec son amie Maeva. Elles préparent un week-end à venir, une baraque à louer… le décalage entre les 2 jeunes filles est palpable, Anna parle de chômage, de difficultés pour payer, Maeva ne semble pas l’écouter. Une manif passe…
La vie d’Anna ne sera plus la même. De cette première expérience va naître un engagement, une prise de conscience. C’est aussi le début d’une nouvelle relation avec sa grand-mère que Anna visite tous les dimanches à la maison de retraite. Une grand-mère qui fut active dans l’Italie de 1962 pendant les grandes manifestations ouvrières.
On va donc suivre Anna, ses premiers pas en tant qu’activiste, prenant part aux préparatifs des manifs, menant des actions anti-pub, aidant dans une cantine solidaire. On la sent grandir, évoluer, prendre confiance en elle et en ses engagements.
Hélène Aldeguer, habituée des BD « politiques », signe un album engagé, militant. La violence policière, ou celle des casseurs, est présente, forte mais le dessin, faussement naïf autour du bleu et du rouge, permet de suivre Anna sans jugement, sans dogmatisme. Chacun se fera sa propre idée.
Pour ma part j’ai été touché par Anna, par sa volonté citoyenne d’agir, sa sensation de faire partie d’une famille. Une lecture intense que je conseille donc, que tu sois engagé, politisé ou juste citoyen lecteur !
Lauréate du Prix de la Fondation Raymond Leblanc pour " Après le printemps ", Hélène Aldeguer signe une bande dessinée, témoignage de la jeunesse tunisienne en 2013, deux ans après la « Révolution de Jasmin ». Illustratrice pour la presse spécialisée sur le Moyen-Orient, elle utilise ici cette même approche du reportage.
" Lorsqu'un jour le peuple veut vivre, force est pour les ténèbres de se dissiper, force est pour les chaînes de se briser. " (Abou El Kacem Chebbi)
Le 14 janvier 2011, après un mois de contestation sociale et d'affrontements, le président tunisien Ben Ali s'enfuit en Arabie Saoudite. Le gouvernement de transition s'enlise sous la multiplication des partis politiques.
Deux ans après, en 2013, la jeunesse tunisienne, pourtant principale actrice de la révolution, déchante face au chômage, à l'instabilité et au manque de perspective d'avenir.
Le lecteur suit l'histoire de quatre jeunes dans une Tunisie en proie à une instabilité grandissante. Si Saïf a fait le choix de poursuivre ses études à Tunis, Walid, son frère, participe aux manifestations dans le Kef.
p. 7 : " Toi t'es allé à la capitale et t'avais raison, ici il y a aucun avenir. Ils se sont bien foutus de nous. Où sont tous les emplois dont ils parlaient ? En fait, l'accord, c'était du vent... "
Dans l'espoir de rencontrer la famille de Meriem, Aziz se contente d'un emploi dans un centre d'appels. Mais il accepte mal la situation, d'autant plus que sa fiancée semble vouée à une grande carrière dans le droit.
Chayma, elle, envisage de quitter la Tunisie pour la France, dans l'espoir d'une vie meilleure.
Pour cette jeunesse tunisienne, l'horizon reste bouchée. La pauvreté, le chômage, la répression policière, les assassinats politiques et la radicalisation sont leur quotidien.
p. 70 : " Il a dû se faire manipuler par des gens. Je ne comprends pas, les policiers m'ont dit qu'ils empêchaient des centaines de jeunes de partir rejoindre des camps d'entraînement en Libye... ! "
C'est dans une tension maximale que le lecteur assiste à cette instabilité générale, dans un pays qui n'aspirait qu'au meilleur après la dictature de Ben Ali. La démocratie tant attendue n'est pas au rendez-vous, et, bien plus que frustrée, cette jeune génération exprime sa colère.
p. 86 : " Le front Populaire a appelé à la désobéissance civile, à la chute du gouvernement, à la dissolution de l'assemblée constituante, à la création d'un gouvernement de salut public, à la grève générale le jour de l'enterrement de Mohamed Brahmi... des manifestations ont éclaté à Sidi Bouzid, ville natale de Brahmi, où des centaines de personnes ont laissé éclater leur colère... avant de mettre le feu au siège local d'Ennahdha. "
Pourtant passionnée par le mouvement de soulèvement qu'a été le "printemps arabe" en 2010, j'ai trouvé l'album un peu confus dans son approche politique ; peut-être difficilement accessible pour le lecteur lambda ? Néanmoins, la chronologie des événements en fin d'œuvre apporte les précisions de repérage nécessaires.
Uniquement en noir et blanc, les illustrations ont un trait simple. Le noir y est même dominant, créant une atmosphère lourde et oppressante.
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