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En maniant le quatrain et autres vers comme un jongleur, l’espiègle poète belge nous fait faire le tour du propriétaire de ce premier arrondissement de Paris où il a posé ses pénates il y a quelques dizaines d’années. Mais plus que la rue des Halles, ses chevaux de Marly, le pont Saint-Michel ou encore la Madeleine, « mieux vaut, je vous le dis, flâner au gré des rues… » Car, comme le disait Georges Perros, « La poésie est dans la rue » et c’est ce chemin là qu’affectionne Guy Goffette, le chantre du petit rien, du quotidien.
Ainsi, tournant le dos au Paris des lumières au « Paris des beaux quartiers, du commerce et du luxe », il nous emmène plutôt vers ces rues moins cossues mais qu’il arpente en se souvenant de son village d’autrefois.
Il y a de la gouaille et du rythme dans ses vers, on pourrait les chanter, d’ailleurs l’un d’entre eux, qui évoque la rue Pirouette, se décline sur l’air de « Pirouette, cacahuète » preuve que notre ami Goffette est resté un grand enfant. Et pourquoi pas, comme il le suggère avec humour, chanter la Marjolaine rue Rouget-de-Lisle.
C’est « entre les ombres de sorbiers frissonnants » rue de la Cossonnerie que le poète vit, une rue qui, à défaut d’avoir du chien, sent la cochonnaille car le « ventre de Paris » comme le nommait Zola, était tout à côté. Orpheline de ses porcs, la Cossonne est devenue rue piétonne.
Ces rues évoquant des métiers de bouche ou bien une nourriture riche ont perdu leur sens premier et même la rue de la Lingerie a une appellation trompeuse car elle n’abrite qu’un restaurant où faire bonne chère en rêvant à ces chairs corsetées.
On aime cette flânerie dans les rues et dans les souvenirs de Guy Goffette, comme cette première visite de Paris lorsqu’il avait seize ans et des rêves en pagaille.
Les rues s’humanisent quand elles évoquent une personne comme la rue des lavandières Sainte Opportune qui convoque le souvenir de sa mère au lavoir ou encore la rue Croix-des-Petits-Champs et son amante aux cheveux de feu.
Ces rues nous renvoient à une période ancienne et révolue, et les poèmes font un clin d’œil à Villon ou Du Bellay qui ont su embrasser la ville dans leurs vers.
J’ai été sous le charme de ces poèmes avec cette sonorité de la langue qui nous donnerait envie de les fredonner en flânant dans la rue de la petite truanderie, rue Mondétour, place Joachim du Bellay mais en évitant le Sébasto.
Un (trop) court recueil où il fait bon baguenauder en compagnie de l’ami Guy.
Voici le livre qui m’a accompagnée ce week-end : « Elle, par bonheur, et toujours nue ».
Avec quelle poésie et quelle langue magnifique l’auteur évoque Pierre Bonnard, sa vie vouée à la peinture, son amour pour Marthe/Marie !!
Ce court livre est un enchantement !
« ..il y a les hauts arbres qui chantent, les fleurs qui rient, les rosiers, les fuchsias, le lierre sur la façade et les fruits qui roulent et qu’on peut croquer. Il y a cela qu’on croit éternel et qui meurt dès qu’on a le dos tourné : le paradis d’enfance. »
Devant le cercueil de son père, Simon se remémore son enfance.
Un père rude, exigeant, âpre au travail, attaché aux valeurs de la terre.
Un fils en perpétuelle quête d’amour.
Une relation faite d’incompréhension, les regrets de ce qui n’a pas été.
Il est difficile de commencer son deuil quand tant de ressentiments vous animent, en même temps qu’en grande tendresse qui n’a jamais pu ou su s’exprimer, ni d’un côté ni de l’autre.
C’est un beau roman, mélancolique, poétique.
Chaque fin de chapitre est rythmée par quelques lignes écrites à la manière d’un poème.
On referme le livre avec un sentiment de gâchis, de trop tard.
Elle a tout juste 20 ans, la petite Marie, quand elle manque de se faire renverser par un tramway un jour de décembre 1893. Sauvée in extremis par un homme un peu plus âgé qu'elle, elle lui dit s'appeler Marthe de Méligny. C'est le nom qu'elle s'est choisi pour sa nouvelle vie à Paris, loin de son enfance berrichonne. Lui, c'est Pierre Bonnard, il est peintre et elle sera sa muse, son amie, sa maîtresse son épouse pour les prochaines 49 années. Un amour est né qui connaîtra des hauts et des bas, des coups de canif dans le contrat, la tendresse, la complicité, et qui fera ménage à trois avec la peinture, éternelle passion de Bonnard.
C'est une rencontre avec Marthe, nue, à sa toilette, au détour d'une allée d'un musée d'une ville du Nord qui a inspiré à Guy GOFFETTE cette biographie de Pierre BONNARD. Tel le peintre et son pinceau, il a pris sa plume pour brosser un portrait tout en finesse de l'artiste et de ses deux passions, la peinture et Marthe. On y découvre un homme entier, voué à son art, faisant fi de l'opinion de sa famille, des critiques ou de ses confrères. Et puis il y a Marthe bien sûr. Peinte nue, le visage souvent caché, dissimulant ses secrets. Jalouse, possessive, de santé fragile, Marthe a inspiré, soutenu, aimé celui qui lui a sauvé la vie lors de leur première rencontre.
Découverte d'un artiste trop peu connu et évocation d'un amour hors du temps, Elle, par bonheur, et toujours nue est une biographie romancée délicate et poétique, pleine de couleurs, de passion et de douceur. A découvrir.
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