Guillaume, un jeune garçon élevé par sa mère, se découvre attiré par les robes, le maquillage et les garçons...
Guillaume, un jeune garçon élevé par sa mère, se découvre attiré par les robes, le maquillage et les garçons...
En 1971 sort sur les écrans «Mort à Venise » le film me de Lucchino Visconti. Si vous avez vu ce film, j’imagine que vous ne vous souvenez pas du nom du jeune acteur qui incarnait Tadzio. Mais vous vous souvenez j’en suis sûre de son visage. Un ange blond, une beauté diaphane, un éphèbe que le maestro lui mêmequalifiait de « plus beau garçon du monde ». Ce jeune homme c’est Bjorn Andresen et il a quinze ans quand il se présente au casting organisé à Stockholm à l’hiver 70, bien inconscient que ces quelques heures allaient changer sa vie, pour le meilleur, mais aussi pour le pire.
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C’est son histoire que nous livre ici Guillaume Perilhou dans un roman épistolaire qui entrecroise son destin à celui du cinéaste. L’histoire d’un adolescent orphelin lancé sans filet dans un monde dont il ne connaît pas les codes, victime malgré lui d’un succès inattendu aux effets dévastateurs. Un jeune abîmé par la fascination malsaine qu’entretient avec lui le réalisateur, une relation ambiguë de laquelle il ne parviendra jamais à se départir.
Il faut saluer la forme de ce roman, une construction qui en fait toute l’originalité. Une succession de lettres, de Visconti à Bjorn, à Helmut son amant, ou à ses amis proches inconnus ou célèbres, entrecroisées à des missives de Bjorn à sa mère, sa grand mère, ou encore sa fille. Des courriers qui dressent le portrait en miroir de deux hommes que tout oppose mais liés à jamais par un film considéré comme un chef d’oeuvre. Tranches de vie, portrait d’une époque, radioscopie d’une œuvre, ils dressent aussi les contours d’une emprise qui ne dit pas son nom, en même temps qu’ils décryptent les effets ravageurs d’une jeunesse brisée.
Je ne dévoilerai pas la signification du titre que je vous laisse découvrir. Tirée d’une vérité historique elle apporte un éclairage glaçant sur cette relation. Quand la réalité dépasse le romanesque...
Un roman qui mérite d’être découvert. Original et virtuose.
Un jeune homme, Björn Andresen, 15 ans, se présente, poussé par sa grand-mère, à un casting pour le film Mort à Venise de Luchino Visconti. Il incarne la beauté parfaite.
Ce roman épistolaire, va retracer cette rencontre qu’on appellerait aujourd’hui un crush. L’atmosphère du cinéma italien à l’heure de sa plus grande gloire, les obsessions de Visconti, et son amour de la beauté, du détail, de la perfection.
Ce texte donne la parole à Helmut Berger, acteur fétiche de Visconti. J’ai eu grand plaisir à le retrouver, dans son quotidien, dans ses altercations avec son maitre et amant, dans sa préparation au grand film Ludwig Crépuscule des dieux. Vous y croiserez aussi Romy Schneider, Alain Delon.
J’ai adoré être transportée dans les années 1970, dans ce milieu du cinéma que tout le monde souhaitait approcher et où grand nombre de comédiens se perdaient dans la débauche, la drogue et les excès, une époque révolue où les dieux règnent sur terre et où les serpents dévorent les enfants.
Comment apprendre à gérer son image quand on a que quinze ans et que vous êtes l’incarnation de la beauté parfaite pour un des plus grands connaisseurs ? comment allez-vous vivre normalement avec ça ?
Même sans être cinéphile, vous apprécierez ce roman. Pour ma part, j’ai adoré ce texte, cette opposition entre jeunesse et vieillesse, entre folie et discipline, entre emprise et don de soi. J’ai très envie de revoir toute la filmographie de Luchino Visconti et notamment Ludwig que j’avais adoré, et de découvrir les précédents romans de Guillaume Perilhou.
Merci à Guillaume Perilhou de m’avoir fait revivre de l’intérieur le grand cinéma italien.
Premier roman de Guillaume Perilhou sortie lors de la rentrée littéraire 2022, l'auteur crée un personnage extrêmement touchant, fougueux et dynamique.
La plume est moderne, vif, nerveuse, Guillaume Perilhou restitue la voix d'un adolescent ultrasensible et assoiffé de liberté, envoyé en foyer, puis en hôpital psychiatrique pour "comportement violent" par un juge, Guillaume cette adolescent qui a subit les attouchements de son père et dont la mère ne sais plus quoi faire.
Avec l'intrigue nous sommes saisi par l'émotion et le ton de l'histoire, un regard tendre, sensible et cru Guillaume le narrateur navigue entre présent et passé, on navigue dans ses pensés qui peuvent être flou. Avec cette histoire on aborde le mal être, l'inceste, la psychiatrie et la justice envers les adolescents, l'homosexualité.
Un langage familier proche de l'oral, des personnages qui navigue entre la démences, les emportement et débordements qu'ils soit amoureux, existentielles, colériques. On ressent l'intolérance de la société, de la famille, de la justice et des soignants face à Guillaume qui est abandonné mais qui ne s'apitoie pas sur son sort.
" Un garçon-fille en fuite, un garçon manqué on disait quand j’étais petit et je ne comprenais pas pourquoi on disait garçon manqué je l’avais demandé ça à ma mère une fois Pourquoi on ne dit pas une fille manquée ? ce ne serait pas plus logique de dire une fille manquée puisque justement ce n’est pas une fille ? le garçon n’est pas manqué puisque c’est un garçon alors qu’il aurait plutôt fallu peut-être qu’il soit une fille, c’est la fille qui est manquée."
Avec un titre inspiré d’une chanson de Lou Reed « They’re gonna kill your sons, until they run away », ce roman parle de la difficulté d’être gay dans un monde qui rejette la différence.
Extraverti, excessif, habité par un amour débordant pour sa mère, Guillaume se sent depuis toujours fille au fond de lui, aimant se déguiser, faire sensation et plaire.
Mais dans son milieu bourgeois de Quimper, il n’entre pas dans la peau du bon fils, d’autant plus que le divorce de ses parents et les gestes abusifs de son père engendrent en lui une forte instabilité.
A l’adolescence, il tente de se libérer de ce carcan social et se lance dans le tournage de vidéos de « drag » sur les réseaux sociaux qui lui permettent d’être pleinement lui-même.
Mais la société n’est pas prête à l’accepter tel qu’il est et les persécutions dont il est victime le font basculer dans les crises d’angoisse. Après avoir exploré la marge, il finit en hôpital psychiatrique pour être soigné comme malade mental.
En côtoyant la vraie maladie, comme l’anorexie de Clément qui deviendra un de ses premiers amours, Guillaume va trouver une force de caractère salvatrice pour s’affirmer et se défendre contre l’adversité.
« Je porte en moi la force de ceux qui n’en ont pas eu besoin. »
Quand l’intolérance provoque un malaise tel, que le simple fait d’être gay conduise en HP, on s’interroge sur la société dans laquelle on veut vivre et élever nos enfants.
Offrant un témoignage plein d’émotion et d’amour, ce roman cru et saisissant de Guillaume Perilhou est un cri de détresse. Car il y a encore dans notre monde soit disant « évolué », des hommes et des femmes qui subissent une violence morale et physique, simplement parce qu’ils n’entrent pas dans le moule étriqué qu’on leur octroie.
Il faut absolument lire « Ils vont tuer vos fils » pour s’imprégner, pour partager et pour changer.
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