Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
C'est un petit bijou de livre jeunesse que j'ai eu la chance de recevoir grâce à la Masse Critique du mois de juin de Babelio. Tant de choses à dire sur ce livre jeunesse (à partir de 12 ans) d'une maison d'édition indépendante que je découvre par la même occasion, présente depuis 1995 et dont le public cible est les jeunes adolescents, et qui entend vulgariser avec "un esprit exigeant" ainsi que de fournir "leur plaisir de lire". C'est d'abord le sujet du bouquin, ce fameux lac Baïkal, qui attiré mon attention et une fois reçu, le plaisir de le lire et de le feuilleter ont été au rendez-vous.
Parlons de la forme : je parlais de petit bijou, et l'expression n'est pas trop forte. La qualité d'un ouvrage se joue sur la précision des détails et, ici, tout est peaufiné avec soin et beaucoup de goût : les illustrations, mais j'y reviendrai plus loin, la qualité du papier et de la couverture, qui joue sur deux textures (mates et brillantes), les coins arrondis du livre, le signet intégré, les pages de garde et les versos des couvertures qui sont richement illustrées. Le tout est doté d'un lexique, d'une table des matières et d'une page de notes en fin d'ouvrage. Le visuel est une grande réussite, mais le toucher aussi : lorsque vous vous emparez du livre, vous avez la surprise de cette double texture, la mate qui accroche la peau, la brillante sur laquelle la main glisse, c'est très surprenant en plus d'être agréable.
Le lac Baïkal, c'est découvrir la dimension presque mythique de ce lac, dont j'apprends qu'il est inscrit au patrimoine de l'UNESCO depuis 27 ans, l’aïeul de tous les lacs par son âge et sa dimension, la faune, la flore, les peuples autochtones qui vivent autour et les légendes, les épisodes historiques qui font de lui un témoin essentiel, sa biodiversité qui fait de lui un acteur indispensable de la vie naturelle. Les explications scientifiques, notamment sur l'origine tectonique du lac, sont clairement édictées sans être simplifiées à l'extrême, car le livre s'adresse à un public de jeunes adolescents qui possèdent déjà une base de connaissances.
On y apprend toute la richesse de la culture, non seulement russe, mais de ces peuples indigènes - Evenks, Bouriates, Kourykanes, Tofalars - sans oublier les nomades Cosaques. Et nombre d'autres choses, que son eau y est mise en bouteilles, qu'une trentaine de vents souffle sur le lac et que la glace y atteint les 130 cm d'épaisseur au plus fort de l'hiver. J'ai apprécié le travail fait entre texte et illustration, par exemple, cette double page qui illustre et détaille les étapes de la formation de la glace, puis son dégel, est agencée de façon très didactique. L'ouvrage est d'ailleurs pourvu de deux contes bouriates issus du livre publié par les Éditions Boréalia, Contes du Baïkal.
On ne peut pas aborder ce lac sibérien sans parler de Guerre Froide et de la Taïga qui l'entoure où ont été construits les goulags, où ont été envoyés les premiers pays russes, où ont été déportés les prisonniers. Et la position géostratégique que constitue cette extraordinaire étendue d'eau convoitée par les voisins chinois, entre autres. Davantage qu'une réserve gigantesque d'une biosphère marine et végétale riche et unique, les Soviétiques ainsi que les Russes se sont servis et s'en servent pour implanter stations météorologiques, et en faire un lieu d'exercice de la flotte maritime militaire de Russie.
C'est une parfaite première immersion dans la Sibérie, dont le lac Baïkal est l'un des joyaux : l'autrice a trouvé le juste milieu pour informer, cultiver son jeune lectorat, tout en éveillant sa curiosité pour la thématique, sans noyer son lectorat sous trop de détails, inutiles à ce stade. Mes enfants ont aimé en tant que lecture du soir, et les dessins très appréciés, j'ai apprécié l'ouvrage, qui s'achève sur une note d'actualité en évoquant le thème du changement climatique et de ses conséquences sur le lac.
En postulant pour ce titre pendant la masse critique babelio, je pensais demander un documentaire pour plus petit et non pour du 12 ans et plus. Comme je me suis trompée, je me permets de le mentionner pour que ça n’arrive pas à d’autres personnes. Le Baïkal et moi, c’est une grande histoire d’amour qui dure depuis la découverte au labo dans les collections des premiers fossiles qui en proviennent. J’avais hâte de faire découvrir à mes nièces ce coin si particulier et dont l’accès est à présent plutôt compromis vu le contexte politique. Elles sont encore trop petites pour cet album mais je vais leur garder précieusement car il est vraiment intéressant. En 76p, c’est une approche très globale qui est présentée. Il y a aussi bien des informations biologiques, géologiques, historiques, économiques et culturelles que physiques. Chaque point est développé sur une double page de manière claire et accessible. Est ce que je regrette qu’il n’y ait pas une double page sur la paléontologie ? Oui un peu mais c’est uniquement pour chipoter car c’est très complet et la variété des sujets permet de bien se représenter le patchwork et l’originalité de ce lieu unique. Les dessins ont un petit côté « anciens albums du père castor », avec leurs grands aplats de couleurs très doux. Le rendu a un petit côté vintage qui fonctionne vraiment bien pour un ouvrage qui s’apparente à un carnet de voyage. Ce sentiment de carnet de voyage est renforcé par le format relié avec le signet et la mise en page des différentes informations. Si le rendu ne me fait pas douter qu’il peut plaire aux plus jeunes et aux adultes, je suis un peu plus perplexe pour la tranche d’âge visée qui n’est pas fan de l’effet « vieillot ». Il y a un autre petit point qui m’interroge : le lexique. Je n’ai pas bien compris le choix de les mettre par ordre d’apparition plutôt que par ordre alphabétique. En résumé, je suis séduite en tant qu’adulte mais j’émets une réserve pour l’attractivité au vu du public cible.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Bird découvre que sa mère n'est autre que la poétesse dissidente Margaret Miu...
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement