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Un thriller intelligent qui va fouiller dans les tréfonds nauséabonds du grand capitalisme français, de la clique du CAC 40.
L’intrigue est intéressante mais ce n’est pas ce qui fait le charme de ce livre d’été (à lire sur la plage, évidemment). J’ai préféré les analyses sociologiques qui se glissent entre les dialogues. On en apprend sur la police, sur les prostituées, sur le milieu médical, sur les pratiques peu scrupuleuses des laboratoires pharmaceutiques. En fait, tout le monde en prend pour son grade ! On devine que l’auteur en avait gros sur la patate, qu’elle avait fait des découvertes surprenantes et que le roman lui a permis de sortir un peu le linge sale.
On ne s’ennuie pas, on veut tout saisir de cette histoire épouvantable. La chute invite au cynisme et au désespoir : à la fin, ce sont les puissant et les riches qui gagnent. Ils n’ont pas de conscience et leur cause (le profit) a toujours plus de valeur qu’une pauvre âme. Une histoire de prédation, vieille comme le monde des affaires. Pour manger un poisson, il faut un poisson plus gros. Le reste, n’est que littérature pour les imbéciles heureux.
Journaliste opiniâtre, Marc Rappaport ne craint pas de déterrer des affaires propres à faire trembler les sphères du pouvoir tant politique qu'économique. Lorsqu'après 27 ans, le meurtrier présumé d'Emilie Thévenin, une jeune prostituée de luxe, est identifié et arrêté, le journaliste convainc son rédacteur en chef et ami de le laisser enquêter. Son intuition le fait douter de la culpabilité du suspect et le conduit à suivre des pistes que le temps a estompées. Avec une obstination qui tourne à l'obsession maniaque, il retrouve des témoins, reconstitue patiemment la trajectoire d'Emilie et relie entre eux des indices fragmentaires pour faire émerger la vérité. Mais il ignore que ses investigations vont recouper et mettre à mal sa propre histoire... La vérité risque de lui revenir en pleine face et de détruire ses dernières illusions.
Le récit emprunte des chemins sinueux pour nous faire suivre une enquête dont j'ai parfois perdu le fil. Dense, complexe, l'histoire avance en se ramifiant sans cesse et en abordant successivement plusieurs thématiques sans que la construction permette de discerner quel est véritablement le propos fondamental de l'ouvrage. La lecture m'a semblé un peu chaotique, brinquebalant entre les considérations intimistes du personnage central, les souvenirs de la figure imposante de son grand-père, le décryptage du fonctionnement des grands groupes industriels et l'enquête proprement dite. Tous ces éléments ont généré une certaine confusion qui m'a souvent contrainte à revenir en arrière pour saisir l'enchaînement des évènements dont la cohérence n'apparaît pas instantanément. Mon ressenti est à l'image de cette lecture : très mitigé. Marc Rappaport est un personnage intéressant par son ambiguïté et par son histoire. Ses motivations, ses relations aux autres restent opaques et laissent la part belle à l'interprétation. En revanche, l'architecture de l'intrigue elle-même m'a semblé un peu précaire, parfois à la limite de la crédibilité par les liens ténus qui font évoluer la situation. En définitive je crois que j'ai trouvé que ce roman était compliqué à l'excès sans que cela le rende percutant pour autant.
Gila Lustiger, auteur allemande vivant depuis plus de vingt ans en France, nous offre avec ce roman tout à la fois un thriller passionnant, une charge contre les élites, la révélation d’un scandale sanitaire et un portrait au vitriol de la France d’aujourd’hui. C’est dire la richesse et la densité de cette analyse sans concessions des mœurs de ces dirigeants politiques et économiques que le pouvoir aveugle et qui s’autorisent crimes et châtiments en toute impunité. Ceux qu’on appelle Les Insatiables. Elle nous dépeint la réalité de cette France à deux vitesses, ce fossé entre les nantis qui se permettent tout et les sans-grade qui semblent condamnés à subir leur sort.
C’est à un journaliste d’investigation répondant au nom de Marc Rappaport que l’auteur va confier le soin d’entraîner le lecteur dans un dossier non-élucidé. Franc-tireur et mouton noir de la famille, ce dernier ne se satisfait pas de voir les enquêtes de police bâclées ou trop vite classées, comme cet assassinat d’une prostituée survenu en 1984. Si, près de trente ans plus tard, on reparle de l’affaire, c’est que la police scientifique a pu exploiter des traces ADN et remonter jusqu’à un certain Gilles Neuhart, employé de banque et père de famille sans histoires.
Seulement voilà, Marc va constater très vite que sa culpabilité ne saurait être aussi évidente que la police l’affirme. En parlant à son épouse, puis au présumé coupable, il va comprendre que l’origine de ce viol, puis du meurtre brutal qui a suivi, est à chercher ailleurs.
Pierre, son rédacteur en chef et ami, lui enjoint de ne pas s’obstiner, d’autant que les pressions ne tardent pas à arriver.
«Pour des raisons profondes et inconnues, on se laissait entraîner et, soudain, on se retrouvait tout entier accaparé». Marc ne cédera pas, notamment en raison de son passé (son grand-père était un grand capitaine d’industrie) ainsi que de la proximité avec les habitants de son village d’enfance. Du coup Gila Lustiger rajoute encore une strate supplémentaire à ce formidable roman : on peut le lire comme un manuel à l’usage des jeunes journalistes, véritable mode d’emploi de l’investigation.
Ne négliger aucune piste, essayer de rapprocher des éléments qui n’ont à priori rien à voir, faire parler tous les protagonistes de l’histoire…
Voilà comment on passe d’un meurtre à une curieuse accumulation de cas de cancers, d’une prostituée tuée à Paris à une usine chimique aux procédés douteux. Grâce au chantage à l’emploi, elle peut se permettre de passer outre à certaines procédures, à faire fi de la législation pour accroître son marché et ses bénéfices.
Avec cette acuité que possède les personnes étrangères quand elles découvrent pour la première fois une ville, un milieu, des habitudes qui nous semblent tellement ancrées dans la société que l’on ne pense plus à les questionner, Gila Lustiger va dresser le catalogue des compromissions, des petits arrangements, de la corruption, de la criminalité en col blanc qui gangrènent notre pays.
On ne lâche plus le roman, d’autant que sa construction nous offre régulièrement de nouveaux coups de théâtre, reliant subtilement toutes les pièces du puzzle les unes aux autres : « D’un côté, nous avons le meurtre d’une prostituée commis il y a trente ans, e de l’autre ? Un groupe qui fabrique des additifs pour l’alimentation animale et dont le personnel présente un nombre élevé de cas de cancer du sein. Nous pensons que les deux histoires sont liées parce que le père de la victime et le beau-frère du meurtrier supposé travaillaient dans le même groupe. »
Bien plus plaisant que des ouvrages de sociologie, bien plus fascinant que les essais politiques, ce roman montre avec force détails un visage de la France, de l’évolution de la société. Que tous les candidats à la présidentielle devraient méditer, tant il est éclairant !
http://urlz.fr/4Osq
J'ai longtemps attendu avant de m'atteler à ce gros roman, et j'ai eu tort.D'abord il est édité chez Actes Sud, gage de qualité tout de même. Et le sujet est passionnant.
Ce n'est pas un roman policier quoique...l'enquête soit menée tout de même par un journaliste d'investigation : Marc Rappaport .
C'est aussi un roman politico-financier qui tourne autour de l'industrie chimique et de ses dérives, ainsi que des personnages politiques souvent sollicités lors de la signature de gros contrats apparemment honnêtes.
Apprenant l'arrestation d'un homme désigné par son ADN comme le coupable du meurtre d'une jeune prostituée, 27 ans auparavant, Marc Rappaport , donc, rebelle a sa famille mais quand même très fortement attaché à son grand père, un des plus gros industriel du pays, reprend l'enquête , et avec d'infimes indices va remonter une énorme affaire sanitaire cachée malgré les appels du médecin attaché à un consortium de transformations de produits cancérigènes. Voilà la toile de fond de cette histoire.
Ce n'est pas un roman tout simple, l'auteur fait appel a des références philosophiques pour son écriture soignée et classique. La question juive apparaît de temps en temps.
Les classes dites dirigeantes sont largement égratignées, et c'est l'acharnement(au détriment de sa vie privée) d'un jeune homme pourtant issu de ce milieu qui pourra mettre au jour une des affaires inconnues du grand public . Ce roman pourrait être la trame d'un très bon film.
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