Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Nathalie Iris, de la librairie Mots en Marge organise chaque année en juin "La Nuit Blanche des Livres" à La Garenne Colombes. Dans ce lieu d'échange, les auteurs viennent à la rencontre de leurs lecteurs pour une grande fête du livre joyeuse et...
Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Ensemble, les deux romancières écrivent le roman du confinement
Une librairie éphémère, plus de 40 auteurs, une nuit inoubliable ! La Nuit blanche des Livres.
Frédérique Deghelt (autrice) et Astrid di Crollalanza (photographe) nous proposent une sorte de reportage-documentaire-artistique autour de 18 portraits de personnes "différentes" qu'elles ont rencontrées au fil du projet (réalisé sur 3 années).
«- C'est quoi être normal ? lui dis-je immédiatement.
- C'est être beau et pas baver !
Je bondis en serrant le volant.
- Mais tu es beau !
- Non. Je suis moche et je bave.»
Cette conversation avec Jim, le fils de l'autrice, est à l'origine du projet, ce qui apporte encore plus de sensibilité à l'ouvrage. Frédérique Deghelt y retrace ces rencontres merveilleuses. Elle nous livre de longs textes peu descriptifs, souvent percutants, personnels, sincères et humains. Il se dégage de ses écrits beaucoup de bienveillance, d'authenticité, de lucidité, de désir d'insertion et d'espoir de tolérance et d'acceptation des différences (en particulier liées aux handicaps). Et en prime, la plume est belle : travaillée, précise et émouvantes !
J'aurais du mal à faire entrer cet ouvrage dans un genre éditorial : à mi-chemin entre le reportage photos, mais avec très peu de photos ; documentaire de "terrain" sans s'immiscer dans l'intimité des personnes ; témoignage sans son aspect individualisé... Ce livre nous ouvre les yeux, pose des questions et donne lieu à des réflexions sur le corps, le handicap, le regard qu'on porte sur soi et sur les autres personnes, valides, moins valides, handicapées, contraintes, défigurées ou transfigurées. Loin du pathos, les textes ont une portée plus philosophique et sociologique que documentaire.
J'ai été très émue par ces regards particuliers : tant celui de l'autrice-mère d'un enfant handicapé, que celui de la photographe, qui réussit à capter notre regard par son talent. Les photos sont magnifiques, tout en simplicité et poésie. La plupart sont en noir et blanc, quelques unes sont en couleur, toutes sont percutantes, lumineuses et originales !
Bref, de beaux textes illustrés par de belles images, autour de si belles personnes : quoi de plus beau ?!?
En apparence, Sophia a tout pour être heureuse, c’est une star à la renommée internationale……
Mais derrière les paillettes, Sophia sort d’un divorce compliqué et sa mère est hospitalisée pour la maladie d’Alzheimer.
Elle lui rend visite tous les jours et celle-ci ne cesse de lui parler de son « autre mère », une mère grande, blonde que Sophia aurait aimé plus qu’elle…..
Intriguée, Sophia pense d’abord à l’adoption, piste immédiatement abandonnée…. Mais alors qui est cette mère ? Et ses propres dessins d’enfants colorés, représentant une maison ornée de fleurs rouges en bord de mer ? Et ses souvenirs ? Le goût délicieux des mangues juteuses ?
Sophia interroge sa tante, son frère…..elle doit comprendre ses étranges souvenirs ! Qui est-elle vraiment ?
Sophia va partir dans un voyage initiatique, à la recherche de son histoire. Entre Brésil et Martinique, cette quête spirituelle va l’emmener dans sa vie antérieure….. des souvenirs colorés derrières lesquels se cachent de sombres souvenirs au cœur de l’esclavage et de la colonisation.
Entre présent et réincarnation, Frédérique Delghelt nous embarque dans ce voyage initiatique et poétique, dans cette initiation mystique remplie de couleurs, d’histoire et d’humanité.
Je me suis laissée porter par cette histoire…..
Frédérique Deghelt se fait, l’espace de ce récit, la porte-parole, la prête-plume de Sophia L, actrice célèbre confrontée à la fois à la fin de son mariage et à un divorce compliqué, à l’Alzheimer de sa mère et aux envies d’indépendance de sa fille. C’est d’ailleurs la maladie de sa mère et ses propos qui semblent étranges qui vont mettre Sophia L en quête de son identité. Car il semble que petite fille, Sophia ne cessait d’évoquer sa première mère et une vie qu’elle n’avait pourtant, apparemment, pas vécue. Imagination enfantine ou souvenirs d’une vie antérieure ? Sophia L va partir sur ses propres traces, du Brésil à La Martinique.
Depuis ma première lecture de Frédérique Deghelt (La grand-mère de Jade), je sais que cette auteure à une véritable capacité à entrainer son lecteur sur des fausses pistes et des faux-semblants qui s’achèvent par une conclusion souvent surprenante.
C’est encore le cas ici avec cette quête identitaire d’une femme qui, si elle est connue du monde entier, semble elle-même ignorer sa véritable identité et ce que lui racontent les souvenirs qui remontent à la surface progressivement.
Qu’on croit soi-même aux vies antérieures, à la réincarnation, aux réminiscences d’un passé vécu dans une autre époque, on se laissera envoûter par ce texte et pas la quête de Sophia L. Sa rencontre avec Seiji, lui-même écartelé entre sa double origine japonaise et antillaise et à la recherche de sa mère, renforce cette thématique d’une quête d’identité qui permet de se sentir complet en comprenant d’où l’on vient.
Un fil rouge qui trouve par ailleurs une belle et poétique illustration à travers l’art japonais du Kintsugi qu’exerce Seiji. L’art de la résilience par excellence puisqu’il consiste à réparer des objets cassés en soulignant les brisures avec de l’or. Une technique qui rend l’objet encore plus beau et plus précieux. Et un parallèle évident entre cet art et le besoin de comprendre ce que l’on est et d’où l’on vient pour retrouver son unité et son équilibre en enrichissant sa personnalité de ses expériences passées.
Et je ne peux conclure sans parler de cette sublime couverture, illustrée par Harshad Marathe, un voyage à elle seule !
Les " filles de la grand mère de Jade décident qu'il est tend de la placer, elle commence à ne plus être en sécurité à vivre seule. Mais Jade ne l'entend pas comme ça, alors elle n'hésite pas une seconde, elle fait l'aller retour et prend sa grand mère sous son toit à Paris.
La vie des deux femmes va être bouleversée, ou plutôt impactée.
La grand mère va devoir renoncer à ses montagnes pour se familiariser avec les nouveaux moyens de communication et Jade devra rester présente pour sa grand mère sans l'infantiliser.
Ce n'est pas le roman du siècle mais c'est gentillet, il faut se laisser faire, ne pas juger trop vite ce récit, ce livre se tient sur son ensemble, mais il faut le lire jusqu'au bout pour l'apprécier pleinement.
Un livre de fin de soirée ou de terrasse à l'ombre d'un bel arbre et en savourant un thé délicat.
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