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Janice Templeton, la maman de la toute jeune Ivy, remarque un homme étrange qu’elle voit beaucoup à la sortie de l’école et qui fixe intensément sa fille. Elle n’ose pas en parler à son mari Bill qui, lui aussi de son côté, à remarqué le manège inquiétant de ce type inconnu. Lorsqu’enfin cet homme se présente, il dit s’appeler Eliott Hoover et ce qu’il leur dit est proprement incroyable. Il a perdu sa fille Audrey-Rose dans un accident et pense qu’Yvy est la réincarnation de sa propre fille. Incrédule et peu disposés à le croire, Janice et Bill se braquent contre Hoover, en dépit d’indices troublants qui semblent se multiplier dans la personnalité d’Ivy.
Le roman de Franck de Felitta peut se découper en deux parties. Le premier tiers se présente comme une sorte de thriller raconté du point de vue des parents Templeton. Ils ont une vie parfaite, une petite fille parfaite et un élément perturbateur vient tout fracasser en quelques jours. Comme l’intrigue est présentée du point de vue rationnel des parents d’Ivy, le personnage d’Elliott (qui ne fait pourtant rien de mal concrètement) apparait comme très anxiogène. Il déboule avec une histoire terrifiante de petite fille brulée vive dans une voiture et demande à faire partie de la vie de leur petite fille : pas étonnant qu’ils le rejettent ! L’aspect surnaturel de cette première partie consiste à assister aux terreurs nocturnes épouvantables d’Ivy, qui semblent revivrent nuit après nuit le calvaire d’Audrey-Rose. Puis, après un tiers le roman verse dans autre chose puisque Elliott Hoover est assigné en justice et doit se défendre. Sa ligne de défense étant la véracité de ses dires, donc l’existence de la réincarnation, le livre se déroule essentiellement pendant le procès et là, arguments juridiques et psychiatriques se heurtent aux théories philosophiques, culturelles et religieuses devant un juge tout enivré du barnum médiatique que le procès engendre. Tous ces débats, qui ne sont pas sans intérêt (notamment les passages sur la psychiatrie), sont malgré tout émaillés de longueurs, notamment des longue parties sur le voyage en Inde de Hoover et les religions orientales. On sent que tout cela à fasciné l’auteur, cela m’a en revanche moins « parlé ». Le roman, publié en 1975, est encore très imprégné de la philosophie orientaliste des années 70 qui faisait rage à l’époque dans la jeunesse américaine. C’est surement moins pertinent aujourd’hui, quand on voit comment se comporte la société américaine, fruit de cette même jeunesse des années 70. Parallèlement au procès, la vie d’Ivy se poursuit et les preuves de la présence d’Audrey-Rose ne faiblissent pas, au contraire. Cette présence est comme une sorte de tumeur qui pousse la gamine vers l’abîme. Janice Templeton, première observatrice de sa fille, finit par admettre la véracité des preuves qui s’accumulent. Se revirement s’accompagne d’un pressentiment que tout cela va mal finir. En dépit des longueurs que j’ai évoqué, si on garde bien à l’esprit que l‘on est devant une œuvre de fiction fantastique (au sens du genre) qui cherche à la fois, comme tous les romans du genre, à fasciner et à effrayer, alors le roman fonctionne. Si on cherche dans « Audrey-Rose » des preuves d’une croyance en la réincarnation, je ne suis pas sure que le roman vous apporte ce que vous cherchez. Je crois avoir compris qu’il s’agit d’une pure fiction, et même si Franck de Felitta semble croire réellement aux transferts de l’âme (son roman est malgré tout très documenté), je ne suis pas certaine que son roman parvienne à distiller un petit doute dans un esprit cartésien. A lire donc purement pour le plaisir de se faire peur.
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