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"De nos 'proches', que savons-nous ? On est dans sa famille comme au casino : autour de la table, chacun n'a reçu qu'une poignée de cartes et ignore le jeu des autres" (p. 290).
C'est presque sur ces mots que se termine "La voyageuse de nuit", cette femme, mère de 4 filles et épouse d'un marin absent, qui cachait bien son jeu.
Le démarrage est long, vraiment long. On ne comprend pas où l'autrice veut en venir. Cette agonie en soins palliatifs sans trash mais avec une colère froide contre notre système de fin de vie actuel ; l'histoire des parents de cette femme qui n'en finit pas de mourir ; les morceaux bricolés çà et là des 4 filles comme "Les Quatre Filles du Dr March" en version "Les Quatre filles d'Olga".
Et puis soudainement, la "partie" commence. Les cartes sont d'abord tournées face cachée sur le tapis. Cette femme si belle, forte, courageuse, joyeuse, ne serait-elle pas un monstre dévorant en huis clos ? La partie avance et les cartes se retournent, visibles de tous : les secrets de famille se nourrissent du silence, de l'absence de mots, de l'incompréhension. Mais toutes les cartes ne sont pas là, il reste celles de la pile qu'on ne verra pas. Et puis cet outsider, ce père qui se met à parler à l'une de ses filles un jour comme si de rien n'était. Un petit-fils perché qui se met à parler par email. Ces quatre filles qui se soutiennent, qui ont vécu dans un même contexte leur enfance sans avoir les mêmes règles, sans se comprendre.
La fin en métaphore / de conte détonne un peu. Mais le réel est-il dicible après tout ce qui vient d'être écrit ? Peut-être pas.
C'est une très belle lecture, au style fluide, précis, avec des expressions imagées peu communes et qui parlent d'elles-mêmes. Il n'y a pas de pathos, plutôt une sorte de courage dans l'effondrement, une pointe de colère, et la nécessité de vivre quand même, malgré les silences qui ne seront jamais levés (le propre des "fantômes et des revenants" dans les histoires familiales).
Meilleur des 3 tomes ...pour le moment.
Racines familiales, mémoires d’enfance et paysages aux mille sortilèges : la Creuse rude et sauvage lui tient tant au coeur que, chaque fois déchirée de la quitter, Françoise Chandernagor n’a eu de cesse de revenir s’y installer grâce à son métier d’écrivain. Dans un récit autobiographique aussi émerveillé que nostalgique, elle raconte cet attachement, égrenant ses souvenirs comme autant de pépites cueillies au plus secret des rivières de ce pays.
« C’est aussi cela, choisir la Creuse. C’est choisir la lenteur, le silence, la profondeur, peut-être la sérénité, sûrement pas la facilité. » Sortie major de l’ENA, passée par le Conseil d’État et grande dame des lettres membre de l’Académie Goncourt, Françoise Chandernagor n’a jamais oublié ses racines, profondément ancrées en terre creusoise, plus précisément en Haute-Marche, dans le nord du Limousin. Songeant à son grand-père, maçon de la Creuse émigré en région parisienne, elle évoque l’extrême pauvreté d’une terre accidentée, granitique et peu fertile – « Les seuls fruits qui vous seront donnés sont les fruits secs dont vous étiez écœurés, les glands, les noix, les châtaignes, et pour charmer le palais de vos enfants, vous n’aurez que les mûres des ronciers. » – qui, faute de nourrir ses habitants, contraignaient bon nombre d’entre eux à partir dès les premiers beaux jours s’embaucher sur les chantiers du bâtiment et des travaux publics des grandes villes. Ce sont pourtant cette histoire et cette géographie longtemps ingrate, qui, classant la Creuse en tête des départements les moins peuplés et les plus pauvres de France, en ont aussi fait un coin de nature préservée, aux bois épais et aux bocages semés d’étangs et de demeures cachées, comme celle dont l’auteur a fait son refuge et son « théâtre d’illusions », s’attachant à y cultiver ce « parfum d’antan » au coeur de son identité.
De sa plume si élégamment chantournée, elle célèbre ainsi ce « pays secret », où elle possède « une maison secrète » : « une forteresse à l’intérieur d’une île ». Et de s’interroger : « Peut-être en va-t-il des hommes comme des arbres ? Certaines espèces semblent impossibles à dessoucher. » Se représentant insulaire de ce creux de France, elle décrit les « attaches invisibles », viscérales, qui la retiennent ici : l’histoire de ses ancêtres, les beautés âpres et sauvages de paysages qui ont attiré les peintres impressionnistes à la suite de George Sand, enfin les mille particularités locales dont elle nous délecte avec passion. Et puis, à la mélancolie du temps qui passe et la rapproche de la pierre tombale en attente au fond du parc de sa demeure, viennent finalement se mêler inquiétudes – lorsqu’elle voit ses arbres périr du réchauffement climatique – et accents de colère – quand les zadistes viennent « jouer aux gendarmes et aux voleurs » dans des forêts qui ne sont pas les leurs.
« La beauté, non seulement rend heureux mais rend bon : le cœur se remplit, se dilate, déborde, on éprouve le besoin de partager. Pour que ce cœur n’éclate pas, il faut l’ouvrir aux autres. Cette forme de générosité était familière aux Creusois d’autrefois, qui par ailleurs avaient si peu à donner ! » Elle caractérise à merveille cet ouvrage envoûtant, à l’écriture somptueuse, qui vous reste durablement dans l’esprit et le coeur.
« Les dames de Rome » de Françoise Chandernagor. Elle aussi est une auteure que j’aime beaucoup. Ce roman est la suite des « enfants d’Alexandrie » Nous partageons l’enfance de Séléné, fille de Cléopâtre et de Marc-Antoine, de ses dix à ses vingt ans. C’est une histoire très violente. J’ai eu du mal à entrer dans cette Histoire. Ce que j’ai préféré lire, fut les notes de l’auteur en fin d’ouvrage où elle reprend son roman en trente pages, mais sous l’angle historique pur, références et état des connaissances actuelles sur le sujet. J’aurais très certainement dû commencer par cela.
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