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Johannesburg, décembre 2013.
Nelson Mandela vient de mourir et les habitants de la ville se dirigent vers sa Résidence pour un dernier hommage.
Virginia, Gin, arrive des Etats-Unis pour l'anniversaire de sa mère, Neve.
Elle a décidé, contre l'avis formulé de celle-ci, d'organiser une fête pour célébrer ce passage du temps.
Tout au long de cette journée mémorable, Gin va dévoiler peu à peu sa vie, ses souvenirs, en parallèle de ceux de Peter, qu'elle aurait pu aimer, qui l'aime encore, mais qu'elle maltraite toujours.
En contrepoint de ces personnages blancs et riches, il y a September, le bossu SDF qui traîne sa misère sur l'ilôt du carrefour, surveillé par sa sœur Dudu, aide-ménagère qui lui sacrifie une grosse partie de sa paie.
Un roman sur des gens ordinaires, sans fioritures, juste la description des vies qui s'écoulent, au rythme des rencontres, des hasards, en obéissant aux ordres des parents implantés dans l'enfance et qu'on respecte du mieux qu'on peut ou qu'on ignore à contre-cœur ...
Une journée qui se déroule avec ces événements historiques qu'on n'oubliera pas mais dans lesquels se noient tous ces événements, toutes ses vies anonymes qui composent la nôtre.
Un roman que je n'oublierai pas.
Une auteur à suivre
Une seule journée
Une ville
Le roi Madiba meurt
Une nation pleure
Des gens vivent
Des gens survivent.
Certains luttent contre leurs démons intérieurs
D'autres luttent contre le pouvoir, l'injustice.
Il faut tenir l'équilibre, le juste équilibre
Tenir la distance
Garder le contrôle de l'absurdité de son rôle.
Et sans faire de bruit
des vies entre en collision
Fiona Melrose rend hommage à Mrs Dalloway et à sa ville en montrant toute la dichotomie de l'Afrique du Sud contemporaine.
Beaucoup d'élégance, un style très sûr, un travail sur les sentiments des personnages ciselé à la perfection comme si l'auteur avait écrit ce livre à la façon d'un tableau impressionniste pour au final jouir d'une grande sensation de plénitude dans un moment privilégié de lecture.
Traduit par Cécile Arnaud
Fiona Melrose signe ici un roman qui n’est pas, contrairement à d’autres auteurs sud-africains, un regard sur l’histoire de leur pays, mais bien plutôt une chronique sur sa ville natale : Johannesburg. Pourtant, cette évocation de la cité du travail du diamant, de l’or, traverse le temps, avec des retours en arrière. Le plan du roman suit les étapes d’une journée : le matin, l’après-midi, le soir, clin d’œil assumé de l’auteure à Virginia Woolf et à son roman : Mrs Dalloway , construit de la même façon.
Gin, l’héroïne principale, a prévu de visiter sa mère à Johannesburg le 6 décembre 2013, pour fêter ses quatre-vingts ans. Elle sera aidée de Mercy, employée de maison au domicile de sa maman. La cité de l’or s’éveille en apprenant le décès de Nelson Mandela, Madiba, le père de la nation arc-en-ciel. Ce n’est donc pas un simple retour que Gin va vivre, mais un passage en revue de ses souvenirs, impressions d’enfance, une élaboration d’un bilan provisoire de sa vie à ciel ouvert. Mais qu’était Johannesburg ? A l’époque où elle y vivait encore, avant de s’expatrier à New-York, elle la ressentait comme une source d’agression : « Johannesburg était la grande prêtresse de l’agitation permanente. Elle était bâtie sur l’or. Ce serait toujours une ville frontière, une ville pionnière (…) C’était toujours pareil. L’assaut d’exigences. »
Gin se demande ce qui fonde la conservation du souvenir. Une réponse inattendue est fournie par sa mère, qui évoque leur maison familiale, plus exiguë que la sienne : « Gin l’accusait d’être trop nostalgique de la vieille maison (…) Gin accusait Neve de refuser tout souvenir désagréable. D’accord, mais comment survivre autrement ? »
Gin se souvient, aussi, de Peter Strauss, cet étudiant amoureux d’elle et qui lui fait prendre conscience, lors du début de leur flirt, de sa condition de femme :la transformation en simple objet de désir. Ce qui met en évidence les fils conducteurs de sa vie : « Une sorte de quête sacrée pour retrouver l’intégrité de la personne qu’elle était auparavant. »
Le roman de Fiona Melrose est une radiographie ; celle de certains personnages comme September, ce mendiant qui assiège une compagnie de mine d’or pour demander réparation à propos d’une fusillade survenue lors d’une grève , est une allusion à l’Afrique du Sud d’avant, celle de l’Apartheid, des conflits sociaux réglés dans le sang ; c’est aussi une fine évocation des états d’âme par lesquels passe une personne humaine .L’hommage à Virginia Woolf est à la hauteur de la promesse de l’auteure : il est pleinement rendu par la puissance évocatrice des descriptions contenues dans ce roman .
Un espace-temps court pour ce roman intimiste, tout se joue en 24 heures à Johannesburg, une triste journée que celle du 6 décembre 2013, puisqu’elle coïncide avec la mort du remarquable Mandela. Pourtant c’est bien une fête qui se prépare, l’anniversaire de la mère de Gin. Gin est revenu spécialement de New York pour les quatre-vingts ans de sa mère. Nous allons suivre plusieurs personnages tous bien différents, qu’ils soient noirs, blancs, pauvres ou riches. Le personnage de September est terriblement poignant et l’auteur a su me le rendre inoubliable. Toutes ces vies livrent à nos yeux, leurs douleurs, leurs peurs, leurs mémoires et leurs secrets. Plus on avance dans l’histoire plus l’atmosphère se fait lourde et pesante. Ente la mère et la fille, je dirai que rien ne va plus mais l’incompréhension, cela remonte à loin. Même si Gin mettra tout son cœur à la préparation de cette fête, elle sait déjà qu’elle ne comblera pas sa mère. Cette journée ne sera pas vécue par tous de la même façon, certains se préoccuperont de célébrer l’anniversaire alors que d’autres rendront hommage au grand homme. J’ai ressentie cette plongée dans la ville de Johannesburg comme dans une ville pleine de vie, on peut presque sentir son effervescence, une ville chamarrée avec ses différentes ethnies, une ville dangereuse avec ce perpétuel bouillonnement de violence. L’écriture de l’auteure est riche, elle n’hésite pas à nous donner du vocabulaire ethnique et on voit toutes les tensions qu’il peut y avoir à vivre ainsi, ensemble en côtoyant de multiples ethnies. Rien n’est simple lorsque l’on aborde le thème de l’identité, de l’inégalité mais cela même apporte du sens à la vie. Je ne pourrai en rien capter les subtilités de l’hommage rendu à Virginia Woolf par l’auteure car, je n’ai pas encore lu « Miss Dalloway » mais cela ne gène en rien la compréhension du récit et en plus maintenant, je sais que ce livre rejoindra rapidement ma Pal. Bonne lecture.
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