Tout pour tout le monde est un format original pour décrire une révolution sociale liée à un gros ras-le-bol. Entre le capitalisme qui de toute façon ça se cassait la figure, les problèmes environnementaux et des massacres qui ont eu en toute impunité, l’apocalypse sociale ne pouvait que surgir. Le roman est rédigé sous la forme d’une succession d’interviews typique des recherche en sciences sociales. Un certain temps après le début de la fin du monde tel qu’on le connait, le recul est jugé suffisant pour expliquer à la postérité cette période de transition. Le monde a pris une tournure beaucoup plus écologique, beaucoup plus altruiste et qui semble vraiment chouette et qui mérite qu’on prenne le temps de décrire le présent et comment on est arrivé à cette solution. J’ai été très surprise du format, je m'attendais à un roman classique et en fait on a une succession d'entretien. On va entendre la parole de différentes personnes qui étaient là pendant la période critique et qui ont participé de manière très variée à la réorganisation qui a suivi. Chacun a maintenant un rôle que l’on peut considérer comme clé mais ils sont clés principalement parce que tout le monde peut mettre la main à la pâte et que tout le monde peut être à différents postes sans hiérarchie. On s'intéresse vraiment au bien-être de tout le monde. Les emplois sont plutôt des activités envers la communauté. Trouver à sa place est central. Toutes les cités communautaires ne fonctionnent pas de la même façon mais dans tous les cas chacun a appris à vivre différemment. Comment chacune des communautés s'est-elle mise en place ? Quelles sont les spécificités de chacune ? Qu'est-ce qui marche ? Qu'est-ce qui est à améliorer ? et hors de question d’oublier d’où on part et la question qui va avec : comment en est-on arrivé là ? Comment change-t-on le monde ? C’était hyper intéressant et amené de manière assez fine pour que l’on ait vraiment l'impression que c'est possible dans la réalité. C’est une perspective qui fait du bien même si j'avoue qu’étant quelqu'un d'assez solitaire, j'ai toujours un léger souci avec les textes hyper communautaire. L’idée d’être tous ensemble tout le temps avec des dortoirs des cantines généralisées… est à la fois rassurante et angoissante.
C’est rassurant car tout le monde a un toit et à manger mais mon besoin de solitude me rend toujours ce mode de fonctionnement anxiogène. Pour une fois, les solitaires ont leur place dans un monde communautaire. J’ai beaucoup aimé la présence d’un personnage avec justement ce genre de besoin vital. La peine a été prise de penser un monde solidaire tout en ayant une solution pour les personnes différentes. C’est très réussi, pertinent, engagé dans plein de belles choses et ça donne des pistes pour rendre ce monde possible.
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