Une maman single, un petit garçon, une enfance en Lorraine, des parents séparés, des copains de passage. La vie d'une femme de 40 ans, à Paris. Balade parisienne, balade des sentiments, des questions, pas de réponse, le temps qui passe, les parents qui vieillissent, une femme qui avance, le mieux qu'elle peut.
Un style surprenant, moderne, dynamique. J'ai adoré !
Je cite l'auteur: (ses reflexions dans le métro)
"Dans la rame, ce jour-là, tout autour de moi, des regards fuyants, des teints défaits. Jaurès, Stalingrad, La Chapelle. Une femme habille se maquille sur un strapontin. Vingt minutes à droite, vingt minutes à gauche, vingt minutes everywhere, Canal Saint Martin, Sacré Cœur, Tati or, Tati mariage, Tati voyage, Tati maison, hommes, femmes, enfants, Tati obsèques, Boule à facettes, une chiée bande de clubbers".
"Je songe que c’est loin tout ça, hein papa ? Je flaire que ça fiche un peu les flubes parce que c’est chaque jour plus difficile d’imaginer demain. 70 bientôt, gars, ça se complique, pas vrai ? Je sais… enfin, j’imagine. L’étau se resserre et tu dois te demander ce que tu vas bien pouvoir faire maintenant ? Tu tournes en rond dans ta cage-caboche, tu bous du dedans parce que même si tu prends de l’âge, même si tu te voutes aux terrasses des cafés, au fond comme tout le monde, tu ne bouges pas. Quel projet ? Quel nouveau territoire ? Quelle nouvelle femme ? Tu cherches une porte de sortie vers la vie d’après et c’est con, tu vas devoir vraiment devoir la trouver mon vieux, sorry".
Presque comme une ballade touristique dans le Paname d’aujourd’hui, une promenade nostalgique et atypique, comme une grande est à la fois un regard sur le paris cosmopolite, surprenant, inclassable et véritable (tout ou presque est référence, nom de rue, de métro, de troquet….) avec une foule de détails anodins qui résument si bien la ville, mais un regard lucide sur la vie de la narratrice (fait de doutes, d’angoisses, d’interrogations et d’affirmations pertinentes , ordinaires, logiques, cruelles mais nécessaires…)
Cette lorraine quarantenaire, née dans le début des années 70 à une époque où le questionnement parental n’était pas d’actualité, fille d’ouvrier d’usine (avant qu’il ne décide d’installer sa famille dans le 11ème à Paris passant d’ouvrier à directeur d’un service informatique sans une grande boite, sans se départir de son âme de gauchiste évidement), est aujourd’hui maman célibataire d’un gamin de 8 ans.
Elle raconte ses souvenirs de jeunesse avec sa sœur ainée, les différents hommes qui ont croisé sa route et fait parfois un petit bout de chemin avec elle, les jobs (incertains en terme d’avenir) qu’elle a pratiqués… on s’interroge un peu forcément sur la part d’Elisa Founiret dans ses pages. Et puis, bref, qu’est-ce que ça peut faire.
On savoure cette voix vive qui nous entraîne dans sa course (plus qu’une ballade) à travers la capitale et sa vie où le papa du môme, Jeff le facteur qui a très-trop-vite pris la tangente (question de survie avant d’atterrir en HP pour dépression), reste omniprésent (l’attachement toujours tenace)...........................................................
http://libre-r-et-associes-stephanieplaisirdelire.blog4ever.com/elisa-fourniret-comme-une-grande
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