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Constantin Alexandrakis

Constantin Alexandrakis
Constantin Alexandrakis est né en 1978. À 18 ans, il part construire une salle de bain sur l'île de Koh Tao en Thaïlande. Entre 20 et 22 ans, il suit une formation de dessinateur publicitaire assez déprimante. De 23 à 29 ans, il travaille chez Colgate comme designer de brosse à dents, dém... Voir plus
Constantin Alexandrakis est né en 1978. À 18 ans, il part construire une salle de bain sur l'île de Koh Tao en Thaïlande. Entre 20 et 22 ans, il suit une formation de dessinateur publicitaire assez déprimante. De 23 à 29 ans, il travaille chez Colgate comme designer de brosse à dents, déménage des frigos, devient testeur de résistance pour chaussettes de rugby, puis s'enthousiasme pour le RSA. Ces dernières années, il apprend le grec et oriente sa pratique d'artiste vers l'écriture. Sous le pseudo Gwyneth Bison, il a publié dans les revues Le Tigre, Minorités, Z, le Journal des Laboratoires d'Aubervilliers, a tenu une chronique mensuelle sur les jeux vidéo pour la Gaîté lyrique et exposé ses œdipe graphiques à l'espace Khiasma. Il vit actuellement à Lille.

Avis sur cet auteur (2)

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    Couverture du livre « L'hospitalité au démon » de Constantin Alexandrakis aux éditions Verticales

    Marie-Laure VANIER sur L'hospitalité au démon de Constantin Alexandrakis

    Quel texte ! Immédiatement, la question que je me pose est : quel degré de souffrance, d’impuissance et de solitude faut-il atteindre pour écrire un récit comme celui-ci ? L’auteur, Constantin Alexandrakis, a subi lorsqu’il était jeune « de menues atteintes sexuelles, discontinues, quelque part...
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    Quel texte ! Immédiatement, la question que je me pose est : quel degré de souffrance, d’impuissance et de solitude faut-il atteindre pour écrire un récit comme celui-ci ? L’auteur, Constantin Alexandrakis, a subi lorsqu’il était jeune « de menues atteintes sexuelles, discontinues, quelque part entre 9 et 14 ans. » Maintenant qu’il est père, son angoisse, sa terreur absolue, son impensable est de reproduire la violence, d’avoir des gestes déplacés par rapport à son propre enfant. Il veut être sûr de ne jamais faire subir ce que lui a subi, ne jamais devenir démon à son tour. C’est un homme qui doute, s’interroge, lutte, débat avec sa conscience sans relâche pour calmer ses démons intérieurs qui l’empêchent de vivre : il consulte, demande de l’aide, entame une psychanalyse, se tourne vers une association. Dans une société sensibilisée à la question de la violence sexuelle, il devrait trouver une écoute bienveillante, un soutien. Alors, il parle, il dit son effroi, son désarroi, son dégoût, sa haine. Il est franc, honnête, se dévoile, ose dire la vérité. Il raconte son problème avec sa masculinité, lit les textes d’autres victimes, fouille, cherche des témoignages, essaie de comprendre comment la société a pu laisser faire ça. Il replonge dans un passé mythologique pour tenter de saisir l’origine du mal, puise inlassablement dans la littérature, le cinéma, la musique... Il essaie de dresser une cartographie du « Grand Continent des Violences Sexuelles. » Il découvre que la pédophilie est partout et qu’elle traverse les époques. Il analyse cette société des années 80 où les pédophiles ne se cachaient pas, une société qui aveuglément offrait l’hospitalité au démon. Depuis, il y a eu MeToo, les temps ont changé. Et pourtant… Est-ce qu’un homme peut exprimer ouvertement ses cauchemars, avouer ce qui lui pourrit la vie ? Est-ce que quelqu’un est susceptible de l’aider à vaincre la bête qui le ronge ?
    Jamais je n’ai lu un texte aussi torturé, aussi habité. Chaque phrase se fait l’écho d’une peine absolue et terrible. Lire ce texte, c’est entrer dans un monde étrange nourri de mythologie nordique, une espèce de Danemark imaginaire et bien pourri, froid et bien glauque… La langue est extrêmement inventive, originale, drôle souvent. Elle claque, cogne, pulse. Elle est d’une vivacité, d’une énergie terrible et puissante. Les métaphores percutent, les niveaux de langue s’entrechoquent, les néologismes fusent. Même la typographie s’affole, les lettres s’épaississent, les caractères spéciaux se mélangent… Quelle incroyable créativité ! Un texte dur, terrible et fou qui bouscule et laisse K.O.

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    Couverture du livre « L'hospitalité au démon » de Constantin Alexandrakis aux éditions Verticales

    s.laby sur L'hospitalité au démon de Constantin Alexandrakis

    De la première à la dernière page, il est le Père. Peut-être que c’est trop dur d’être autre chose, et trop dur de dire “je” tout le temps. Peut-être qu’il refuse d’être une victime, ou une ancienne victime, ou un probable coupable, ou même un homme. “Je voudrais arriver à la flamboyance...
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    De la première à la dernière page, il est le Père. Peut-être que c’est trop dur d’être autre chose, et trop dur de dire “je” tout le temps. Peut-être qu’il refuse d’être une victime, ou une ancienne victime, ou un probable coupable, ou même un homme. “Je voudrais arriver à la flamboyance paternelle, calme et solide comme un grand arbre, souple comme un oiseau, mais je n’y arrive pas, je n’ai plus de disponibilité, de générosité, de courage et d’énergie, je n’ai plus rien à offrir, il ne me reste que très très peu d’amour, et beaucoup de colère.” Les choses sont expliquées, expédiées, en une phrase à la fin du troisième chapitre : “Précisons qu’il a subi de menues atteintes sexuelles, discontinues, quelque part entre 9 et 14 ans.”

    Alors que sa fille, sa Princesse, sa Protégée, sa Principale, a deux ans et demi, le Père est épuisé. Par le manque de sommeil, les comptines à répétition, les tunnels du soir, le climat brumeux et danois de son pays d’accueil, mais aussi par une rage enfouie et une inquiétude montante. “Au loin, germe et fleurit une angoisse : le cauchemar d’une paternité criminelle. Le mec qui n’y arrive pas. Qui foire tout. Le loser. L’abruti qui va devenir domestiquement violent.” Le Père s’agite comme il peut face à ce démon intérieur et envahissant. Il boxe, il court, il s’entraîne, il s’étire, il respire, il voit des psys. Et surtout, il lit beaucoup. Vraiment beaucoup. La biographie de Flavie Flament, Lolita de Nabokov, et quantité de témoignages de victimes d’inceste, celles et ceux qui ont “grandi à pédoland, comme lui”. “Le trauma qui se réplique à l’infini, le traumatisant traumatisme des uns, des unes, des autres, balancé à toute force dans les couloirs du palais des miroirs qui nous occupe le crâne : que faire de toutes ces paroles ?” Ambitieux, le Père entreprend ainsi, tel un “Grand Touriste de la Pédoquestion”, une cartographie exhaustive du “Grand Continent des Violences Sexuelles” - “qué sapelerio pédoland”. Un projet hélas vain tant le mal est partout. “Le degré d’alerte, de veille et de soupçon est frøidement maximum. Il concerne tout le monde. Lui-même au premier chef.”

    L’écriture est singulière, conceptuelle, perturbée, énervée - mais comment peut-il en être autrement, quand ça fait “des années qu’il se demande : pourquoi, à quatorze ans, j’avais l’exact sentiment, et même la fierté, de savoir ce que c’est que d’être une petite pute ?” Les psys, en particulier, sont dézingués, dans une critique farouche et argumentée - pas tous, mais “chers lecteurs, chères lectrices, apprenez qu’il rôde dans nos villes boréales de véritables dangers publics diplômés.” Le Père avoue, avec une immense sincérité, que “tout cela est extrêmement pénible à écrire.” À tel point qu’il lui faut parfois, pour certains termes, un autre alphabet, plus ou moins nordique, avec des lettres comme perverties. Ou bien des majuscules à certains mots, pour invoquer quelque chose de supérieur, comme la Vérité, ou comme le grand, très grand Musée du Viol et des Violeurs, le MVV, qu’il imagine à Tourcoing, la ville de Darmanin.

    Comment être parent après avoir été abusé enfant ? Le Père pense vengeance. C’est tentant de faire trinquer l’agresseur. “Qu’il me paye la psychanalyse, ce fils de brosse à chiotte.” Il pense écriture et échanges. “Ce serait précisément ça, la solution ? Parler parler parler ? Bri-briser le silence qui pourtant semble inépuisable, suprême, absolu, colossal, tel le ciel, l'azur, qui, remarquons-le, ne nous a jamais, absolument jamais, rien répondu ?” Il pense vaccin, le Pedox170. Il pense mais rien ne vient. “Je n'ai, hélas, pas de solutions à proposer. J'essaye de toutes mes forces d'exclure l'assassinat ciblé, réalisé par les premiers-premières concerné.es. De sortir du monstrueux. Alors il me reste les bases : les soins, l'éducation, et la culture, une tout autre culture que celle exposée ici, à mettre en partage.” Le travail commence entre ces pages, préfacées par Neige Sinno, tout près du démon.

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