Cinq romans du moment, qui décortiquent brillamment notre rapport au corps
Cinq romans du moment, qui décortiquent brillamment notre rapport au corps
Vierge fait partie de ces "OLNI" Objet Littéraire Non Identifié on croit que ça part dans un sens et finalement non...
Pourtant j'attendais beaucoup de ce livre en lisant la quatrième de couverture. Au fil de ma lecture et malgré quelques bons passages je n'ai pas accroché et ne me suis pas attachée à Maxine son héroïne. Un livre d'une grande originalité cependant, mais la vulve chantante c'était peut-être un peu trop loufoque !
Je scrute mon sexe qui se remet à pleurer aussitôt. Il dit, Je m'ennuie, je m'ennuie, je m'ennuie, c'est illégal comment je m'ennuie. Je ferme les yeux, serre les poings et secoue la tête avec frénésie comme pour me réveiller d'un cauchemar. Ma vulve me parle, comme le chandelier dans La Belle et la Bête, les animaux du Docteur Dolittle ou les jouets d'Andy dans Toy Story. J'ai l'impression d'être au cour d'un générateur de contes Pixar qui aurait dérapé."
Soyons honnête, j'ai eu envie d'arrêter la lecture très vite. Même avant que la vulve de Maxine se mette à parler. Mais je ne suis pas de celles qui laissent un livre en plan. Alors, je me suis laissée apprivoiser par Constance Rutherford et son héroïne de 25 ans, un peu perdue, pionne dans un lycée et mal dans son corps.
"Mes parents sont déçus. Ils aimeraient pouvoir répondre "prof d'anglais","infirmière" ou "avocate" à la question : "Que deviennent vos filles ?'. Des vrais métiers grâce auxquels on remplit son devoir moral, on paye des impôts et on participe à l'entretien de la force publique. Au lieu de ça, ils ont engendré un têtard immutable qui se regarde vivre et s'autoanalyse en permanence."
Un premier roman portrait d'une génération et d'une époque, Maxine, 25 ans, encore vierge : une tare ou une bénédiction ? Pourquoi se conformer obligatoirement à la "norme", en tout cas, ça devient une obsession pour l'héroïne, obsession un peu lassante pour le lecteur. Un roman qui ne restera sans doute pas dans les mémoires, mais l'écriture fluide et envolée me donne envie de voir la suite.
Les trajets en Uber, les conversations sur WhatsApp, les applications de rencontre, les indécisions quant à la vie professionnelle… Certes, tous les ingrédients propres à la nouvelle génération sont là. Mais ce livre va bien au-delà de ces poncifs : il racle le fond de la pensée de cette jeunesse désorientée, incarnée par Maxine, vingt-cinq ans, un mètre quatre-vingt, pionne dans un collège, encore et toujours vierge.
Très rapidement, on devine les petits traumatismes de l’héroïne, glissés au milieu de tous ses autres complexes. Maxine est au-delà de la sincérité. Ses séances chez l’esthéticienne, son rapport au corps, ses cours de théâtre… Même son attachement aux livres est brut. “Les livres m’ont toujours intimidée. Je les ai longtemps associés à tout ce que je ne savais pas. Je les pensais bourrés de mots de dictée comme ‘âpre’ ou ‘brumeux’.”
Maxine ne sait pas. Comment vivre, comment être, comment aimer les autres et comment s’aimer elle-même. Elle couve “une haine de tout ce qui faisait pro ou prêt-à-penser républicain comme le passé simple, les jeux de société, les chaussures Camper avec les lacets en diagonale, France Inter, ces bouffons de Fred et Jamy, les jeux de mots, le théâtre, Dominique Dimey et son droit des enfants, les Fables de La Fontaine, les parents d’élèves à la sortie de l’école, les mamans avec les cheveux courts qui adorent le Burkina Faso et les ateliers d’écriture.”
Constance Rutherford écrit comme on perce un bouton. Ça fait mal et ça gicle.
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