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Deux ans, trois mois et deux jours après la disparition inexpliquée d'une jeune fille, Morse est chargé de reprendre l'enquête que son collègue, l'excellent policier Ainley n'avait pu résoudre. "Les cours reprenaient en général à 13h45. Valérie partait en général à 13h25. C'est ce qu'elle fit le 10 juin. Tout allait bien en cet après-midi sans nuage. Valérie emprunta la petite allée puis tourna en direction du lycée en faisant un signe de la main à sa mère. Elle ne l'a plus jamais revue." (Page 46).
Bien qu'aucun corps ne fut jamais retrouvé, Ainley, qu'inquiétaient certains aspects de l'affaire, considérait qu'on pouvait vraisemblablement penser que Valérie était morte. Mais lorsque les parents de Valérie reçoivent un billet de la jeune fille les informant qu'elle va bien et qu'ils ne doivent pas s'inquiéter, le superintendant Strange décide de rouvrir l'enquête.
A noter qu'Ainley est décédé la veille de l'envoi de la lettre adressée aux parents de Valérie dans un accident de la route alors que justement il rentrait de Londres. Coincidence?
Mais au cours du week-end suivant, une série d'incendies criminels perpétrés dans des boîtes de nuit et des cinémas met la police sur les dents. 3Toutes les huiles de la police, y compris lui-même, avaient été réunies d'urgence. Il fallait impérativement mobiliser tout le personnel disponible. Tous les suspects connus, des républicains irlandais aux anarchistes internationaux, devaient être interpellés et interrogés. Le chef de la police voulait des résultats rapides." (Page 39).
C'est ce contexte difficile que Morse et son lieutenant Lewis se rendent à Londres dans l'espoir de retrouver la piste de la jeune disparue.
Une délicieuse et authentique ambiance "seventies" pour ce second opus des enquêtes de Morse. Les lieux, les personnages, tout concourt à nous ramener des décennies en arrière, pour ceux qui ont connu cette époque; pour les autres, il n'y aura qu'à évoquer les tourne-disques, le receveur du bus qui actionne le tourniquet pour valider les billets, les gens qui fument dans le pub. Toute une époque révolue où l'ADN et les méthodes scientifiques modernes n'avaient pas encore pris leur place.
Un roman agréable dans lequel Colin Dexter confirme son talent à créer un univers qui lui est propre dans le monde du polar. La preuve en est le succès de la série télévisée adaptée de ses romans, mettant en scène un inspecteur loin des codes habituels du genre. Un moment de lecture agréable et divertissant.
Mort d'une garce est le huitième opus de la série des enquêtes de l'Inspecteur Morse écrit en 1989. Mais il est tout à fait possible d'en suivre le récit sans avoir lu les romans précédents. Ce roman s'inscrit dans la veine des romans à énigme, appelés aussi "whodunit", dans lesquels on retrouve l'ambiance des romans d'Agatha Christie ou de Patricia Wentworth: les enquêteurs glanent les indices à partir desquels ils réfléchissent bien plus qu'ils n'agissent ( Voir l'article sur le Whodunit publié dans la rubrique "Policier: histoire du genre" du présent blog). Toutefois, Colin Dexter ajoute sa touche personnelle en accordant plus d'importance à la psychologie des personnages.
Les chapitres sont courts avec de nombreux dialogues et beaucoup d'humour, comme dans cet extrait au cours duquel Lewis rend visite à Morse cloué sur son lit d'hôpital: "Alors, reprit Lewis gaiement, comment vont les affaires? Qu'est-ce qui ne va pas, selon eux? -Ne va pas? Tout va bien! C'est juste une erreur d'identité. -Allons, sérieusement? fit Lewis en souriant. - Sérieusement? Eh bien, ils m'ont mis à un régime de grosses pilules rondes et blanches qui coûtent deux livres pièce, si l'on en croit les infirmières. Est-ce que vous vous rendez compte que vous pouvez avoir une petite bouteille de bordeaux tout à fait correcte pour ce prix? - Et la nourriture? Est-elle convenable? - La nourriture? Quelle nourriture? A part les pilules ils ne m'ont rien donné."
Originalité:
Mener une enquête avec pour base de départ un récit fictif écrit par un vieil homme sur un événement réel survenu en 1859.
Le style un peu maniéré au vocabulaire souvent recherché ne gâche en rien l'habileté du romancier à susciter l'intérêt du lecteur qui tourne page après page avec une certaine fébrilité afin d'en savoir plus. "Bien que certains témoignages fussent à l'époque contradictoires touchant quelques points individuels dans la suite fatale d'événements décrits plus bas, le motif général, tel qu'il se présente ici est - et a toujours été- incontesté." (Page 68)... "La pensée de la boisson commençait à requérir l'attention de notre patient qui, avec un soin et une circonspection infinis, se versa un doigt de scotch dans le verre posé à son chevet, noyé dans autant d'eau." (Page 82) => Tout ça pour dire que Morse, bien qu'hospitalisé, continue à boire de l'alcool !!
Cela dit, Mort d'une Garce dégage le charme faussement désuet des ambiances so british!, et toute l'intelligence de Colin Dexter est d'utiliser ce charme afin de proposer une enquête labyrinthique qui entraîne le lecteur dans les méandres des incertitudes, des questionnements, des états d'âme et des lumineuses déductions de l'inspecteur Morse. Et la façon magistrale avec laquelle il manie les changements de style selon le récit en cours ou les différentes lectures de Morse est remarquable !
En ce qui concerne la narration, le contexte hospitalier est rendu avec tellement de justesse qu'on pourrait presque s'écrier: "Ça sent le vécu!!" Tous ceux qui ont fait un jour cette triste expérience seront certainement d'accord avec moi...
Suite à un malaise causé par un ulcère à l'estomac, l'inspecteur Morse est hospitalisé en urgence, le foie et l'estomac gravement endommagés par l'alcool et le tabac. Alors qu'il vient d'être installé dans la salle commune, l'un des patients, le vieux Wilfrid Deniston, décède.
Confortablement installé dans son lit, Morse, ayant besoin de distraction lorsqu'il ne sombre pas dans une douce torpeur due aux médicaments, observe son environnement: ses voisins perfusés, ceux qui meurent, les allées et venues des infirmières dispensant les soins, les visiteurs...Mais l'inspecteur, homme cultivé et intelligent, habitué, à des activités plus intellectuelles, ne tarde pas à mourir d'ennui. Ainsi, quand son assistant, le sergent Lewis, lui apporte deux livres, il les accepte avec soulagement.
Un troisième recueil lui est également offert par la veuve de Wilfrid Deniston, décédé la veille. Cette dernière, afin de remercier le personnel soignant et certains des patients, dont Morse, pour leur gentillesse avec son mari, leur offre un exemplaire du petit ouvrage intitulé Meurtre sur le canal d'Oxford, une histoire criminelle que le vieil homme a passé sa vie à rédiger à partir des Registres d'Assises d'Oxford de 1860 et des parties du procès rapportées dans le Jackson's Oxford Journal d'avril 1860. Le petit ouvrage est remisé dans la table de nuit.
Quelques jours plus tard, l'inactivité lui pesant de plus en plus, et les livres apportés par Lewis se révélant finalement bien peu intéressants intellectuellement, Morse reprend le petit ouvrage rangé dans le tiroir de sa table de nuit et en commence la lecture. Seules quelques pages seront nécessaires pour éveiller son intérêt: Wilfrid Deniston relate l'histoire d'un viol et d'un meurtre commis sur la personne de Joanna Franks en 1859. Très vite, l'intérêt du policier est mis en alerte: les incohérences qu'il décèle dans le procès des trois marins coupables, dont deux seront pendus, hantent ses rêves. En proie à de nombreuses questions, notamment sur les circonstances particulières du meurtre de Joanna Franks qui, tout à tout, apparaît comme victime ou comme allumeuse, Morse, et afin d'occuper ses longues heures d'oisiveté, décide de reprendre l'affaire point par point .
Commence alors l'enquête la plus originale de la littérature policière: secondé par Lewis et par Christine Greenaway, la fille de son voisin de lit, bibliothécaire à la Bodleian Library d'Oxford, qui assureront les déplacements et recherches nécessaires à la reconstitution des faits, Morse oublie ses ennuis de santé, son inactivité forcée et la surveillance serrée exercée par l'infirmière-chef. Depuis son lit d'hôpital, il réunit tous les éléments et indices afin de constituer un nouveau dossier et l'histoire qu'il reconstitue soigneusement ne raconte pas la même chose que les archives du procès...
Toute l'originalité de ce roman est l'enquête menée à partir des extraits d'un ouvrage fictif, écrit par un personnage romanesque, relatant des faits considérés comme réels dans une fiction par un inspecteur de police hospitalisé, donc complètement immobilisé. Du coup, tout repose sur ses facultés à interpréter des éléments tangibles et sur ses facultés de réflexion, seulement avec l'aide de deux assistants.
Nous nous retrouvons ainsi sur un pied d'égalité avec Morse puisque nous avons accès aux mêmes documents que lui. Seulement voilà!! Tout le monde ne s'appelle pas Morse dont l'expérience et l'esprit lucide et aiguisé fait la différence avec nous pauvres lecteurs...Avec en prime le charme désuet de la cité historique d'Oxford
En conclusion, je conseille vivement la lecture de ce roman très divertissant, aux nombreuses qualités, qui a en plus le mérite de nous faire passer un très bon moment tout en exerçant nos petites cellules grises...
Ce roman est le deuxième de Colin Dexter mettant en scène l'inspecteur Morse dont l'adaptation télé « Les enquêtes de l'inspecteur Morse » a été diffusée sur France 3.
L'inspecteur Morse est chargé de reprendre l'enquête de son collègue qui vient de décéder dans un accident de voiture en revenant de Londres où il enquêtait sur la disparition d'une jeune et jolie lycéenne de 17 ans, deux ans auparavant à Oxford.
Or, le lendemain du décès du policier, les parents de Valérie reçoivent un courrier laconique, posté de Londres : « Tout va bien. Bons baisers. Valérie. »
S'agit-il d'une coïncidence ou bien le meurtrier présumé de la jeune fille cherche-t'il à berner la police ?
L'inspecteur Morse aime traîner dans les pubs, boire nombre de pintes de bière et porte souvent un regard quelque peu lubrique sur les femmes qu'il croise, même en service. Ce n'est pas le souvenir que j'avais de la série télévisée mais j'ai trouvé qu'il était bien plus humain dans le roman.
Quoiqu'il en soit, il parviendra à résoudre l'énigme après avoir échafaudé plusieurs théories tout au long de son enquête. Il nous faudra attendre les toutes dernières pages pour avoir le fin mot de l'histoire.
Si vous n'aimez pas les cadavres bien saignants, les descriptions horribles mais plutôt les réflexions, les enquêtes de terrain dans les années 1950 en Angleterre, alors ce roman est fait pour vous !
Dans la région d’Oxford (Grande-Bretagne), deux jeunes femmes attendent un bus qui doit les amener à Woodstock. Malheureusement, il est déjà tard et le seul bus qui passe ne s’y rend pas. Il ne leur reste plus qu’à faire du stop. Une voiture rouge s’arrête et les embarque. Quelque temps plus tard, la plus sexy des deux auto-stoppeuses est retrouvée morte, le crâne défoncé par un démonte-pneu, dans la cour du « Black Prince », pub assez chic du coin. L’inspecteur Morse et son adjoint Lewis se retrouvent chargés de l’affaire. Mais dès le début, il leur semble que la seconde jeune femme, Jennifer, leur ment effrontément et cherche à cacher quelque chose. En étudiant les courriers des collègues de la compagnie d’assurances où travaillaient les deux femmes, Morse découvre une lettre anonyme assez étrange qui semble codée. L’enquête s’annonce délicate et compliquée. Et pour ne rien arranger, voulant boucher un trou dans un mur de son appartement, Morse tombe du haut de son escabeau et se foule le pied…
« Dernier bus pour Woodstock » se présente comme un roman policier de facture tout à fait classique. Un meurtre. Un deux trois suspects. Autant de fausses pistes et de rebondissements possibles. Du début à la fin, ce diable de Colin Dexter, en parfait émule de la très grande Agatha Christie, nous balade d’hypothèse en hypothèse au gré de l’intuition et de l’imagination débordante de Morse, son enquêteur vedette. Fantasque, un brin caractériel voire sadique envers son partenaire souffre-douleurs, celui-ci se révèle comme un personnage atypique et attachant car pétri d’une humanité un brin bougonne. L’intrigue subtile et intelligente est si brillamment menée que le lecteur ne peut que suivre sans jamais vraiment pouvoir anticiper ni même deviner où on l’entraine. Les personnages secondaires sont intéressants et bien campés. Une mention spéciale pour Lewis. Après Holmes et Watson, Poirot et Hastings, voici donc un duo, Morse et Lewis, qui fonctionne parfaitement ! Le style est agréable et facile à lire. L’intérêt ne faiblit jamais vu le nombre de péripéties savamment distillées. Au total, un très agréable moment de lecture et de divertissement.
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