Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !
C’est un coin d’Amérique profonde, une région rurale et plutôt déshéritée, mais qui, au coeur de ses collines des contreforts des Appalaches, abrite une nature généreuse et sauvage, à l’écart du monde et de son tapage. L’on y vit encore selon des codes ancestraux prônant l’ardeur au travail et l’honneur du sang, prêt à se défendre bec et ongle contre ce qui viendrait troubler un ordre depuis longtemps figé. Hommes taiseux et femmes teigneuses ne craignant rien ni personne, tous dans la petite localité de Rocksalt se connaissent ainsi de près ou de loin malgré leur distance bourrue et n’hésiteront pas à se prêter main forte face à l’étranger malveillant.
C’est là qu’en convalescence après une blessure de guerre, l’enquêteur militaire Mick Hardin, déjà protagoniste des Gens des collines, le précédent et premier tome de ce qui sera à terme une trilogie policière, est revenu cohabiter avec les fantômes de son enfance autant qu’avec sa sœur, première femme shérif du comté en pleine campagne pour sa réélection. Alors qu’il se morfond, abusant un peu trop des antidouleurs sans pouvoir se résoudre à signer les papiers de son divorce, Shifty Kissick, une veuve âgée qui le renvoie au souvenir du grand-père qui l’a élevé, lui l’orphelin, dans sa cabane au milieu des bois, lui demande d’enquêter sur la mort de son fils, un dealer sans envergure que la police a déjà classé aux pertes et profits des règlements de comptes entre rivaux.
Ses vieux réflexes militaires aussitôt réveillés pour le bien de « ceux qui n’ont pas encore été tués », voilà notre homme embarqué dans les péripéties musclées d’une affaire aux ramifications inattendues, susceptibles de l’entraîner, selon la vieille loi locale de l’honneur et du sang, dans un exercice d’auto-justice au prix exorbitant. Rondement menée dans un suspense sans faille, l’action laisse les pages se tourner d’elles-mêmes. Mais si, comme à la fin de toute intrigue policière, les coupables trouvent leur châtiment, ce n’est ici, dans une mélancolie déchirée entre l’attachement viscéral à la beauté paisible des lieux et la violence employée pour la défendre, que pour mieux souligner l’insoluble tragédie d’un homme rattrapé malgré lui par les atavismes culturels qu’il s’était évertués à fuir au loin.
Comme à son habitude, Chris Offutt signe avec ce dernier ouvrage bien plus qu’un polar addictif et enlevé. Peinture de l’Amérique rurale du Kentucky comme figée dans un autre temps, sa prose est aussi une réflexion mélancolique et fervente sur ce qui nous pousse, malgré la douleur, à rompre avec nos attachements et nos racines, à envisager l’avenir plutôt que le passé.
Deux mots sur ce recueil de nouvelles qui est un modèle du genre.
Chris Offutt nous amène dans son Kentucky à travers huit tranches de vies. En quelques pages, il dit tout de ceux qui ont quitté les collines, sont sortis du bois et n’aspirent qu’à y revenir, de ceux qui voudraient en partir mais n’y parviennent pas. Huit histoires sur le lien ambigu qui uni habitants et territoire, une relation d’amour-haine qui façonne les hommes.
Ce sont des histoires banales de gens lambda, chauffeurs de camion, joueurs, vagabonds, aussi rudes que la nature dans laquelle ils sont nés.
Ce sont des éclats de vie magnifiés par l’infini talent de Chris Offutt pour sonder les âmes.
Chris Offut a été particulièrement remarqué pour ces précédents romans appalachiens « Nuits Appalaches » et « Le Bon frère », et adoubé par ses illustres aînés, aujourd’hui disparus, Jim Harrison, James Salter ou encore Larry Brown.
« Les Gens des collines » est le premier volume d’une trilogie policière qui se déroule au cœur du Kentucky et de ses collines, dont le deuxième opus « Les Fils de Shifty » vient tout juste de paraître aux éditions Gallmeister.
Le corps d’une femme a été retrouvé dans les bois par le vieux Tucker. Vêtue d’une robe élégante, dans une position disgracieuse, une chaussure manquante.
Linda Hardin, la shérif du comté, a besoin, pour résoudre cette enquête, de son frère. En poste depuis peu, tous ou presque veulent la voir déguerpir : que ce soit le maire qui veut que la police de Morehead prenne le relais, l’administrateur du comté qui, détestant leur famille, veut refiler l’enquête à la police d’État, ou encore un grand manitou du charbon qui va, d’ailleurs, lui coller un agent spécial du FBI pour l’assister. En somme, avoir une femme shérif ne plaît guère à la gente masculine.
Linda va chercher l’appui de son frère, Mick, de la division des enquêtes criminelles de l’armée, actuellement en permission, le plus à même de recueillir des confidences, d’autant qu’il connaît les collines comme sa poche. Un service qu’il ne peut lui refuser même si l’objet de sa permission n’avait qu’un unique but : tenter de sauver son mariage avec Peggy...
« Les Gens des Collines » est un titre approprié à ce roman dans lequel Chris parle finalement principalement de ces « gens », car l’enquête de Mick reste classique dans sa résolution – sans coup d’éclat – et ne sert que de prétexte à raconter cette communauté rurale, où tout le monde connaît les petits secrets ou les traumatismes de chacun, l’écho lointain du monde se fait entendre.
Chris Ottuff chronique avec beaucoup de justesse cette Amérique profonde qui semble figée dans le passé et gangrénée par la petite criminalité, celle des trafics de drogue et d'armes, la petite délinquance des jeunes déshérités de cette région.
Cela offre des dialogues savoureux où les silences pèsent aussi lourd que les paroles et l'auteur sait parfaitement gérer les deux avec efficacité. Néanmoins, l'ennui risquera de vite gagner le lecteur à cause de répétitions ou encore des atermoiements successifs des protagonistes. On ne compte plus les mentions du personnage principal qui monte dans son pick-up, et on regrettera l'absence quasi totale de la nature sauvage qu’on imagine pourtant dans cette région reculée des Etats-Unis.
Avec une impressionnante économie de moyens - chaque mot pesé avec soin - l’auteur fait sentir le désarroi de cet homme blessé qui n’est plus chez lui nulle part, ni dans sa maison, ni dans la vieille cabane de son enfance. Cela pose les bases d’un personnage dont l’évolution sera intéressante à suivre dans la suite de la trilogie.
Ne vous y meprenez pas, cette fiction policière avec meurtre, flic et enquête, ne trouve d’intérêt que dans sa chronique sociale d’une Amérique profonde en proie au déclassement et à une criminalité endémique. Un début de trilogie qui pose des bases solides, sans pour autant convaincre pleinement.
Rocksalt, Kentucky. Un corps est découvert abandonné dans un parking, celui d'un trafiquant d'héroïne. La police locale semblant peu diligente à vouloir trouver le coupable, la mère convainc Mick Hardin, membre de la CID ( Division des enquêtes criminelles au sein de l'armée américaine ) qui se remet d'une blessure chez sa soeur shérif du comté, de mener officieusement une enquête afin de découvrir qui a assassiné son fils.
Ceux qui ont aimé Les Gens des collines retrouveront avec grand plaisir Mick, les autres auront plaisir à découvrir un enquêteur affûté et décontracté, à l'ordre moral taillé dans le roc des collines des Appalaches, doté de la capacité à faire parler les plus taiseux, maniant l'autodérision à merveille tout en portant un regard humaniste sur ses semblables. Sa rectitude morale le porte à accorder la priorité à la justice légitime plus que légale, faut pas le chauffer ...
L'enquête en elle-même est extrêmement bien conduite, le meurtre initial révélant tout un réseau d'interactions insoupçonnés qui enclenchent un cycle de violence et de vengeance dont on ne peut deviner jusqu'où il va aller … si ce n'est un final brillant et pétaradant en mode western contemporain. Intrigue efficacement tracée resserrée sur 250 pages à l'écriture discrète mais grandement évocatrice avec la pudeur de son regard et sa lucidité tranchante.
Ce qui distingue ce polar rural noir d'un autre, c'est la maîtrise et l'affection de Chris Offutt pour le décor et les gens qui y vivent. Il sait comme personne dire la beauté des paysages heurtés des Appalaches, tout comme la rudesse et la générosité des autochtones. Les personnages secondaires sont mémorables, à la fois bruts et avisés, de vraies gueules décrites en quelques lignes. Se déploie ainsi une ambiance qui suinte l'authenticité de partout, à commencer par ses dialogues vifs, rapides et drôles.
Et puis il y a la capacité de l'auteur à manier des sensations oxymoriques jusqu'à les faire fusionner : la tendresse côtoie la rudesse, le pessimisme le plus profond quant aux capacités de nuisance des hommes ( cupidité, destruction environnementale, trafic de stupéfiants ) n'empêche pas la lumière de percer. Derrière l'explosion des sentiments primaires, le poids émotionnel qui semblait fort enfoui remonte à la surface dans des ultimes pages étonnamment apaisantes étant donné ce qui a précédé.
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