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De Paul Signac on connaît sa carrière de peintre, son amitié avec Seurat, Pissaro, Monet, sa passion pour la mer et son engagement politique, proche du mouvement anarchiste parce que profondément pacifiste. Mais sa vie intime est plus mystérieuse et pour cause : il a mené une double vie en épousant Berthe Roblès mais la quitta juste avant la première guerre mondiale pour une ancienne voisine et amie du couple, Jeanne Selmersheim-Desgrange. Il n’avait jamais pu avoir d’enfants avec sa première compagne et de l’union illégitime naquit une petite fille Ginette qui fut… adoptée par son épouse à la demande du peintre lui-même. Il ne demanda jamais le divorce contrairement à sa maîtresse qui se séparera de son mari et de ses trois enfants. Une famille recomposée semblant bien avant-gardiste en ce début du XX° siècle.
Cette histoire privée et familiale ne pouvait être narrée que par un descendant de la famille, ou plutôt une descendante, l’arrière-petite fille de l’artiste, Charlotte Hellman. Après un travail de recherche très rigoureux pour savoir exactement ce qui s’était passé, et surtout, comment les deux femmes avaient vécu ce partage d’homme. Pour le peintre, il suivit sa conception pacifiste en essayant de ne jamais envenimer les faits et de concilier ses deux vies, ses deux femmes : « Vivre avec l’une, veiller sur l’autre ».
Si on n’apprend rien sur l’œuvre de Paul Signac, c’est une très riche radioscopie sur l’histoire d’un couple séparé mais pas déchiré dans la société du début du XX° siècle et sur la façon dont le peintre essaie de concilier les deux parties. L’auteure prend une direction objective, sans prendre partie, en tentant de se mettre successivement à la place des deux femmes.
Une biographie romancée agréable à lire et qui donne envie de replonger dans la création artistique de l’époque.
Livre lu dans le cadre du Prix Orange du Livre 2019
https://squirelito.blogspot.com/2019/02/une-noisette-un-livre-glissez-mortels.html
Paul Signac est un des artistes peintres les plus connus des années 20, précurseur du pointillisme, admirateur de Bonnard et amis de tant d’autres…
Berthe, qu’il épouse en 1892, est celle avec qui il n’aura pas d’enfants, mais qui l’accompagne de Paris à saint Tropez, ce petit port de pêche charmant à la lumière incomparable, pendant plus de vingt-huit ans…
Jeanne, c'est la voisine de palier qui emménage en 1899 dans ce bel immeuble construit par ce nouveau génie de la décoration qu’est Hector Guimard. Jeanne l’artiste, la femme, la mère, celle qui abandonne mari et enfants pour partir avec lui, qui lui donnera Ginette, cette enfant dont il rêve et qu’il fera finalement adopter par sa femme Berthe. Jeanne avec qui il passera vingt ans.
La relation entre Paul et Berthe est une relation de couple sereine et paisible, installés dans un certain confort. L’homme sait gérer son budget et l’artiste vend bien ses productions. Ils vivent à Paris, puis à Saint-Tropez, une vie facile et mondaine. Mais aucun enfant ne vient, au grand désespoir de l’un comme de l’autre.
Puis apparaissent les Selmersheim, ces voisins si charmants. Jeanne est artiste peintre, mère de trois enfants, femme comblée par un mari très conciliant. L’amitié entre les deux couples est quasi immédiate, ils se reçoivent, s’apprécient. Jusqu’au jour où les Selmersheim déménagent. Est-ce l’absence qui a créé le manque ? Toujours est-il que Paul et Jeanne vivent une relation adultérine intense, puis Jeanne quitte mari et enfants pour vivre avec Paul. Cette femme libre avant l’heure devra supporter toute sa vie le fait d’être celle qui a volé le mari d’une autre. Et comme Paul ne divorcera jamais, il ne pourra jamais l’épouser. La rupture sera douloureuse pour Berthe, mais son mari ne l’abandonnera jamais, il lui écrira sans relâche chaque jour de sa vie…
Relation croisée à trois ? Tout simplement l’amour, quand il vous prend, vous garde, vous transporte à tel point que l’on peut même accepter l’autre, comprendre le mari, continuer à aimer la femme que l’on a abandonnée, vouloir l’une et l’autre.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/02/09/glissez-mortels-charlotte-hellman/
Ce livre est pour moi une magnifique histoire d’amour autour de trois personnes faisant fi des préjugés de l’époque. Un récit brillant, écrit avec grâce, dans lequel nous nous immergeons dans l’univers artistique, peinture, sport, politique…j’ai beaucoup aimé ces gens d’une grande intelligence et tellement moderne.
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