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Un premier roman magistral très noir et pourtant si humain.
Une jeune femme en rupture avec sa famille et la société s’installe chez un couple d’anciens croque-morts pour y apprendre la taxidermie. Derrière leurs airs angéliques, la narratrice et la vieille madame Martin empoisonnent leur prochain – animal ou humain – pour parfaire leur pratique.
Leur but : effectuer, chacune à sa manière, une sortie en beauté.
J’ai aimé suivre dans une espèce de brouillard les deux femmes : pourquoi font-elles ce qu’elles font d’un commun accord ? Un accord oral a-t-il eu lieu loin du lecteur ? Où procèdent-elles tacitement ?
L’auteure nous promène dans un ancien funérarium à 3 étages, chaque étage dévolu à une tâche particulière.
Nous nous promenons également dans le quartier délabré de cette ville Belge : toxicomanes, érotomane, mais aussi joggeurs et animaux.
J’ai été moins passionnée par les descriptions des techniques.
J’ai aimé cette ambiance de non-dits ou la vieillesse est omniprésente : sa décrépitude, son attente de la mort.
J’ai aimé les leitmotivs du récit : les grosses veines en relief de la vieille dame ; la musique classique toujours présente.
J’ai aimé l’humour des personnages : la vieille dame qui garde son mari près d’elle dans le lit conjugal et qui visite l’amante de son mari dans un mouroir.
L’image que je retiendrai :
Celle des sirops contre la toux que la jeune fille achète au marché noir avec d’autres comprimés pour calmer les douleurs de la vieille dame, et planer un peu.
https://alexmotamots.fr/lapparence-du-vivant-charlotte-bourlard/
Je poursuis mes lectures de la rentrée littéraire hivernale 2022 et en voilà encore une très singulière, dont on n’a pas assez entendu parler.
Premier roman d’une jeune liégeoise (ville de Belgique pour ceux qui ne connaissent pas), il est très prometteur pour la carrière d’écrivaine de Charlotte Bourlard, écrit avec une plume sobre et mesurée.
Tout d’abord, sa couverture. Je ne peux pas vous écrire cette chronique, sans vous en faire part. Lorsque j’ai partagé la photo du livre sur Instagram, plusieurs lecteurs m’ont directement fait part de leur ressenti. C’est vrai qu’elle n’est pas commune et m’a accroché le regard dès que j’y ai posé les yeux. Je ne sais expliquer cette sorte de fascination qu’elle a eue sur moi. C’est assez osé et j’apprécie ça.
Ensuite, l’histoire. On parcourt une tranche de vie de l’héroïne, bien singulière au demeurant. Fascinée par la photographie de personnes âgées nues, elle trouve un emploi auprès du couple Martin, anciens gérants d’un funérarium. En plus de cette profession peu courante, Madame Martin a une passion pour l’empaillage d’animaux dont elle fait collection. Au fil des jours, naît une complicité filiale entre cette jeune photographe paumée et Madame Martin, sous l’oeil placide de Monsieur Martin.
Jusqu’alors, aucune de mes lectures n’avait pris place dans la ville de Liège. Ici, Charlotte Bourlard en décrit les bas-fonds, les quartiers mal-famés bien loin de l’animation touristique que peut connaître la ville.
C’est une lecture assez dérangeante en fait mais que, malgré ce sentiment, j’ai fort aimé. Bien loin des romans lisses, sans aspérités comme il en paraît des centaines par an, j’ai apprécié la prise de risque de cette primo-écrivaine. C’est une ambiance très sombre, où la cruauté n’est jamais bien loin que Charlotte Bourlard met en scène.
On y apprend plein de choses en taxidermie, univers que je ne connais qu’au travers de certaines lectures. J’avoue avoir survolé certaines phrases, un peu par inappétence. Mais, je salue le travail de recherches effectuées par l’auteure.
Avec un brin d’humour très noir, j’ai été captivée par ce roman sombre souvent immoral, éloigné de toute forme de bons sentiments et dont le thème central de la mort n’est jamais très loin.
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