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Lukas est marié, père d'un fille Léana et cadre dans une entreprise. Tout va bien. Sa vie explose le jour où il est interpellé, mis en garde à vue puis en détention provisoire pour un homicide involontaire commis par son frère Eddy. Eddy est un petit délinquant, dealer à ses heures. Lukas endosse la faute d'Eddy et découvre la prison. Il cohabite avec Rudy et Assane dans 9 mètres carrés. Sa femme et sa fille s'éloignent et ne comprennent pas. Eddy continue ses trafics.
Le prologue annonce la couleur, ce sera du noir profond, intense. Peu de place pour l'espoir et la lumière.
Au cours de chapitres aux narrateurs alternés : Lukas en prison, Eddy en trafic, Fred Bianchi et Franck Calhoun les flics qui ont entendu Lukas et quelques autres intervenants, Cédric Cham construit une histoire qui va vite, qui, si on peut se demander si le début n'est pas un peu exagéré -l'endos de la faute d'Eddy par Lukas-, ne laisse plus la place au doute dès que l'on progresse. Les deux frères sont prêts à tout l'un pour l'autre, même au pire.
Le roman est glaçant. Littéralement. Moi, claustrophobe qui ne supporte pas la promiscuité je sentis des gouttes de sueur, des angoisses monter à la lecture de l'arrivée de Lukas en prison. Elles redoublèrent lorsqu'il intégra sa cellule et ne diminuèrent point, tant la description que Cédric Cham fait de ce milieu est terrible. Et il sait de quoi il parle, il œuvre au sein de l'administration pénitentiaire. C'est d'autant plus flippant qu'on peut croire que ce qu'il écrit est le quotidien des détenus et des gardiens. La prison est violente. Le monde de dehors itou.
"Il y est.
Bouclé. Enfermé.
Lukas se sent con avec son sac plastique, son matelas en mousse et sa gueule d'innocent. Il tente de faire bonne figure. La chaleur est étouffante. Une vraie fournaise.
L'air vicié. Odeur de moisi, de sueur, de pisse et de tout un tas de trucs qu'il préfère ne pas identifier." (p.48/49)
Voilà, ça c'est le style Cham. Rien de superflu. Tout est dit en quelques mots. Du dense, du concret. Ça fuse et ça infuse dans la tête du lecteur qui se pose pas mal de questions sur les conditions de détention en France. Et Lukas de se poser des questions : vaut-il mieux espérer sortir et retrouver sa famille ou taire l'espoir, oublier la vie d'avant pour pouvoir supporter la prison ? Vingt-trois heures sur vingt-quatre enfermé entre quatre murs obligent à une gamberge folle, à des remises en cause qui partent dans tous les sens, celui du nouveau départ dès la sortie c'est promis et celui du à-quoi-bon surtout lorsque le temps, qui en prison, n'est pas le même que dehors -une seconde dure une minute et une minute une heure- fait son travail de sape.
320 pages dévorées. Je classe sans hésiter ce roman dans mes coups de cœur. En fait si, j'hésite... à créer une catégorie coup de poing dans la gueule.
Lukas vivait heureux entre sa femme Camille et sa fille Léana, mais çà c’était avant. Avant que son frère Eddy ne commette un acte irréparable. Lukas à toujours eu à cœur de protéger son frère et pour lui il va endosser les conséquences de son acte. Dès lors le récit se situe en milieu carcéral dans un univers qui a ses codes et ses lois. Lukas ne sait pas s’il arrivera à tenir le coup alors que dehors la vie continue et que sa vie est irrémédiablement marquée et qu’Eddy ne change pas. On parle de spirale infernale moi j’ai surtout vu un drame digne d’une tragédie grecque avec sacrifice et tout et tout. L’auteur maîtrise parfaitement la construction de ses personnages. La psychologie des deux frères joue sur le thème de la culpabilité, de la jalousie, c’est puissant avec une écriture sans concession qui appuie là où cela fait mal. Alors c’est noir terriblement noir, infiniment triste et surtout complètement vain. On ne lutte pas contre le destin, la fatalité ce que vous voulez avec des retours de manivelle céleste d’une violence inouïe. L’univers de Cédric Cham est décidément bien sombre, il nous en parle avec une telle maîtrise qu’on pourrait croire qu’il a vécu plusieurs vies et pas des plus heureuses pour en arriver à ce point précis où tout fout le camp. Une désespérance qui englue les personnages hommes ou femmes comme dans une toile d’araignée où ils se feront tous manger. Cette exploration du côté sombre de la force est un peu sa signature et c’est un domaine où il excelle, que pouvons nous faire nous autres simples lecteurs devant tant d’acharnement, en prendre plein la face et dire merci. Parce qu’après tout la vie c’est cela aussi des moments fugaces de bonheurs pour de grands moments d’incertitude. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2020/10/30/38557503.html
Cinquième roman de Cédric Cham, l'auteur au grand sourire mais aux univers bien sombres. Il nous propose cette fois une plongée profonde dans un monde carcéral qu'il connaît bien. Lukas n'avait a priori aucune raison de s'y retrouver, et pourtant c'est lui qui doit affronter ce microcosme au fonctionnement codifié, où tout se paye, d'une façon ou d'une autre.
Pendant le temps de son incarcération, son frère Eddy traîne de petits coups tordus en plans foireux au service d'un soi-disant frère de coeur, tout heureux d'avoir rencontré en Nina l'âme soeur, celle pour qui il se sent capable de changer de vie. Un couple qui a perdu sa raison de vivre crie vengeance, et un brigadier de la Crim' utilise les infos d'un indic qui le prend pour son bienfaiteur.
Tous les éléments d'un roman noir sont présents, et l'auteur, de son habituel style sobre et efficace, ne laisse que peu de moments de répit à son lecteur, témoin comme toujours impuissant d'une dérive aussi tragique qu'inéluctable, sans qu'il lui soit possible d'en appréhender la véritable ampleur avant les dernières pages.
Je n'ai pas été surpris de la noirceur du propos, en habitué des récits désespérés de Cédric Cham qui semble définitivement persuadé que ce sont les chants les plus beaux. Le roman de l'auteur qui me fera rire n'est certainement pas pour tout de suite, mais qu'il ne change rien et continue l'exploration de la part noire de l'âme humaine, exercice dans lequel il excelle.
Depuis que j'ai découvert les romans de Cédric Cham, chaque fois que j'en commence un nouveau je crains le pire, et... je ne suis pas déçu.
En fait de nouveau roman, je me suis attaqué à « La promesse », sa première oeuvre, après avoir lu les trois suivantes. Je remercie au passage Cédric de m'avoir permis cette acquisition tardive d'un livre sorti tout droit de son stock personnel.
Je m'attendais une fois de plus à un roman bien sombre de la part de cet auteur au rire pourtant communicatif. Et donc, pas surpris d'un prologue qui place de suite le lecteur dans une ambiance qui s'annonce des plus festives, avec le suicide raté de Samuel, flic qui n'a pu protéger sa femme assassinée sous ses yeux, et son réveil après quelques mois de coma.
La narration est en partie faite par Samuel. Son récit ménage le lecteur le temps de sa reconstruction physique et surtout psychique, temps qu'il met à profit pour se décider sur son futur, avant de finalement faire le choix de savoir qui et pourquoi, et de se lancer dans la seule option qui lui semble envisageable pour garder une raison de vivre : la vengeance.
Rien de bien neuf dans l'intrigue, un personnage qui se transforme en implacable justicier à la Charles Bronson n'est pas ce qu'il y a de plus original, et ce qui importe est le traitement que l'auteur en fait.
Le moins que je puisse dire, c'est que Cédric Cham ne s'embarrasse pas de nuances, tout est très noir, pas d'occasion de se réjouir. le style est à l'avenant, concis, direct. On a droit à du brutal, sans concessions, la quête de l'ancien flic ne souffrant aucune pitié, aucune faiblesse. Seules quelques touches lumineuses éclairent un peu cet océan de noirceur, lorsque Samuel raccompagne la jeune Jessika avec un K jusque chez elle, ou lorsque apparaît furtivement un rouge-gorge peu farouche.
Les lieux renforcent encore si c'est possible le côté obscur. Une ville, avec un fleuve, des docks, des hôtels un peu crades, des boîtes de nuit bien glauques où se défoule la faune interlope locale. Une ville dans laquelle se plonge Samuel avec comme piste de départ l'identité d'un des meurtriers de sa femme, ce qu'il espère être suffisant pour tenir sa promesse et retrouver la trace de tous les agresseurs. Une ville où, telle une ombre, un tueur aussi discret qu'efficace suit une route qu'il est préférable de ne pas croiser.
J'ai été très impressionné par ce premier roman de Cédric Cham, chorégraphie violente et sanglante magistralement mise en scène, servie par une écriture sobre d'une rare efficacité, superbe performance de roman noir.
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