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Ecriture élégante pour une histoire savoyarde passionnante.
Catherine Charrier a une écriture très fluide, presque élégante pour un thème que j'ai abordé pour la première fois. Ce qui rend ce livre intéressant c'est qu'elle en fait une épopée à la fois historique autant que sociale. Ce qui a été un peu moins captivant à mes yeux, c'est cette envolée alter mondialiste dont je n'ai pas compris l'intérêt ici et maintenant. C'est le seul bémol.
L'autrice nous fait entrer dans une famille savoyarde des Clarets pour nous emporter dans une authentique saga familiale et nous présenter l'histoire des commissionnaires savoyards d'un hôtel des ventes de Drouot. Elle nous plonge dans ce qui en constitue le tronc ; la transmission de pères en fils, leur vie, la maladie et le deuil, le déroulement et les secrets des enchères … c'est tout un monde cette histoire de l'UCVH, union des commissaires de l'hôtel des ventes.
Le tout débute en Savoie en juin 1861 pour arriver en 2009, le jour où un tableau de Courbet est retrouvé au domicile d'un Col Rouge. Six générations vont ainsi prendre vie de 1861 à 2022. Un siècle et demi qui file, fluide et harmonieux sous la plume de Catherine Charrier. On suit les hommes comme les femmes dans tout ce que comporte un quotidien avec ses thèmes tels que le travail, l'amour, la petite histoire imbriquée dans la grande histoire. Berthe, Léon, Jules, Henri et Gaston composent une famille toute en chaire.
Une citation pour imager ce que je nommais l'élégance de l'écriture de l'autrice :
« L'ogre Drouot qui, armé de 110 paires de bras, avait pendant un siècle et demi avalé et recraché tous ces objets, s'était aussi dégonflé, il ne pesait plus si lourd, il avait vieilli, et son métabolisme s'était enrayé. »
Savez-vous qui étaient ceux que l’on nommait les « Cols rouges » ? Les commissionnaires de l’Hôtel Drouot qui ont œuvré de 1860 – date à laquelle la Savoie fut rattachée à la France sous Napoléon III – à 2010, leur épopée s’est achevée lors d’un procès pour diverses fraudes mais qui depuis des lustres faisaient partie de l’organisation : la yape, une pratique qui autorisait les manutentionnaires à soustraire quelques objets lors du débarras des appartements. Particularité et non des moindres, ces cols rouges – 110 en tout – avaient la même origine, la Savoie, et la charge se transmettrait de génération en génération.
C’est cette histoire que raconte Catherine Charrier dans une fresque familiale aux six générations, depuis François et Berthe jusqu’à Paul, le narrateur de l’histoire aux côtés de son ex-fiancée Marie.
En 1861, François épouse Berthe dans sa Savoie natale, tous les deux issus du monde agricole. François met tous ses espoirs dans un nouveau poste à Paris et part seul dans la capitale préférant attendre quelques mois de salaire et un logement décent pour accueillir sa chère et tendre épouse. Berthe le rejoindra lors d’un long et surtout abominable périple : trois hommes vont abuser d’elle lors d’un arrêt de l’hippomobile. Elle gardera en tête l’aspect du poignard et le nom de ses violeurs. Tentée de ne rien dévoiler à son mari, au risque de rompre leur union – au XIX° siècle la loi phallique est de mise – elle révèle néanmoins à François ce qui lui est arrivé. Il va la protéger même quand elle met au monde son premier enfant qui est le fruit du viol.
Un pur roman mais qui permet au lecteur de plonger dans un monde inconnu, de mettre en lumière ces travailleurs de l’ombre sur le marché de l’art et des antiquités, de dessiner un tableau de toute une époque avec ses fastes, ses tragédies et de porter une analyse sur la condition féminine et la lente émancipation des femmes au fil des décennies. Car si moult personnages sillonnent ce livre, celui de Berthe reste central. Noisette sur le sommet, le retour des protagonistes dans leur région d’origine offre une vue régulière sur les paysages de Savoie et sur l’évolution des mœurs et coutumes.
Captivant et rondement mené !
Le domaine de Squirelito ==> https://squirelito.blogspot.com/2024/03/noisette-savoyarde-col-rouge-catherine.html
C'est une histoire d'adultère.
Marie a un amant, pendant des années.
Une grande passion dont l'attente des rencontres est un élément majeur.
Cela pourrait être une banale histoire, comme on en a déjà lues tant est tant.
Et pourtant il n'en est rien.
Catherine Charrier a su en faire un roman original et passionnant.
D'abord, l'écriture est très belle.
C'est comme un journal intime où l'attente est comptée en jours.
De J+3 à J+4682, on va suivre cette folle passion.
Des chapitres en italique parlent de l'attente, les autres racontent les rencontres de Marie et de Roch, son amant.
L'analyse psychologique est d'une grande finesse.
Un peu à la manière d'Alice Ferney. Dans « Conversation amoureuse » par exemple.
J'ai pris un grand intérêt à cette lecture.
C'est le premier roman de Catherine Charrier.
Elle en a écrit deux autres depuis que je vais me procurer.
Malgré le fait que j'ai buté sur la première nouvelle, j'ai réellement apprécié la concision de l'auteur. Sa capacité à retranscrire les contextes en seulement quelques lignes. Aucuns détails superflus, je pense qu'elle maitrise très bien l'exercice de la nouvelle (en même si elle est édité ce n'est pas pour rien). Je recommande "L'ourlet". C'est la nouvelle qui aura le plus marqué ma lecture, encore que "Pas de témoins" m'ait chamboulé à la fin.
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