Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !
Une jolie couverture et le mot chocolat dans le titre ? Il n’en fallait pas plus pour me donner envie de me plonger dans ce roman jeunesse qui m’a très agréablement surprise. J’ai, en effet, adoré la délicatesse et la retenue avec laquelle l’auteure a su aborder un thème plutôt difficile notamment pour des enfants : la question des réfugiés. Et pour ce faire, elle ne s’est pas perdue dans une histoire larmoyante, mais s’est inspirée d’un reportage mettant en scène deux jeunes filles ne parlant pas la même langue, mais désirant ardemment devenir amies. Et si je n’ai pas vu ce reportage, je ne peux que saluer l’initiative de l’auteure de s’inspirer de cette histoire pour nous offrir un récit plein de sensibilité !
Nous découvrons ainsi Jaz, une jeune fille dyslexique très gentille, mais qui a tendance à agir avant de réfléchir, et Nadima, une réfugiée d’un pays que je vous laisserai découvrir bien que l’actualité rend la chose assez aisée. Nadima, arrivée en Angleterre avec sa famille pour fuir la guerre, se retrouve parachutée dans un collège alors qu’elle ne parle pas bien l’anglais. Elle va, fort heureusement, se lier d’amitié avec Jaz qui, à défaut de partager la même langue, possède le même amour du chocolat… La gourmandise, un langage universel ?
Les deux jeunes filles vont apprendre à se connaître à mesure qu’elles développent leurs propres moyens de communication : sms avec émoticônes, gestes, traducteur google facétieux… Comprenant de mieux en mieux sa nouvelle amie avec laquelle s’installe une réelle complicité, Jaz va, progressivement, se faire en quelque sorte sa traductrice auprès de leurs autres petits camarades qui se montrent un peu moins prompts à aller vers Nadima. Il n’y a aucune hostilité de leur part, mais ils n’ont pas forcément la curiosité ou l’envie de parler à cette nouvelle qui a du mal à s’exprimer. Il faut dire qu’en tant que collégien, chacun est déjà bien occupé par sa vie…
Comme dans toute relation amicale, il y aura des rires, des bons moments, mais aussi des disputes et des moments d’incompréhension notamment en raison des différences culturelles ou du passé de Nadima qui la contraint à se montrer bien plus prudente qu’une jeune fille de son âge. Jaz va donc parfois mettre son amie dans l’embarras voire en colère. Il faut dire que son sens de l’empathie et de la justice vont la pousser à plusieurs reprises à se conduire de manière impulsive sans prendre en considération les conséquences de ses actes ni pour elle ni pour les autres… Mais comme son amie, on lui pardonnera assez vite ses emportements, chacune de ses actions, même les plus irréfléchies, partant toujours d’une bonne intention.
Malgré les tensions et les disputes dues au caractère peut-être un peu trop entier de Jaz, Nadima et cette dernière finiront toujours par se réconcilier et par partager de beaux moments de rires et de complicité. Et c’est ce qui fait le charme de ce roman, l’auteure nous montrant que malgré toutes les atrocités que Nadima et sa famille ont vécues, celle-ci demeure une jeune fille comme les autres qui aime s’amuser avec ses ami(e)s, manger des friandises, si possible au chocolat, et porter un bracelet avec l’indication Best Friends Forever…
Quant aux atrocités vécues par Nadima, l’autrice a veillé à nous les laisser les découvrir de manière progressive et sans jamais tomber dans la surenchère de détails. L’auteure aborde donc le thème de la guerre et des réfugiés de manière assez délicate pour que son message invitant à l’entraide et à la tolérance puisse être accueilli par tous. A cet égard, la prestation de Nadima et de Jaz dans leur cours de théâtre est très émouvante, Nadima racontant SON histoire grâce à des photos et des bruitages. Un procédé simple qui pourtant sera chargé en émotions au point, je le confesserai, de m’avoir fait verser quelques larmes. À travers cette scène, on prend la mesure de toute l’horreur de ce qu’a vécu Nadima, sa famille et toutes ces personnes qui vivent, jour après jour, sous les bombes, les tirs et la peur permanente de mourir ou de voir ses proches périr… Ce passage est d’autant plus marquant que d’ordinaire, Nadima se montre peu encline à s’épancher, hors de son cercle familial, sur les douleurs du passé…
La seule chose qui m’a un peu étonnée et qui reste finalement anecdotique au regard du vrai message de ce roman est le fait que l’on envoie une enfant dans un collège alors qu’elle ne maîtrise pas suffisamment la langue pour suivre les cours... Alors je ne sais pas si dans la vraie vie Nadima aurait pu s’en sortir aussi bien, mais cette immersion parmi d’autres jeunes Anglais se révèle une bonne chose puisqu’elle permettra à la jeune fille de rencontrer des amis et de faire de prodigieux progrès dans la langue de Shakespeare.
J’ai d’ailleurs beaucoup aimé suivre son apprentissage de l’anglais et ai été admirative de sa volonté de progresser d’autant que ses efforts la rapprochent de Jaz qui, en tant que dyslexique, doit s’adapter en permanence pour écrire et lire dans sa langue maternelle. La dyslexie n’est pas le fond du livre, mais je trouve néanmoins intéressante la manière dont l’auteure a su parler de ce thème. Loin de se morfondre, Jaz a ainsi appris des tactiques pour pallier ses difficultés et puis, elle n’est pas mécontente d’appartenir au club des dyslexiques, certains ayant très bien réussi leur vie. Nadima va, en outre, vite comprendre que son amie a ses propres difficultés avec l’anglais et volera parfois à son secours. Une entraide à double sens qui rend leur histoire d’amitié encore plus touchante….
Le livre fait environ 300 pages, mais il se lit très vite, ce qui s’explique par une police de caractère plutôt grande, un texte aéré, mais surtout la plume de l’auteure qui est d’une grande fluidité. Sans se perdre en longues descriptions, elle invite le lecteur à se plonger dans son récit comme on se jetterait sur une tablette de chocolat. L’auteure a également ce côté chaleureux qui vous donne l’impression de lire l’histoire d’une amie ou des enfants d’une amie. Il n’y a absolument aucune distance entre nous et les personnages, ce qui rend la lecture immersive et surtout très naturelle. Alors le roman est destiné aux enfants, et cela se ressent dans le caractère peut-être un peu enfantin de certains passages (chamailleries, jalousie entre amies…), mais il serait dommage de passer à côté de ce récit qui prouve que derrière une certaine légèreté, un roman jeunesse peut divertir tout en faisant réfléchir son lectorat.
En conclusion, à travers la rencontre de deux jeunes filles que tout oppose, Cas Lester signe ici une très belle histoire d’amitié transcendant les différences linguistiques, religieuses et culturelles. Mais de toute manière, existe-t-il quelque chose qui ne puisse être surmonté par une tablette de chocolat, une bonne dose de tolérance, d’ouverture d’esprit et de solidarité ? À la lecture de ce roman, vous ne pourrez que répondre par la négative et saluer le travail de sensibilisation de l’auteure sur la question des réfugiés et des conséquences de la guerre. Un roman que je recommande donc à tout le monde !
Avis sur https://lightandsmell.wordpress.com/2018/05/30/parles-tu-chocolat-cas-lester/
Joli roman sur l'amitié, la barrière de la langue, la guerre en Syrie.
Jaz va être confrontée à l'inconnu grâce à Nadima, jeune syrienne, qui arrive en cours d'année dans son collège et sa classe.
A mettre dans les mains de tous les adolescents!
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