"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Chaque livre est une promesse et celui-ci est une promesse d’aventures, de voyages. Un choix dicté au départ pour moi par la belle couverture, réminiscence du mythique roman de Luis Sepulveda, et de son personnage marquant, Antonio José Bolivar, « Le vieux qui lit des romans d’amour », de ceux qui finissent mal… Choix guidé aussi par la belle chronique du blog Sonia Boulimique des livres. L’aventure a bien été au rendez-vous, entre deux « pôles » d’Amérique, entre Colombie et Californie. La mer est aussi très présente, avec ces voiliers que l’autrice affectionne comme mode de vie. Ici, la mangrove colombienne sert de point de départ à un roman sentimental – mais pas seulement – fait de fils emmêlés que l’autrice parvient à tisser avec talent au gré de multiples péripéties... Cela m’a plu, après une série de lectures assez sombres – l’actualité littéraire n’étant pas souvent joyeuse, reflet du monde comme il va – de lire un roman qui emmène loin du quotidien.
Céline est une jeune femme au passé compliqué qui pense avoir trouvé un nouveau départ. Une sorte de vie idyllique sur un voilier avec son compagnon Fred. Mais l’entente du couple n’est que de surface. La belle vie promise bascule après une discussion avec Fred, puis tout vire au drame suite à une altercation avec des jeunes accostant le voilier dans une baie colombienne entourée de palétuviers. Panique, coup de feu… Restée seule, Céline blessée doit son salut à une communauté autochtone et à une vieille chamane qui la soigne. Elle est renommée Célia pendant ce séjour initiatique vécu entre désespoir et émerveillement de la nature luxuriante qui l’entoure. Dans un second temps, guérie, elle rentre en Californie et reçoit une lettre qui la contraint à revenir sur cette période pour lever des énigmes liées à ce séjour.
J’ai aimé le scénario habile et l’évasion qui fait du bien. A travers la quête sentimentale d’une femme traversant des épreuves, transparaît la vie aventureuse de l’autrice. Le récit m’a surpris jusqu’à une fin qui ne déçoit pas. Les narcotrafiquants, les cocaleros (paysans cultivant la coca), les terribles conditions sociales et les références à la culture colombienne dans la première partie du récit, fournissent un cadre des plus intéressants... et des plus propices aux mystères.
Seul petit bémol, j’ai quelquefois eu du mal à m’accorder avec le rythme des mots, l’abondance des adjectifs qualifiant les actions et descriptions. J’aime quand les mots se font musique dans leur harmonie et sonorité propre jusque dans leur silence, permettant ainsi de voguer au-delà des situations, vers l’imaginaire. Peut-être avais-je encore en tête le roman de Luis Sepulveda et ces grands romans d’Amérique latine dont celui-ci s’éloigne évidemment, développant ses qualités propres.
La promesse du jaguar est le septième roman d’Isabelle Briand. Elle l’a terminé en avril 2020, à bord de « Nanna », lagon de Toahuto, Tahiti, tel qu’indiqué en signature finale. On y devine l’expérience de l’autrice, une grande voyageuse qui a toujours résidé sur des voiliers dans différentes parties du monde et exercé plusieurs professions toujours en rapport avec la mer et les bateaux.
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