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Première partie, 1999. Marion, la narratrice, parle à Patrick, qui lui, ne peut plus parler. Elle lui raconte sa rencontre avec Tom dont elle était secrètement amoureuse il y a bien longtemps, dans les années 50, lorsqu'elle était adolescente, puis de sa rencontre avec lui, Patrick, plus tard, présenté par Tom. Dans ces années là, on n'attendait pas des filles qu'elles fassent des études, on ne couchait pas avant le mariage et on taisait l'homosexualité, la sienne ou celle de ses proches.
Le rythme est très lent et convient parfaitement à l'histoire qu'il raconte. C'est l'histoire d'un amour sacrificiel, un amour impossible, un amour interdit, un amour passion, un amour raisonnable, où mieux vaut des miettes que rien du tout. C'est l'histoire d'un triangle amoureux où il n'y a pas de gagnant. Une histoire d'abnégation et de générosité mais aussi de trahison.
La lenteur, les non-dits et les silences que l'autrice met dans ce récit font tellement d'époque qu'on est en immersion dans les années 50, totalement dans l'ambiance.
La deuxième partie donne la parole à Patrick, en 1957, quand il était conservateur du musée. Et là, le rythme change, le point de vue évidemment, et ça devient plus explicite. À travers ce récit on se rend compte de la peur qu'avaient les homosexuels d'être découverts, insultés, humiliés, de la persécution qu'ils pouvaient subir. Obligés de se cacher, ne pas pouvoir être eux-mêmes, c'est terrifiant. L'homophobie était totalement normalisée, voire même de bon ton. Et donc le mariage et une double vie était parfois la solution.
Puis la troisième partie redonne la parole à Marion et ainsi de suite, on alterne entre eux deux.
Sans doute que la lenteur de la narration, et l'alternance entre les deux narrateurs nous permet de mieux appréhender la douleur et l'injustice de certaines règles qui régissaient la société. Quant à l'homophobie, je me demande si c'est si différent à notre époque. Bien sûr cest mieux accepté, pour beaucoup totalement, en tout cas je l'espère. Mais il reste encore trop de gens haineux qui n'acceptent pas, bien que ça ne les regarde en rien.
J'ai trouvé ce roman à deux voix très étrange dans son rythme, prenant sans être transcendant bien que l'intérêt augmente à mesure qu'on avance dans l'histoire. Pourtant c'est un sujet qui me passionne, comment vivre caché dans une société étriquée, intolérante et punitive qui emprisonnait les homosexuels et leur disait qu'ils étaient pervers, répugnant, anormaux ? C'est la société elle-même qui les obligeait à travestir leur vraie nature, occasionnant des blessures collatérales, des vies gâchées inutilement. Et j'avais oublié qu'il y a pas si longtemps que ça, on appelait les homosexuels des bougres. Étrange terme, sûrement plein de mépris à l'époque, qui a totalement changé de sens de nos jours.
J'ai aimé les personnages, Marion et Patrick en qui j'ai trouvé de la grandeur, mais aussi Sylvie et Julia, beaucoup moins Tom et sa colère contenue, autoritaire et égoïste.
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