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Bleu ! Voûte lactée ! Un des plus beaux livres en ce printemps, couleurs et regain.
Ce livre est une ode à la pureté, l’onirisme bleu océan.
L’écriture de Benoît Reiss si douce à l’instar d’une voix chuchotante.
Un conte, une fable, rien n’est étrange dans ces lignes superbes et c’est bien ainsi. La vie y est souveraine, au ralenti, un goutte à goutte de lumière. Dans une dimension ésotérique, magnétique, sensuelle et habitée par la grâce.
Bleu comme la couverture sur l’enfant et bleu de la mer. « Ce bleu sur la pente, qui se révèle un lit d’enfant, est comme celui de la mer ».
Enfant coquille, trouvé par le Maître sur un tas de bois abandonné en pleine solitude loin de toute terre habitée.
« L’enfant referme les yeux, sa minuscule main repliée près de sa tempe. Il se rendort ».
Enfant d’Octobre, des vendanges salvatrices. Le maître solitaire n’est plus, « tout cela est nouveau pour l’enfant et pourtant déjà pleinement accueilli ».
Bleu, dans cet antre renouvelé , le Maître peint. Différemment, avec des nuances de vie sur le pinceau. Lui, qui regarde cet enfant comme le Messie. Sentir le vivant jusqu’au bord des cils de ce petit être. Prénommé Bleu comme les toiles mappemonde. Le Maître peint encore et encore. L’enfant grandissant observe les toiles, les mouvements comme des étoiles accrochées sur le toit du monde. La connivence entre le maître et Bleu est pudique, secrète, comme ces choses qui vont de soi mais en silence. L’apprentissage pour Bleu, peindre et apprendre de son Maître l’invisible des frémissements. « Peindre lui est venu avec sa découverte de la mer… Il ne perdait rien de ce qui se formait alors, les reliefs, tracés à la lame, des grèges, des bruns, des innombrables verts et bleus, les consécrations de rouges , d’ocres, de jaunes, toutes les nuances, les gris, les marrons, les violets s’étirant, après chaque passage de la main, vers le clair ».
« Ici, on va s’installer ici ! Tout le jour, le maître est assis sur le pliant, au travail sur la toile, lui debout dans son dos, occuper à examiner les mélanges des couleurs...s’étonnant de n’éprouver aucun ennui, de désirer, même, que cela dure encore ».
On ressent le solaire des gestuelles qui se comprennent. Un lien entre le Maître et Bleu comme une rencontre qui n’en finit pas d’éclore. La beauté de la simplicité.
On pressent le Sud de la France. Un lieu imaginaire mais qui, pourtant, nous est connu : « août aurait été brûlant sur le plateau, un feu blanc du matin jusqu’à la nuit ».Le Maître à l’instar d’un berger dont l’aura transperce Bleu. Mais, le Maître meurt. Bleu se retrouve seul. Il ferme la maison part rejoindre le vrai Sud. Dans ce périple, il chute malencontreusement. La joue arrachée par un rocher tranchant. Il sombre dans un gouffre, le manque du Maître, la distance avec la vraie vie. Redevenir le bleu de son enfance. Il sera sauvé mais mutilé. La moitié du visage basculé dans le noir et l’horreur. Mais son visage de monstre devenu est repoussant et il est surnommé Gueule Demi. Les couleurs n’oublient pas. L’intrinsèque du récit non plus. Il y a dans ce livre majestueux, initiatique , L’Envolée. Celle qui reste clouée dans son lit et qui, pourtant sait. Maîtresse des couleurs et de la vie. Elle est de transmutation, une voyance qui perce bien plus loin que le regard d’un aigle. Lequel va sauver l’autre ? L’Envolée ou Bleu ?
Ce texte de cristal est métaphorique et sublime. Ici, près du bleu, rayonne un récit boréal. Vertigineux, théologal, dans une poésie des transhumances. « Gueule Demi » est un livre filmique mais au ralenti. Il honore la création, la transmission, le bleu céleste et l’approche du secret. Lire doucement, mot à mot le charme vivifiant d’un Gueule Demi qu’on aime de toutes nos forces. Publié par les majeures Éditions Fugue.
Lors du Festival Étonnants Voyageurs, j'ai surpris Gaëlle Josse devant un stand, contemplant ce petit livre… Elle s'est penchée vers la libraire et lui a dit : « Ce texte est une merveille. »
A peine venait-elle de reposer ledit exemplaire que nous étions deux indélicates observatrices à nous jeter sur les deux exemplaires qui restaient : Le petit veilleur (jamais entendu parler) de Benoît Ress (ah, si ! j'avais lu en 2017 L'Anglais Volant publié chez Quidam).
Entre nous, heureusement que Gaëlle Josse n'en a pas désigné une dizaine du bout du doigt… je crois bien que j'aurais craqué !
Alors, ce petit veilleur ? Le conseil de Gaëlle Josse était-il un bon conseil ?
Oh que oui ! Et pourquoi n'ai-je pas entendu parler plus tôt de ce petit bijou ? Parce que ce texte est d'une très grande beauté, oui, il est fin, sensible, poétique… Il m'a parfois fait penser à du Duras dans la minutie et la délicatesse des images et des sentiments évoqués.
Le roman retrace un parcours en voiture décrit du point de vue d'un petit garçon nommé Thierry qui, enfoncé dans son siège, ne perçoit que des bribes du paysage. On ne sait pas qui est l'homme qui conduit ni où ils vont. On sait seulement que pour l'enfant, c'est un jour important. Les adultes lui ont expliqué cela. Il n'a pas bien compris pourquoi.
Au fil de la route, l'enfant se souvient de son passé, de son quotidien, évoque une mère souvent absente et qu'il passe son temps à attendre , soit dans un café, soit seul dans un appartement. Des images de la pension religieuse où il vit lui reviennent à l'esprit et notamment une jeune fille qui s'appelle Sophie avec laquelle il jardine et qu'il écoute jouer du piano.
Ce petit garçon observe le monde et nourrit son imagination des détails qui le composent. Souvent, il attend le retour de sa mère qu'il souhaite ne jamais quitter. Seul, il s'abandonne à la contemplation de ce qui l'entoure, ce qui donne lieu à des descriptions très fines et très poétiques qui traduisent merveilleusement la grande sensibilité de l'enfant. Tout est suggéré dans ce roman où la parole des adultes, assez rare d'ailleurs, est souvent rejetée par l'enfant car elle brise l'univers qu'il s'est construit, pour se protéger certainement.
Le petit veilleur est un texte court mais sa puissance est telle qu'il imprime en nous toute la précision et l'acuité du regard de l'enfant sur le monde qui l'entoure et qu'il tente de déchiffrer… A l'émerveillement se mêle un sentiment de solitude, d'abandon peut-être, d'espoir toujours de revoir cette mère qui disparaît si souvent et si mystérieusement. Benoît Reiss décrit avec beaucoup de sensibilité l'attente, le vide, le silence, une odeur qui flotte dans l'air, le bruit des vagues. On est porté par la beauté du texte, sa poésie, et l'on attend le coeur un peu serré une fin que l'on redoute un peu.
Superbe !
LIRE AU LIT le blog
Un jeune enfant installé dans une voiture aux côtés d’un homme qu’il ne connaît pas et qui l’emmène il ne sait où, on lui a seulement dit : « C’est un jour important », Il fait chaud, sa chemise lui colle à la peau et le gratte autour du cou. Il voudrait pleurer mais n’ose pas, alors pour se distraire, il convoque ses souvenirs.
La pension où il vivait au milieu d’enfants solitaires comme lui.
Il n’y était pas malheureux grâce à Sophie qu’il aimait écouter jouer du piano.
Le garçon rêve des cerfs-volants qu’il voyait sur la plage lorsque sa mère l’y emmenait, toujours accompagné de « Monsieur ».
Parfois, c’était à la montagne qu’il retrouvait Charles, le fils de « Monsieur ».
Sa mère n’en parle pas beaucoup, d’ailleurs, elle ne lui parle jamais vraiment.
Parfois, le mercredi et le samedi, l’enfant se retrouve seul dans un bar devant un sirop de pêche. Sa mère le laisse quelques heures aux bons soins du patron et part vers un univers inconnu après avoir lancé un laconique « je vous le confie ».
Benoit Reiss signe un texte où délicatesse, tendresse et pudeur se mêlent pour parler de l’enfance malmenée.
Il n’y a jamais de violence, ni verbales, ni physiques contre « Le petit veilleur », mais seulement des silences qu’il arrive à aimer car ils lui parlent de sa mère et lui disent qu’elle reviendra.
J’ai eu la gorge nouée face à cet enfant démuni dans un monde dont il ne comprend pas les codes.
Il est attachant, j’ai eu envie de le serrer fort pour le rassurer.
J’ai frôlé le coup de cœur, légèrement déçue cependant par une fin que j’ai trouvé un peu abrupte par rapport à la délicatesse du reste du roman.
Merci à NetGalley et aux Editions Buchet-Chastel pour ce partage.
#LePetitVeilleur #NetGalleyFrance
L'histoire de ce roman est assez originale. Le lecteur tout comme les habitants de Fayolle se pose beaucoup de questions sur cet Anglais volant venu de nulle part.
Chacun se fera donc son idée sur les origines de l'anglais volant. Pour ma part, j'opte pour l'origine divine.
Un petit roman étonnant et mystérieux qui m'a fait découvrir un auteur que je ne connaissais pas.
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