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« Les Égarés » roman d’Ayana Mathis porte parfaitement son titre ; c’est ainsi que semblent être Ava et son fils Toussaint, complètement égarés.
Ava, quarantenaire afro-américaine, essaie de faire face à la pauvreté, à la violence et à la misère de sa vie tout en protégeant son fils.
Ce roman est dur et puissant ; j’ai tout particulièrement aimé Toussaint, jeune garçon attachant et poignant.
Années 20, le Nord et le Sud des États-Unis, deux endroits totalement différents pour les noirs à cette époque. Hattie, sa mère et ses sœurs quittent le Sud où les noirs doivent raser les murs, pour Philadelphie où leur vie sera plus libre.
À seize ans Hattie épouse August et met au monde des jumeaux, Jubilee et Philadelphia… puis Floyd, puis Six, puis Ruthie, Ella, Alice, Billups, Franklin, Bell, Cassie.
On traverse le siècle au gré de leurs personnalités et de leurs destinées, ainsi que celle de Sala, la fille de Cassie. Et on a là un étonnant panorama de l'Amérique. J'ai eu l'impression d'assister à une énumération des douleurs du monde, comme pour nous rappeler que la vie est une vallée de larmes. L'histoire nous montre que la bonté n'est pas forcément là où elle semble se trouver, que les apparences sont souvent trompeuses.
Hattie est le pilier de sa famille, elle est forte, et même indestructible, mais froide comme la glace. Après le drame vécu dans sa jeunesse il semble que quelque chose en elle se soit brisé, comme prisonnière d'une amertume inextinguible. Je l'ai trouvée absolument pas attachante, sauf peut-être un peu au début. Il y a quelque chose d'effrayant en elle, le cœur rempli de toutes ses déceptions.
Onze enfants dont une paire de jumeaux, une petite-fille, dix chapitres, neuf années différentes. Chaque chapitre sur chaque enfant contient un secret qui se dévoile au fil des pages, des rancœurs, des meurtrissures. On arpente l'Amérique de 1925 à 1980, la ségrégation, le deuil, le patriarcat, l'homosexualité, la misère, la religion, la guerre, l'alcoolisme, les trahisons, et c'est ainsi qu'on découvre peu à peu les douze tribus d'Hattie et son long parcours sans joie, celui de ces femmes qui tiennent la famille à bout de bras, elles qui sont la clé de voûte de leur clan.
J'ai dévoré ce roman que j'ai trouvé passionnant mais qui m'a entraînée dans une sombre tristesse, sur le versant sans soleil de la vie.
L'auteur dresse le portrait d'Hattie, mère d'une famille de 11 enfants, symbole de milliers de noirs américains ayant fui la Géorgie ségrégationniste pour rejoindre les états du Nord à la recherche de liberté et de bonheur.
C'est à Philadelphie que les rêves d'Hattie et d'August vont se construire pour rapidement se fracasser aux dures réalités de la vie.
11 enfants, comme autant de destins et de visages d'une amérique en pleine mutation, des années 1925 à 1980.
Floyd, le musicien de Jazz, Six le prédicateur, Cassie et sa névrose, Franklin hanté par les horreurs de la guerre du Vietnam....
Au coeur de chacune de ces histoires, le personnage froid, distant, meurtri mais o'combien fort et protecteur d'Hattie surgit à un moment.
Hattie a déjà traversé les douleurs de la vie que ses enfants ne tarderont pas à rencontrer et elle fait au mieux pour les en protéger.
Un roman qui se referme avec Sala, la petite fille d'Hattie, l'Avenir qu'il faut préserver car sur ses épaules repose l'espoir.
Un roman bien construit, original et fort mais bien loin de la puissance des oeuvres de Toni Morrison à laquelle l'auteure a parfois été comparée.
Un condensé des faces sombres de l'Amérique.
Un excellent moment de lecture !
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