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Une bonne gifle, on ne ressort pas indemne de cette lecture. Ici pas de fantastique, de narration imaginaire, ici la vraie vie, une vie en sursis, faite de résistance…
Le poids des mots dans nos démocraties où on peut encore mourir pour ce que l’on écrit est au centre de cet ouvrage. Comment la vie d’un homme change pour ce qu’il a écrit, change à jamais car, on n’en perçoit pas la fin alors que plus de quinze ans se sont écoulées depuis la sortie du livre de Roberto Saviano sur la Camorra. Quinze ans que sa tête est mise à prix par la mafia napolitaine et que l’anormal est devenu bien malgré lui normal.
Le graphisme aéré d’Hanuka et les aplats de couleurs choisis viennent rendre compte de cette réalité, de cette prison dans laquelle le journaliste est à présent enfermé. Le récit de sa vie de fugitif est teinté de pudeur et de quelques traits d’humour. Saviano nous narre le processus créatif qui nous amène à cette bd mais aussi ses peurs, son enfance, sa capacité à faire face à cette vie loin des siens.
Dans son parcours d’errance, Saviano évoque Salman Rushdie parti comme lui se « mettre en sécurité » à New York. La tête de cet écrivain est mise à prix à la suite d’une fatwa. Il a été victime le 12 aout dernier d’une tentative de meurtre et a été grièvement blessé malgré la protection policière qui l’accompagne. Dur rappel de la réalité pour Saviano.
Un titre fort. Un livre percutant.
2001, Asaf est de retour chez ses parents. Ses études françaises en BD terminées, il rentre en Israël, retrouve sa chambre, ses affaires... Un retour aux sources un peu perturbant que l'auteur met en scène en l'associant à une enquête familiale.
Une enquête sur la famille de son père, sur des souvenirs abordés mais jamais vraiment questionnés: Son arrière-grand-père aurait été tué par un jeune orphelin arabe qu'il avait adopté.
Dans une succession de scène courtes, en alternant scènes de 2001 en noir et blanc et scènes de la fin des années 20 en couleurs, Asaf Hanuka dépasse le simple récit intime. Il nous brosse un pan de l'histoire d'Israël en éclairant la relation entre les juifs et les arabes.
Cela donne un album étonnant, émouvant et instructif. On y suit un jeune homme un peu paumé qui cherche sa voie professionnelle tout en remontant dans un passé familial trouble. Et au moment où il se demandera pourquoi il est rentré, il croisera une femme...
2007 : une bombe littéraire sort, Gomorra de Roberto Saviano. Evocation très précise de la puissante la camorra, la mafia napolitaine, de son infiltration à tous les niveaux de la société ce roman est aussi une déclaration de résistance et une affirmation de la nécessité de parler et de dénoncer, un engagement. Cela signe l'arrêt de mort de Saviano..... immédiatement. Condamné à vivre sous protection policière, à déménager sans cesse, à changer d'identité, à s'exiler...
Cette bande dessinée est une merveilleuse autobiographie où le texte et l'illustration ne cessent de se faire écho. Le noir le rouge et le gris prédominent dès lors qu'il dépeint cette vie de reclus, cette prison à ciel ouvert dans laquelle il semble condamné pour toujours, le bleu vient signifier la liberté que lui offre la ville de New York...
La lecture de cette ouvrage suscite admiration pour cette homme qui a toujours voulu dire, peine pour sa famille, pour lui. On prend la mesure de la puissance de cette organisation aux ramifications multiples, le courage de l'engagement. Cette bande dessinée aborde toutes les problématiques : la culpabilité, l'isolement, la solitude, la peur, la rage, la désocialisation...
Magnifique découverte!
Les vacances c’est aussi l’occasion de lire les albums qui t’ont échappés dans l’année. C’est le cas de cette autobiographie de Roberto Saviano dessinée par Asaf Hanuka.
L’autobiographie d’uUne vie sous protection policière depuis 15 ans. Depuis que Roberto Saviano a publié Gomorra, un livre (puis un film et une série) au succès mondial où il dit tout sur la mafia napolitaine.
Protection rapprochée, clandestinité, déménagements forcés, isolement, solitude, Saviano vit depuis une vie de reclus. Il raconte à la première personne comme dans une conversation au coin du bar, nous dit tout sans fard, c’est passionnant, percutant, froid et intime à la fois.
Roberto Saviano a choisi son dessinateur. Asaf Hanuka réussit à mettre en images ce récit grâce à des mises en scènes audacieuses, des trouvailles variées et l’utilisation habile de la couleur qui vient marquer le changement de chapitres dans un dessin en nuances de gris.
Un album puissant, dur, le cri d’un homme qui refuse de se taire et veut continuer le combat avec les armes qui sont les siennes, les mots.
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