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RENTRÉE LITTÉRAIRE 2024
Parmi toutes les couleurs de la palette chromatique, pour Luna, le bleu est la seule « qui n’accroche aucun relief », la seule qui n’abîme pas. Mais il y en a tellement d‘autres qui blessent.
C’est le rouge des immeubles à bas loyer en briques de la petite ceinture, entre Paris et le périphérique, où Luna a passé une enfance bohème. C’est le gris du béton de son école et des rues de sa ville où elle sentait les autres la regarder comme une étrangère. Ce sont les éclats de couleur de cette boite de nuit où elle s’est faite agressée adolescente. Et c’est ce triste vert d’une écologie qui tente à grand peine de préserver la couche d’ozone d’une ville polluée.
Mais c’est surtout le noir de sa peau et de celle des membres de cette famille aux origines multiples qui, du beige au marron foncé, fait d’eux des métisses.
Tout en couleurs et en odeurs, ce premier roman poétique et sensitif d’Anouk Schavelzon est le retour aux sources d’une jeune femme hantée par le questionnement des autres sur son physique. Il témoigne de l’importance que revêtent les racines sur leur regard.
Les images, les sensations prennent la place des sentiments et cela donne à ce roman un style à la fois épuré et complexe qui ne m’a pas semblé simple d’accès.
Autant j’ai aimé le propos et l’interrogation que la couleur d’une peau induit chez les autres, autant j’ai trouvé le ressenti du malaise de l’autrice et la tournure de ses phrases assez nébuleux.
Un roman à la sensibilité exacerbée où les mots vibrent d’un tourment « à fleur de peau » .
Une jeune femme raconte une soirée en boîte de nuit parisienne qui la hante. Un inconnu se colle à elle et lui demande d’où elle vient en touchant ses cheveux frisés. Les métisses l’excitent.
Ses grands-parents lui ont légué plusieurs origines. Ils sont nés au Niger, en Argentine, en Algérie et en France.
Cette agression sexuelle l’empêche de dormir, de vivre. Son corps ne lui appartient plus.
Avec beaucoup de poésie et de rythme, certains passages pourraient être slamés, ce premier roman introspectif nous plonge dans les pensées d’une jeune femme après un harcèlement.
Le titre fait référence à sa tentative de recouvrir ce souvenir rouge de bleu pour l’adoucir.
Luna nous explique qui est sa famille, sa vie, son enfance. Elle a déjà vécu quelques événements traumatisants. Aujourd'hui elle vit dans un appartement avec sa mère, prof de philosophie, et sa sœur.
J’ai aimé écouter cette voix originale. Un texte qui pourra paraître difficile pour certains lecteurs mais que j’ai beaucoup apprécié pour ma part. Si vous aimez les textes intimistes et que le côté fragmentaire ne vous fait pas peur, alors laissez-vous tenter par cette belle plume prometteuse.
Je remercie Babelio et le Seuil pour cette masse critique privilégiée
Premier roman d'Anouk Schavelzon, le bleu n'abîme pas est un roman fragmenté qui aborde des thématiques comme le métissage, les origines mais aussi les comportements outranciers dont les femmes peuvent être victimes.
J'ai aimé le style incisif de l'autrice qui interpelle son lecteur en le plaçant dans le rôle du personnage principal via l'utilisation de la 2e personne du singulier ainsi que les thèmes abordés et ô combien importants.
J'ai moins aimé le côté un peu décousu de la narration qui amène à faire des allers-retours entre les sujets sans lien apparent.
Rentrée Littéraire 2024 Premier roman
Je remercie Babelio, Masse Critique et les Editions Seuil pour la découverte de ce roman.
Luna a une famille cosmopolite : Niger et Algérie du côté maternel, Argentine et France du côté paternel.
Dans son enfance, la jeune femme était très fière d’expliquer ses origines à ses camarades de classe. D’autant plus que ses yeux bleus et ses cheveux châtains ne la distinguaient pas particulièrement des autres.
Pour redresser sa colonne vertébrale, Luna a dû porter pendant deux ans un corset. Pendant cette période, son corps d’adolescente s’est transformé en celui d’une femme. Ce corps, métamorphosé presque à son insu, lui est renvoyé par « le regard des autres, tes yeux bleus de Russie, de Roumanie, de France. Tes cheveux un mélange de la France et du Niger. Tes fesses hautes, tes hanches pleines du Niger. Ton histoire, leur histoire à eux, Inna, Abba, Vito et Danièle, pour dire ton anatomie, pour expliquer le désir qui monte. Les métisses ça m’excite, il a dit. «
Luna raconte le harcèlement du regard de certains hommes qui lui renvoient leurs propres fantasmes. Elle subira d’ailleurs des violences dont elle n’osera pas parler. La honte et le dégoût d’elle-même s’installent, elle n’éprouve plus de fierté à être métissée. Elle ne veut plus répondre aux questions sur ses origines.
Jusqu’au jour où elle visionnera une interview de son grand-père maternel sur le site de l’INA…
Le roman est scindé en trois parties allant du 31 Mai, 17 Juin et 20 Août. J’ai eu du mal à entrer dans le roman pendant toute la première partie qui est celle de l’agression sexuelle. Les deux autres sont axées sur la recherche d’identité, la réappropriation de son histoire familiale par Luna.
C’est ce qui m’a le plus intéressée dans ce premier roman, dont j’ai trouvé le style fluide avec quelques « échappées poétiques ».
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