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L’Alcazar littéraire !
Écoutez voir Anna Jouy !
Prose envoûtante, filiation, la grande lignée faite femmes ! Tout est inscrit dans la pierre. La véracité d’une mise en lumière, souveraine, intense et soucieuse de vérité.
L’écriture est un palais d’honneur. Patiente et rigoureuse, intrinsèque, l’éclosion même d’une généalogie, linge frais claquant au vent des rémanences.
Anna Jouy rassemble l’épars, accomplit le devoir, ce qu’il y a de plus grand pour définir les tracés indélébiles.
« Quand je les regarde, je vois mon enfance dedans et cette impression d’une innocence à découvert, qui essaie de se faire oublier. Mes femmes ont-elles eu ce sentiment de devoir s’effacer, d’être inacceptables ? »
Pénétrer l’antre subrepticement. Rappels pavloviens, portraits décrochés au fronton des souvenirs. Ce qui persiste comme signes et dévoile sans lâcher prise à l’humilité et au singulier. Anna Jouy, fil d’Ariane, déambule dans les signatures, les expressions des visages, résurgences des pleins de ces vies qui ont forgé les majuscules de ce récit intime et constant.
« Il faut que je retire leurs portraits. Ce sera rude car il s’est installé au long du temps, une mythologie domestique à laquelle je ne suis pas certaine de pouvoir échapper. »
« Dans les anciennes généalogies, les histoires de femmes s’arrêtent à leur naissance. »
Anna Jouy confronte l’énigme. Attise les braises, secret enfoui. Les armures des silences lourds et insistants. Fascinantes endurances, les non-dits, et devine perspicace, les regards baissés, les craintes de l’homme, père ou mari, patriarche violent, violeur et autoritaire. La narratrice interpelle les ancêtres, l’abîme des englouties, femmes, échines courbées, les poitrines, ailes brisées, corbeaux noirs sur les hanches meurtries. Les fissures sur la peau, les risques qui persistent encore à ce jour.
« Ils répugnent parfois, quand j’oublie d’aérer mon sentiment de famille. »
« Moi, la Céline expatriée, nécessiteuse, suivant mon colporteur de père, vêtue de ces tabliers fourre-tout dont on engonce les mômes. »
Écoutez encore : « Je respire. Il y a dans les biscuits des femmes malheureuses, une poudre à lever l’inquiétude et la souffrance. »
La trame est un un feu de cheminée. Anna Jouy attise bûche après bûche, les écritures révélatrices et les souffles, les pas égarés dans les méandres intestines, les endurances et la ténacité de ces femmes écartelées dans les affres de la pauvreté, de l’œuvre du mal . Mains gercées et les corps blessés par la rusticité, l’âpreté et la pudeur des enfermements. Femmes symboles, parchemin froissé et honorable, destins laborieux, violents et vigoureux. Que reste-il lorsque les secrets fédèrent l’advenir ?
« Mettre fin à la triste lignée. » « Je sais qu’une langue morte me structure depuis, comme c’est le cas de toutes celles des défunts. »
ce texte sublime nomme les palpitations, les ressacs et les soupirs. Portrait d’une famille monde. Ici, vous avez les maisons barricadées sous les faux-semblants, les mensonges. Le dépassement de soi de ces belles soumises aux diktats d’une masculinité oppressante.
Joug, bouclier, sans aucune issue de secours. La fatalité d’une condition humaine mise à rude épreuve. Emmurées dans ces habitus intransigeants et sournois. Femmes asservies , égarées dans les tempêtes des draps gorgés de sueur et de sang, de coups et de larmes et d’inceste.
« Je suis l’intruse savante. »
Écrire pour acter les résistances. Prouver la mission même de la littérature, majestueuse collecte des mémoires ancestrales. Anna Jouy rend hommage aux forces vives. Elle décroche des murs blanchis par un passé lourd d’histoire le tableau de famille. Triomphante et surdouée, sans renoncement, sceau des résiliences. Ce livre est le perpétuel entre les mains. Le passage-gué des émancipations. L’ascension faite femme. Beau à pleurer tant son crépuscule est cardinal. « Filière de femmes » est un livre de salut et d’amour envers le féminin théologal. Un viatique. En lice pour le prix Hors Concours des éditions indépendantes. Publié par les majeures éditions SANS ESCALE.
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