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Prière -mot choisi à dessein pour agacer un peu l'auteur- de bien lire le titre, ce ne sont pas de simples anaphorismes, mais bien des anar-phorismes, car Sven Andersen est anar... et belge. J'ai déjà lu et apprécié son Manifeste schizo-réaliste, et je réitère donc avec ce recueil de petits paragraphes bien sentis, d'une mauvaise foi ou plutôt d'un franc parler assumé qui me ravit, d'un athéisme qui me convainc -ce n'est pas dur, convaincu, je l'étais avant-, d'une haine du travail qui me réjouit et d'un doute certain sur l'économie, le capitalisme à outrance qui ne fait qu'enfoncer le clou de mes propres pensées et/ou interrogations.
Hommage revendiqué à Cioran dont une citation est en exergue du livre, ce petit livre risque de rester longtemps proche de mes mains et de mes yeux pour y piocher des phrases ; tiens en voici une qui me correspond au moins à son début : "J'ai été baptisé de force comme beaucoup. L'Eglise prétend que l'on demeure à jamais baptisé. Quelle horreur ! J'aimerais par conséquent être excommunié, ce qui pour ces sauvages doit être la seule façon de quitter leur secte obscuranto-pédophile. Qui pourra me dire comment procéder ?" (p.47). Pour ma part, je suis un apostat, ravi et fier de l'être, même si pour bien faire, il faudrait que mon nom soit totalement rayé des registres de l'église, mais là, c'est compliqué, peut-être comme Sven Andersen, penser à l'excommunication...
Plein d'autres textes, sur des thèmes différents me plaisent, mais je ne pourrai pas tous les citer :
"Droit à la paresse, voilà une nouvelle matière juridique enthousiasmante qui mériterait une stricte codification." (p.22). (Re)lisez Paul Lafargue !
"Du devoir d'être politiquement infect et non correct." (p.30)
"Il faut bien mourir un jour. Personnellement, je préférerais une nuit." (p.34)
Je disais donc, plein d'anarphorismes à garder en tête, parfois des calembours assumés. C'est drôle, violent, "politiquement infect", fortement décalé, ... Bref, tout cela me plaît énormément. Je ne sais pas si je peux me qualifier d'anar, ou alors anar écolo, mais je partage pas mal des idées énoncées par Sven Andersen. De la lecture qui fait du bien, pour pas cher, seulement 5€, à voir sur le site des éditions du monde libertaire.
Les éditions du monde libertaire sont l'oeuvre de la Fédération Anarchiste et je vous laisse le soin d'aller lire sa carte d'identité sur le site. Présenté comme cela, vous vous doutez un brin du contenu de ce livre notamment sur les notions de travail, de propriété, d'exploitation et du partage des richesses. Quant en plus, le livre est sous-titré, Petit guide à l'usage de l'athée misanthrope, je suis obligé de l'ouvrir pour lire ce que l'on dit de moi... Et finalement, je suis à la fois rassuré et déçu, mon athéisme est tolérant et ma misanthropie légère même si parfois, je tangue dangereusement vers le schizo-rationalisme dans mes moments d'agacement.
Que de belles phrases écrites par Sven Andersen-qui comme son nom l'indique est... belge- : "En réalité, le travail tue, le travail rend con, dépressif, suicidaire (...), il est vecteur de pathologies psychiques ou physiques (...), il est le terrain de jeu favori des harcèlements de tout type, il est à l'origine de divorces et de frustrations diverses, bref il est infiniment nuisible." (p.54) J'adhère, d'autant plus qu'il illustre son propos. Alors, évidemment, on sait que pour vivre, nourrir sa famille, il faut travailler et gagner de l'argent. Mais justement, c'est tout le système que l'auteur critique et veut changer. Il a des propos durs sur la natalité, mais aussi durs qu'ils soient ils posent la question de l'inévitable surpopulation des prochaines années : 9 milliards d'humains, puis, 10, 11...
Si je ne souscris pas à toutes les théories évoquées, je les lis bien volontiers pour ce qu'elles apportent au débat. Celles concernant l'avilissement de l'homme par l'homme, le travail, la consommation, la recherche du bonheur dans la propriété et la course à l'avoir plus qu'à l'être me parlent et sont à rapprocher du livre de Paul Lafargue, Le droit à la paresse. Je jubile dans divers passages concernant le travail et les relations obligées avec les collègues : "Bref, il (le schizo-rationaliste) est contraint de devenir le roi des hypocrites, un grand comédien simulateur, qui feint de prendre du plaisir avec ses collègues, ses patrons et/ou les clients, notamment lors de ces sommets de la tartuferie d'entreprise qu'on nomme les dîners du personnel, plus insupportables que les examens invasifs d'un proctologue, les activités infantilisantes de team-building (...), les pots d'anniversaire, de départ ou d'arrivée.(...) Le terme de "Touriste d'entreprise" nous convient bien, nous sommes même prêts à créer un Institut des Touristes d'Entreprises, dont les membres seraient tenus de respecter une Dé-hontologie (pour cersser d'avoir honte de conchier le travail) des plus strictes." (p.57). Moi qui me suis souvent fait traiter de touriste au travail -à ma grande joie dois-je avouer ici-même- j'en suis membre, sûr !
J'exulte à des phrases-aphorismes dignes de Pierre Desproges ou de Jean Yanne : "La religion est assurément l'opium du peuple mais elle est encore plus certainement le cyanure de la liberté de penser." (p.77/78)
Le schizo-rationaliste est un schizoïde-rationaliste, un être sans désir qui préfère passer son temps seul, l'inverse du grégaire ; son côté rationaliste en sus fera de lui un "être imperméable aux jugements d'autrui, à leurs modes et aux impératifs collectivistes et familiaristes." (p.26) Et parmi toutes ces vacheries, une tendresse assumée -que je partage : "Les chats partageront cet amour du calme et de la solitude, méritant rien que pour ça d'avoir été divinisé (sic) (une exception à notre théophobie) par une civilisation disparue." (p.70) Le "sic", pour cette coquille, une parmi pas mal d'autres...
Ah, j'allais oublier des points importants : cet essai est court (103 pages), pas cher (5€) et surtout facile à lire parce que le ton est plutôt amusant, les exemples parfois très drôles, même si le propos se veut sérieux mais point trop quand même : "Toute ressemblance avec la volonté d'avoir écrit un livre sérieux ne serait que pure coïncidence et n'engage nullement son auteur, car tout est insignifiant en ce bas monde..." (p.102)
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