Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
C'est l'un des plus bels ouvrages de ma bibliothèque que je présente ici, acheté l'année dernière au salon du livre de Paris sur le stand des Éditions Interférences et qui m'a été conseillé avec beaucoup d'enthousiasme par l'éditrice. Rien que l'iconographie des premières et quatrième de couverture laisse à penser à la qualité de l'ouvrage et au travail minutieux et incroyable réalisé en amont, en plus de la traduction de Sophie Bénedech, de l'introduction de Vitaly Amoursky, et de la reproduction des gravures issues de l'édition originale et des gravures sur bois, de la première et de la quatrième couverture, d'Alexis Kravtchenko, prévus mais interdits par la censure. Sans, évidemment, en oublier l'auteur, Alexandre Tchaïanov, Александр Васильевич Чаянов.
Alexandre Tchaïanov était d'abord et avant tout un agronome, fervent bolchevique, l'un des révolutionnaires de février. Et c'est malgré tout son opposition à Staline en matière de politique agricole qui l'a amené à sa fin, les dictatures faisant de mauvais amis avec la science. Ses diableries moscovites sortent totalement du cadre agricole, puisque d'abord ce recueil qui réunit cinq histoires qui se déroulent toutes dans la capitale russe, Moscou, et qui en est plus que tous les personnages le centre de chacune. Le titre en dit long, il évoque le fantastique et le côté obscur, pas loin donc d'un Poe, d'un Wilde ou d'un Hoffmann, version russe. Toutes écrites en l'espace d'une dizaine d'année entre 1918 et 1928, et publiées sous les drôles de pseudonymes suivants, Antropologiste A., Phytopathologiste U et Botaniste Kh.
Moscou, la troublante, l'énigmatique, l'intrigante est bien sûr le point commun de chacune des nouvelles, c'est son caractère énigmatique qui donne le goût à ces histoires. Ses cafés, tramways et automobiles, boulevards, constituent "le chaudron bouillonnant de la grande cité". À côté de Moscou la merveilleuse, on parcourt aussi la province, où Vladimir le protagoniste de notre première histoire se rend, Kolomna, l'exact opposé de la capitale toujours en effervescence. Moscou qui rayonne jusqu'aux plus petites villes de provinces. C'est ici la constitution d'une première mythologie moscovite pré-révolution, de cet homme russe, décliné en cinq histoires, à l'instar du philosophe grec, de cet homme doté d'une grande éducation, qui côtoient saveurs, archéologues. En-tout-cas, c'est l'occasion pour une présentation exhaustive des grands lieux de savoir de la capitale, université, théâtre. De cette ville cosmopolite, qui réunit en son sein la présence mystique et piquante de l'Orient, la franc-maçonnerie écossaise, la philosophie grecque, une ville auréolée d'une spiritualité qui se décline en autant de courants que ses rues et boulevards recèlent de mystères. Hoffman est décidément l'inspiration revendiquée de l'auteur, puisqu'une dédicace à son effigie est marquée sur le premier récit intitulé, Histoire de la poupée du coiffeur ou le dernier amour de l'architecte moscovite M… Le fantastique se manifeste par touches, par des détails presque invisibles, par ces impressions vaporeuses et presque impalpables. Dans la qualification de la poupée de cire de "vivant, divin, merveilleux", utilisant des attributs qui brouillent la frontière sur la réalité et l'imagination, la poupée de cire acquérant ainsi sa dimension humaine. Le fantastique s'instille par petites touches mais elles suffisent pour faire baigner le-a lecteur-rice dans une capitale russe ensorcelante, qui apparaît aussi lumineuse, capiteuse et magnétique que sombre et terrifiante.
J'ai adoré le style très descriptif et étoffé de l'auteur, ces phrases d'une richesse incroyable, pleines de caractère qui dépeignent la réalité russe urbaine et rurale jusqu'à ses moindres détails, j'ai lu avec la sensation d'être entraînée un siècle plus tôt, dans des contrées lointaines, autres que la sainte Russie, celles qui rayonnent culturellement, celles que l'on voit dans ces Panopticum chers à la Russie, Venise, l'Orient, qu'ils soit moyen ou lointain. Ou cette indéfinissable Antiquité et ses auteurs mythiques, qui pointent dans la deuxième histoire Vénédiktov, ou les mémorables évènements de ma vie. Les éléments du fantastique sont l'obscurité sous toutes ses formes, les ténèbres, nuit sombre, clair de lune, les bougies qui donnent le peu de lumière existant, une ambiance fantasmagoriques, les brouillards et brumes qui embrouillent tous les repères, les eaux troubles des rivières et fleuves, la peur décrite sous toute ses formes - les visages blafards, les frissons de terreur, -, les magies, l'altération de la réalité sous le prisme du miroir et du double malfaisant, comme dans l'histoire Le miroir vénitien, l'onirisme pour excuser le fantastique. Moscou n'est plus seulement Moscou, elle est Venise et Paris, l'auteur, a rassemblé beaucoup des mythes diaboliques qui ont traversé la littérature, Poe, Hoffman, Goethe, Théophile Gautier, ou même Anton Tchekhov.(...)
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Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
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