Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...
En 1972, le rapport Meadows (« Les Limites à la croissance ») lançait une première alerte sur les limites de notre planète. Rédigé par quatre scientifiques du MIT (Institut de technologie du Massachusetts), il fit l'effet d'une bombe avant de tomber aux oubliettes.
Abel Quentin imagine son pendant romanesque, le rapport 21, et retrace le parcours de quatre lanceurs d’alerte environnementaux.
Comment ces quatre chercheurs peuvent vivre en dépit de la certitude acquise d'un effondrement inéluctable. Comment peuvent-ils agir quand personne ne les croit ?
Ce roman, celui des désillusions, nous mène de la Californie des hippies à la France pompido-giscardienne, des années 60 à nos jours. Cette œuvre foisonnante est engagée et émouvante. Elle donne envie de reprendre des cours de maths et de lire les philosophes contemporains.
Réquisitoire effroyablement cinglant au titre magnifique puisque la "Cabane" désigne le refuge intime que chacun trouve en soi pour accepter la réalité, et l'assumer.
En 1972, quatre jeunes scientifiques, spécialistes de mathématiques, économie et informatique, réunissent leurs compétences pour publier une étude intitulée « The Limits to Growth» (Les Limites à la Croissance) : les activités de l’homme sur la terre détruisent la planète. Voilà, c’est dit. Il faut donc renoncer non seulement à la croissance économique mais aussi démographique au risque d’un effondrement général vers 2050 c’est-à-dire demain.
Des choses qu’on sait et qu’on vit maintenant, chaque jour. Notre modèle de société actuel épuise les ressources de la terre, perturbe le climat, crée des inégalités. Il faut donc redéfinir un nouveau modèle économique, freiner la surconsommation et l’usage abusif des matières premières, sinon nous connaîtrons crises, famines et conflits.
Abel Quentin précise dans une note aux lecteurs que si le « rapport 21 » dont il parle dans « Cabane » s’inspire de celui de 1972, les personnages, eux, ont été inventés de toutes pièces. On se doute que l’auteur a dû s’intéresser de près à Donella et Dennis Meadows, William Behrens et Jørgen Randers pour créer le couple américain du roman : Mildred et Eugene Dundee, le Français Paul Quérillot et le Norvégien Johannes Gudsonn.
Nous découvrons la façon dont le rapport a été élaboré et les tensions qu’il a provoquées au sein du groupe des scientifiques. (Quand on pense que ça fait 53 ans qu’on dispose d’informations claires et nettes sur le sujet et que nous peinons à enrayer le phénomène, j’avoue que cela laisse pantois.) Bref...
Mais l’originalité du roman réside surtout dans le fait qu’il s’intéresse à la façon dont les quatre protagonistes ont réagi lorsqu’ils ont pris conscience du terrible constat que leur étude venait de mettre à jour. En effet : comment fait-on pour continuer à vivre normalement quand on a 25 ans et que l’on vient de découvrir que la planète ne va pas tenir le coup encore bien longtemps, et ce à une époque où la terre entière n’en a absolument rien à faire (pire que maintenant, c’est dire!) ? J’ai adoré les portraits de ces personnages que je trouve tragiques dans la mesure où ils sont détenteurs d’une horrible vérité et donc d’une trop lourde responsabilité pour eux.
Chacun d’eux réagira à sa manière...
« Cabane » est un roman passionnant, terrible, satirique, qu’on lit comme un roman policier et qui donne vraiment envie de réagir. On apprend plein de choses sur l’histoire de l’écologie et Abel Quentin est un génial vulgarisateur qui nous donne accès à des concepts scientifiques, philosophiques et écologiques essentiels. C’est ce type de livre qui donne envie de vivre autrement. Ça calme comme on dit !
Un vrai coup de coeur !
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En 1972, quatre jeunes universitaires prédisaient, modélisation à l'appui, l'effondrement de notre croissance exponentielle. Abel Quentin nous rappelle le message plus que jamais pertinent de ces lanceurs d'alertes, des collapsologues avant l'heure.
L'auteur, le livre (477 pages, 2024) :
Avec un peu de décalage, Abel Quentin s'empare du Rapport Meadows qui vient de fêter ses cinquante ans en 2022. Son bouquin, Cabane, a au moins le mérite de nous obliger à tapoter quelques recherches autour de ce fameux rapport et de ses auteurs qui en 1972, tirèrent (vainement) la sonnette d'alarme.
On était un tout petit peu trop jeune pour avoir entendu parler de ce rapport, mais c'est là une bien piètre excuse car il a été régulièrement actualisé depuis, tous les dix ans à peu près.
Le contexte :
Le bouquin évoque les auteurs du Rapport Meadows intitulé Les limites de la croissance, publié en 1972. Ces 4 jeunes universitaires du MIT analysaient les interactions de plusieurs “systèmes dynamiques complexes” (économie, démographie, ressources, pollution). Leurs modèles prédisaient un effondrement mondial vers 2050, en raison de notre croissance exponentielle insoutenable pour la planète.
À sa sortie, le rapport Meadows s'est vendu à des millions d'exemplaires mais ne nous inquiétons pas, il est tombé assez rapidement dans les oubliettes : aucun système politique n'est capable de faire les choix nécessaires et l'on sait aujourd'hui ce que devient notre planète.
“Les prophètes de malheur sont rarement écoutés” et généralement “on préfère foncer dans le mur en klaxonnant”.
Donc tout va bien, ce n'était qu'un rapport de plus, comme ceux du GIEC, une alarme que l'on peut oublier d'entendre en continuant de boursicoter sur des bulles spéculatives. Ouf.
Les auteurs du Rapport Meadows de 1972 (rebaptisé Rapport 21 dans le livre) étaient des Cassandre, des lanceurs d'alerte avant l'heure, des collapsologues, bien avant que tous ces mots ne soient inventés.
En 1979, quelques uns de leurs collègues vont même sortir le Rapport Charney sur le réchauffement climatique !
Toutes ces alertes ne datent donc pas d'hier mais bien d'avant-hier, il n'est pas inutile de le rappeler.
Comme ceux du GIEC, le rapport Meadows est souvent cité par ceux qui ne l'ont pas lu (moi, le premier) et le bouquin d'Abel Quentin est justement là pour vous permettre d'en parler à votre tour.
♥ On n'aime pas vraiment :
➔ La première partie du bouquin (beaucoup trop longue) s'attache aux pas des quatre universitaires du rapport, qui pour les besoins du roman, ont été redessinés et déménagés à Berkeley, la côte ouest est plus glamour et plus évocatrice des hippies. C'est un subtil mélange de bavardage intellectuel, d'ironie arrogante et d'amertume cynique : une recette qui ressemble fort aux figures imposées d'un prix qu'on court.
On a donc bien failli décrocher de ce bavardage un peu vain.
➔ Mais à mi-parcours, le bouquin change du tout au tout : Abel Quentin catapulte le lecteur en 2022, année marquant le cinquantenaire du rapport. En quelques pages, il nous résume le contexte qu'il vient de trop longuement développer et introduit un nouveau personnage : un journaliste se met à enquêter sur le quatrième larron du Rapport, le mathématicien norvégien, que l'écrivain avait pris soin de nous rendre un peu mystérieux. L'intrigue est enfin lancée.
➔ Las, la dernière partie du roman se perd dans un délire catastrophiste de survivalistes sectaires. On comprend bien que ce n'est qu'une histoire et pas la thèse d'Abel Quentin, mais paradoxalement, cela dessert dangereusement le propos initial. Le roman semblait jusqu'ici plutôt un hommage un peu ennuyeux aux auteurs du fameux Rapport Meadows mais transformer l'un des auteurs en savant fou (littéralement) n'est pas vraiment rendre service aux lanceurs d'alertes.
Avec beaucoup de mauvaise foi et un peu de méchanceté gratuite, laissons le dernier mot à Abel Quentin lui-même :
[...] Je relus à l’aube, et trouvai tout cela un peu fabriqué. C’était paresseux, sensationnel, approximatif, mais tout le monde le faisait, et il fallait bien vivre.
Le canevas :
Dans ce roman, Abel Quentin ré-invente donc le parcours des auteurs du célèbre Rapport Meadows (rebaptisé Rapport 21 dans le livre) en s'inspirant de quelques éléments de leur vie réelle pour créer ses propres personnages (il faut d'ailleurs régulièrement tapoter sur le ouèbe pour démêler le vrai du faux et de l'à peu près vrai).
Ce seront les Dundee qui vont figurer les Meadows, un couple de hippies écolos (c'était l'époque).
Dans la véritable équipe d'universitaires aux côtés des Meadows, il n'y avait pas de français mais bien un norvégien (Jørgen Randers) et un autre américain (William Behrens).
Aucun des quatre personnages d'Abel Quentin n'est vraiment sympathique : on les découvre perdus entre leurs égos, leurs déceptions (leur rapport fera beaucoup de bruit ... pour rien), leurs obsessions et leurs mesquineries. Voire leurs contradictions, puisque le personnage fr
Cabane parle du destin de quatre chercheurs, qui, en 1970 publient un rapport sur l’avenir du monde. Un rapport scientifique dont les conclusions quels que soient les scénarios sont sans appel. Il prédit l’effondrement à l’horizon 2050 de nos conditions de vie telles que nous les connaissons si l’humanité continue de se développer et à puiser dans ses ressources à cette même vitesse.
Abel Quentin s’inspire directement du rapport scientifique « Meadows » sur la limite de la croissance en 1972 pour écrire la fiction qu’il nous propose. Il met en scène les quatre scientifiques auteurs de ce rapport qu’il nomme ici « rapport 21 » et imagine leurs destins. Il aborde également le thème littéraire de l’effondrement, non pas sous la forme d’un roman post apocalyptique ou d’anticipation , mais en racontant les cinquante dernières années de ces quatre scientifiques et comment chacun appréhende cette angoisse qui va crescendo pendant les cinquante années d’une vie humaine.
L’auteur va mettre en scène un couple d’américains, Mildred et Eugène Dundee, qui, durant toute leur vie vont militer et porter le message extrêmement angoissant et terrifiant de ce rapport.
Le troisième personnage, un français, Paul Quérillot, est le plus stratégique et le plus cynique. Il refuse de se laisser emporter par le message sinistre du rapport. Il a envie de vivre et de profiter. Il tournera le dos à ce message qui critique la société industrielle et sa consommation frénétique pour profiter de tout ce que la vie peut lui apporter, en étant tout de même travailler par la mauvaise conscience.
Le dernier personnage est un norvégien, Johannes Gudsonn, jeune génie des mathématiques dont on perd la trace dans les années 1980.
En 2023, un journaliste Rudy Merlin, découvre « le rapport 21 » et va se poser la question de ce quatrième savant dont on a perdu la trace. Certains disent qu’il est devenu fou, d’autres qu’il se serait marginalisé. Il décide alors de mener l’enquête et de suivre les quelques traces qu’il a laissées.
Abel Quentin s’empare ici du réel et le décrit avec férocité afin de provoquer une prise de conscience sur l’urgence de réagir même s’il est déjà trop tard.
Cabane aborde le thème de la crise climatique sur fond de croissance industrielle et démographique qui mène l’humanité vers l’effondrement de notre monde.
Lu dans le cadre du « Prix Landerneau des Lecteurs 2024 » Je remercie les Editions « L’Observatoire » pour cet envoi.
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