Harvey est le titre du roman de l’américaine Emma Cline (La Table ronde). C’est aussi le prénom de l’homme par qui a déferlé le mouvement Metoo.
Il semblerait qu’Harvey Weinstein soit le héros d’un livre de l’autrice de The Girls. Ce personnage dans la tête duquel on reste plongé pendant toute l’histoire ressemble bien à ce Weinstein qui est « tombé » au moment de la grande vague Metoo, mais son nom n’est pas donné dans le livre.
De même que Régis Jauffret s’inspirait de l’affaire DSK pour La Ballade de Rikers Island, Emma Cline s’empare du fait divers le plus retentissant de ces dernières années, non pour le décrire ou le revisiter, mais pour retourner le protagoniste comme la peau d’un lapin qu’on écorche, afin de pénétrer le fonctionnement d’un homme dont la vie a basculé.
Dans Harvey, le héros est un homme assigné à domicile, à la cheville cerclée d’un bracelet électronique, et qui vit dans une grande maison qu’un ami lui a prêtée dans le Connecticut. Il est seul, la maison est froide, et le majordome est aussi parfaitement serviable qu’un robot humanoïde.
Il est drôlement amoindri, Harvey, les maux de dos l’empêchent quasiment de marcher. Il se fait faire des injections d’anti-douleurs à haute dose, de celles qui déconnectent plus encore le patient de la réalité. Il reconnaît l’un de ses voisins pour être l’écrivain Don Delillo, et cela lui redonne l’idée d’adapter l’un de ses chefs d’œuvre, White noise (Bruit de fond en français). L’histoire d’un universitaire dont Hitler est le sujet d’étude, rapidement obsédé par la mort. Mais au-delà des similitudes entre le personnage de fiction et Harvey, rongés tous deux par des angoisses morbides, est-ce vraiment le célèbre écrivain ou un effet des drogues ?
Le procès n’est pas la question. Les exactions du personnage non plus. Le texte entre dans le moment de la vie d’un homme qui a été roi et qui se débat pour maintenir la fiction de sa puissance en jeu. Le roman n’a aucune ambition morale, d’ailleurs Harvey ne semble pas avoir compris ni digéré ni regretté ce qui l’a conduit à cet enfermement. Il est davantage anthropologique dans ce qu’il raconte le lent naufrage intérieur d’un homme déjà effondré socialement. Le parallèle entre l’opprobre unanime et planétaire qui a jugé l’homme avant la justice et les préoccupations de ce personnage, occupé à faire son come back, parfaitement inconscient de sa mort sociale est vertigineux. Il raconte aussi comment le déni peut être une arme redoutable qui permet de ne jamais vraiment poser le mot « fin » à la fin d’une histoire.
Une chronique qui donne la chair de poule ,savoir la vérité exact de cet état de lapersonne concerné à a decouvrir avec le suspens bien sur
Il me tente beaucoup. J'ai entendu des critiques positives et négatives à l'emission La plume et le masque. J'ai envie de me faire ma propre opinion
Bonjour, merci beaucoup pour cette chronique qui me donne très envie de lire ce livre.