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"La nuit pour adresse" de Maud Simonnot [Club des Explorateurs #73]

Editions Gallimard

"La nuit pour adresse" de Maud Simonnot [Club des Explorateurs #73]

Cette semaine Alsk LESKA et Bénédicte Junger ont lu La nuit pour adresse de Maud Simonnot (Gallimard)

 

 

L’avis de Alsk LESKA :

Qui donc connait Robert McAlmon ?

Je lis l’interrogation chez vous. Alors qui connaît Ernest Hemingway ?

Vos yeux semblent bien plus ouverts et à l'écoute !

Alors, j’avoue ma faiblesse moi aussi : je ne connaissais pas ce Monsieur McAlmon avant d’ouvrir l’ouvrage de Maud Simonnot.

Cet homme n'était autre que le premier éditeur d'Hemingway. Mais il était aussi auteur. Poète. Adepte du Carpe Diem et des soirées entre amis. Soirées parisiennes très alcoolisées, cela va de soi, alors que de l’autre côté de l’Atlantique, la prohibition faisait rage.

Maud Simonnot a su me captiver par son écriture romanesque pour me livrer la vie littéraire de McAlmon, dit Mac. Un homme altruiste, effacé et aimé, souvent  entouré, mais finalement toujours seul. Si heureux, ou malheureux de pouvoir se sauver, de disparaître, afin de toujours rester indomptable. Il aimait les livres, l’ivresse, l’instant présent  et les autres.

Quel travail titanesque Maud Simonnot a t-elle fait pour s'approprier cette vie qu'elle semble tant connaitre. Quel formidable hommage écrit à cet homme presque oublié. Pari réussi car elle m'a entrainée dans le Paris littéraire  anglo-saxon des années 20.

Ne cherchez pas dans ce livre dialogues ou intrigue, la vie de McAlmon se suffit à elle-même. Au gré des pages, on rencontre Sylvia Beach, la fondatrice de la librairie Shakespeare and Co, dans laquelle il m'arrive de poser ma besace pour la remplir.

Évidemment, Hemingway n'est pas en rade puisque Simonnot nous conte son amitié et ses frasques avec Mac. Aussi James Joyce et les lectures de son pavé, Ulysses, publié par Mac. Ezra Pound, Nancy Cunard, Bill Williams, Kay Boyle … Autant d’individus que vous allez croisez dans ce livre avec délectation.

Finalement, je connaissais un peu McAlmon, via le personnage de Jack dans l'ouvrage « Et le soleil se lève aussi » d’Ernest Hemingway. Car Hemingway se serait largement inspiré de son éditeur pour créer ce personnage. Livre que j’ai détesté, de par son écriture, et le manque de profondeur dans la description des états d’âme des personnages, d’une génération perdue. Et éprise d’insouciance. Cette profondeur, je l'ai trouvée dans le livre de Simonnot. Avec en prime, un titre de livre à la teinture poétique. La nuit pour adresse.  Je m’en irais m’y noyer pour une once de sa couleur.

J’ai lu le livre de Simonnot comme j’aurais pu écouter du Brahms, ou regarder un couple danser. Avec les mêmes ardeurs, les mêmes émotions, les mêmes sourires. Submergée par le Paris des années folles. Puisque Simonnot nous le rappelle, par la voix de Hemingway : « Si vous avez la chance d’avoir vécu jeune homme à Paris, où que vous alliez pour le reste de votre vie, cela ne vous quitte pas, car Paris est une fête. »

© Alsk LESKA

 

L’avis de Bénédicte :

Maud Simonnot rend un hommage majestueux à ces années folles, ces années où tout était possible, où il était urgent de vivre quitte à se brûler les ailes.

Proche de la biographie romancée, elle donne à entendre la voix singulière de Robert McAlmon, un expatrié qui a fait vibrer la nuit parisienne de ses folies et le monde littéraire par son nez pour dénicher les grands talents. Indéniablement dans l'air du temps, flirtant avec panache avec les surréalistes, Mac devient bien plus qu'un américain à Paris. Avec Hem (Hemingway), Cocteau, Joyce ou Man Ray, il est au cœur d’une époque où l’on se perd dans l’espoir de se (re)trouver.

De ses amitiés à ses choix éditoriaux, de sa solitude d'homme libre à ses rêves de grandeurs, l'auteure saisit tous les contrastes d'une génération mais surtout d’un homme libre.

 

« Une fois, en regardant ces deux représentants de la jeune garde descendre la rue de l’Odéon côte à côte, Joyce avait confié à Sylvia que les apparences étaient mensongères. Même si Hemingway essayait de jouer au dur et si McAlmon cultivait sa réputation de garçon sensible, la vérité s’inscrivait au revers des évidences. »

 

Maud Simonnot est éditrice chez Gallimard et cela se sent dans le roman qui souligne les relations entre éditeur et auteur. L’accent est également porté sur la fragilité du travail d’édition tant du côté de la viabilité financière que du côté de l’établissement d’une confiance réciproque avec l’auteur.

 

J’ai aimé le ton, la grâce de l’écriture et cette ambiance si bien restituée du café de Flore à Montparnasse. Richement documenté et articulé autour de citations de personnes qui l’ont côtoyé « La nuit pour adresse » est le portrait vibrant et fort d’un homme de convictions comme il n’en existe plus beaucoup. L’auteure possède ce don de redonner vie à une époque et d’emmener son lecteur par la main.

Si MacAlmon a été quelque peu oublié, Maud Simonnot le fixe à jamais comme un de ces personnages flamboyants et inspirants dont nous avons tant besoin.

 

© Bénédicte Junger

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Commentaires (2)

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