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Nous mettons donc régulièrement en avant vos avis éclairés sur des romans de jeunes auteurs, de jeunes maisons d'édition ou moins connues.
Cette semaine, c'est au tour d'Evlyne Léraut de partager son avis sur le livre de Netonon Noël Ndjekery, membre du jury du Prix Orange du livre en Afrique 2022 : Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis, paru aux éditions Hélice Hélas.
L'avis d'Evlyne Léraut sur le livre Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis
"Un monument ! Une urgence de lecture.
Incontournable, superbe, « Il n’y a pas d’arc-en-ciel au paradis » est d’une force inouïe. Un livre qui surpasse le toit du monde. Une fierté éditoriale hors norme. Entre le chant du conte qui arrime une histoire riche de signaux et les faits vrais qui persistent encore de nos jours. Cet hymne mémoriel est une barque voguant sur le fleuve des rappels et des insistances. Ce kaléidoscope est l’expression même d’une littérature de pouvoir, essentielle et historique.
« Face au premier Européen à rafraîchir le bleu de ses yeux à l’onde de ce lac hors norme, un autochtone, un de tes lointains ancêtres, embrassant l’horizon de ses bras, s’est écrié « Tchad », ce qui signifie « grande étendue d’eau » en langue Kanouri. Quelques décennies plus tard, les descendants de ce Blanc ont trouvé que ce nom, véritable haïku, ne pouvait se suffire du seul bassin aquatique aussi vaste soit-il. Ils l’ont donc étendu à une partie considérable de la Baobabia (Terre du baobab) ou Afrique subsaharienne. Ainsi naquit ton pays le Tchad. »
Écoutez Nétonon Noël Ndjékéry, le périple retour de Tomasta Mansour.
Zeïtoun, jeune esclave, porte-drapeau d’une terre de sable et d’errance. L’exil forcé, chaîne autour du cou, l’enfant volé à des fins de profits par les négriers. Lui, d’amandes et de sucs, de malice et de débrouillardise, l’enfant désert et de communauté, fuir les vils, se cacher et être enfin sauvé.
L’auteur surdoué dévoile l’idiosyncrasie de l’esclavage de tous ces peuples meurtris dans leur chair. On est captivé par Zeïtoun, sa rencontre fortuite avec Tomasta Mansour qui a recueilli ce petit être enfoui sous les sables mauvais.
« Yasmina et Tomasta Mansour recueillent un adolescent à l’article d’inanition, pour ne pas dire plus. Au collier de sang coagulé qu’il portait au cou, ils reconnurent un petit esclave en fuite et en eurent le cœur serré. »
On ressent l’altruisme de cet homme, lui-même ancestral esclave en partance avec Yasmina, fugitifs emblématiques. Le périple initiatique est le fil rouge entre Khartoum, la région du lac Tchad, ce qui se murmure ici, est l’exactitude, la réalité à peine floutée. Et pourtant, ce livre socle est une fable utopique. Une déambulation qui mène aux constructions d’ivoire, d’essences et de résilience.
« Bientôt, ils commencèrent à zigzaguer entre un nombre de plus en plus croissant de marais parsemés ou bordés de bouquets de papyrus. C’était un indice qui ne pouvait tromper. La Grande Eau ne se trouvait plus loin. »
Ce récit captivant, caravane littéraire dont on ne lâche pas les yeux un seul instant. Personnages indélébiles et entre les virgules, le point d’appui crucial , la fresque d’une communauté qui va éclore sur l’île nomade. « Une personne, toutes les personnes. Socle du savoir vivre à Keyba. »
Elle dérive cette île, tout comme l’histoire qui enfle, tsunami, les religions, les oppressions, les soumissions sur l’autre rive à portée de vue, de craintes irrévocables.
Pourtant « le fameux royaume affranchi de toutes les servitudes terrestres » oasis et antre fraternel, de coutumes et d’habitus loyal ne résistera pas aux faux-frères de Boko-Haram.
Fleuve de lycéennes jetées en pâture, l’île assiégée et décapitée, l’utopie égorgée vive.
On pourrait par la grâce de la plume de Nétonon Noël Ndjékéry croire à une légende. La contemporanéité survole les mythes et prend place dans cet écrin monde.
Ce grand livre lucide et engagé lève le voile sur les tragédies des empires négriers, aux mouvances djihadistes. Baobabia, le drapeau des utopies et d’une société modèle mais éphémère. Un siècle au travers de Tomasta Mansour, un homme qui n’a jamais mis le genou à terre.
Un livre phénoménal, précieux, rare. Publié par les majeures éditions Hélice Hélas."
Merci à Evlyne Léraut !
Pour retrouver d'autres avis sur le livre, c'est ici : Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis
Merci du fond du cœur pour cette belle mise en avant. Touchée @lecteurs.com par votre geste de partage d'un si grand et beau récit.
Un bel été à tous et toutes. Evlyne
Encore un sujet qui fait frémir, car se peuples et toujours perturbé et pour longtemps c est triste une façon de découvrir une autre facette dans se livre très intéressant
Bonjour, Merci pour cet avis sur ce roman qu'effectivement a l'air captivant !