Premier roman, premier Prix Orange : avec L’Origine de la violence (ed. Le Passage), Fabrice Humbert faisait des premiers pas très remarqués en littérature, dans le même temps qu’Orange lançait son premier prix littéraire. Depuis, sa carrière n’a pas démenti le talent originel d’un auteur qui construit à son rythme une œuvre singulière appuyée sur le questionnement de la violence. Son dernier livre en date, Eden Utopie, sortait en février 2015. Le film L’Origine de la Violence, adapté de son premier roman éponyme par Fabrice et Elie Chouraqui, est sorti au printemps dans les salles.
Actuellement il écrit un roman qu’il espère finir pour septembre 2017.
Le conseil de lecture de ... Fabrice Humbert
« Le livre que je voulais vous recommander est l’un des meilleurs lus ces dernières années, Eureka street, de Robert McLiam Wilson (ed 10/18). Je l’ai lu l’année dernière à l’issue d’un concours de circonstances : Eureka street est le nom d’une librairie à Caen. Ses libraires m’avaient invité sur leur stand lors d’un salon, et c’est à cette occasion qu’ils m’ont appris l’origine de ce nom étrange, un hommage à leur roman préféré publié à la fin des années 90. Un livre qui porte sur Dublin et sur une bande de jeunes gars, certains protestants, d’autres catholiques, pendant les périodes les plus difficiles de la guerre civile.
Alors je l’ai lu. J’ai trouvé absolument formidable que tout soit traité sur un mode mi comique mi tragique, l’un n’empêchant jamais l’autre dans l’écriture. Il y a par exemple une scène d’attentat qui est vraiment extrêmement tragique, et belle en même temps, qui suscite une compassion extrême pour les victimes tout en ouvrant largement sur la beauté de la vie. Ce genre de scène voisine dans le livre avec des pages d’une lubricité totale, et très drôle aussi. C’est totalement débridé, imaginatif, et ça remplit en moi un besoin qui l’est rarement habituellement, celui de trouver un livre qui soit à la fois pleinement drôle et pleinement tragique et beau. Il est rare que le comique soit réussi au point de se marier parfaitement à toutes les autres tonalités.
Alors je ne connaissais pas ce texte, j’avoue, c’est pourtant un livre culte, très facilement trouvable aujourd’hui. Un roman qui continue de vivre sa vie 20 ans après sa publication. J’ai eu la surprise de découvrir aussi que l’auteur est l’un des auteurs de Charlie Hebdo. C’est à la lecture de Eureka Street que l’équipe du journal lui a demandé une chronique régulière sur l’actu. A la suite des attentats de Charlie, il a d’ailleurs écrit une chronique formidable sur les attentats. C’est à dire qu’en tant qu’Irlandais, il connaît très bien le sujet. Il est d’ailleurs passionnant et plutôt visionnaire sur l’attitude des gens après les attentats. Son regard est politiquement très intéressant. Tout cela concourt à me donner l’envie de le rencontrer personnellement, ce qui m’arrive très rarement, m’ais j’avoue être conquis par cet esprit foncièrement original. »
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