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Philosophe et sociologue, il consacra son attention et ses études à révéler l'importance de l'organisation dans l'économie et dans celle, émergente, des nouvelles technologies, notamment celles qui permettaient la disparition de l'asservissement des Hommes, amélioraient la qualité des produits, donc, en d'autres termes, sur tout ce qui peut améliorer la liberté et l'intelligence humaine.
Il a traversé l'histoire, et ses moments aigus, comme un météore.
Brève existence, donc, mais pas chômée : impliqué dans les mouvements étudiants, fortement engagé dans les événements de 1968, il n'économisait pas la tâche de l'étude, gros lecteur et goûteur de chemins inusités, il pratiqua assidument la lecture directe et complète des textes « originaux », découvrant ainsi une théorie et une politique « d'en dessous », ignorées ou niées.
Il mit la même importance à être, avec la même qualité et la même exigence intellectuelle, à la fois analyste et acteur de son temps, où l'analyse menait l'action et l'action formait, fabriquait l'analyse dans le pur domaine de l'abstraction projective.
Corrompant l'écriture théorique afin d'évoquer les conceptions les plus inouïes, il y a du Thomas More dans ses exposés.
Chantre de la « dérégularisation », qu'il estimait nécessaire dans le domaine des nouvelles technologies, il se l'appliqua dans le domaine politique. Il comprit très rapidement, et très radicalement, qu'il fallait donner une chance aux utopies qui ouvraient et à la réalisation des espoirs de liberté, à la disparition des contraintes (dont le travail aliénant), et à l'exploration d'étendues inconnues - qu'il sait inquiétantes mais inévitables.
Ce fut, bien armé d'un sérieux bagage théorique et politique, qu'assez naturellement il participa à ce que l'on appellera l'espoir ouvert par le premier septennat de François Mitterrand, il mit à profit la chance qui s'ouvrait devant lui. Il s'éteignit en même temps que l'espoir.
Il inventa un style d'expression dans différents niveaux d'expression : théorie, rapports, enseignements, articles - ce qui laissa parfois interdit.
Il inventa un mode de gouvernement dans un service d'État, suppression de la pyramide au profit de la nappe (ou réseau) surgissante.
Il a beaucoup séduit par une parole libre, par une pertinence brûlante et, aussi, par une alacrité de ses analyses, par la fermeté de ses engagements et par la puissance de son action - tout autant dans les domaines pratiques qu'intellectuels.
Ce livre n'est ni un hommage ni une commémoration, mais une volonté de plonger dans sa démarche, dans les analyses qu'elle produisit, impulsées par lui mais au-delà de lui, afin de nous demander si cela nous concerne encore et si elles peuvent être une source de réflexions débouchant sur de nouveaux projets, sur de nouvelles actions, sur une nouvelle généalogie du passé récent et de ses conséquences restées jusqu'à ces jours incomprises.
Yves Stourdzé laisse une oeuvre interrogative que nous n'avons pas (encore) épuisée. Il voulait l'ouverture à toutes les aventures humaines, eh bien ouvrons là !
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