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Dès le début du XVIe siècle, Rome a été le pôle d'attraction des artistes dans l'Europe entière. D'Espagne, des anciens Pays-Bas, de France, ils accouraient pour s'emparer de la culture qui s'y était imposée. De même qu'aujourd'hui les jeunes se rendent en Angleterre ou aux États-Unis pour améliorer leur anglais, ils venaient apprendre à parler italien dans leurs oeuvres - surtout en peinture. Leur formation n'était pas complète sans le voyage. Ils copiaient les antiques, étudiaient les maîtres, cherchaient à entrer dans les ateliers - où leur présence a été rarement détectée jusqu'ici - et, parfois, décrochaient des commandes.
Alonso Berruguete, le grand sculpteur de Castille, et Pedro Machuca, qui fit bâtir à Grenade le palais de Charles Quint dans l'Alhambra des Maures, ont longtemps collaboré avec Raphaël avant de regagner leur pays. Le Flamand Michel Coxcie a exécuté une chapelle à fresque en partant des projets qu'en avait laissés Sebastiano del Piombo. Perin del Vaga est descendu dans les grottes de la Domus Aurea de Néron en compagnie d'un paysagiste flamand, qui a été son aide. Vasari mentionne parmi ses collaborateurs à la salle des Cent jours Pedro de Rubiales, qui laissera un chef-d'oeuvre à Naples pour le vice-roi, et Gaspar Becerra, qui entrera au service de Philippe II. Dans les palais romains sont intervenus des peintres tels qu'Antoine Caron, qui travaillera à la cour de Catherine de Médicis et de Henri II, Marten de Vos, qui dirigera le premier atelier d'Anvers, et Navarrete, « el Mudo », que Philippe II chargera de nombreuses toiles à l'Escurial. Même Pieter Bruegel a fait le voyage - tout en tournant le dos aux antiques et aux maîtres pour regarder seulement la nature.
Lorsque, dans les années soixante-dix, la « belle manière » italienne brille à Rome de ses derniers feux, parmi les protagonistes figurent le Bruxellois Hans Speckaert, qui s'y éteindra encore jeune, l'Anversois Bartholomäus Spranger, qui partira s'installer à Prague, chez Rodolphe II, et le jeune Candiote qui s'était vanté de pouvoir refaire le Jugement dernier à la chapelle Sixtine et qui deviendra en Espagne « el Greco ».
À l'aube du nouveau siècle, les Flamands formaient à Rome une nombreuse colonie, dont une foule de paysagistes, quand y descendit le Francfortois Adam Elsheimer et qu'y séjourna Rubens, ouvrant la voie au baroque.
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