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Peu de mots attirent autant la foudre et l'envie. Peu de mots ont évolué à ce point à partir de leur étymologie. Peu de mots ont été aussi injustement accaparés par la moitié de l'humanité pour en priver l'autre. Ce mot passionnant : virilité ! À l'heure de #MeToo, la virilité clive et enflamme la société. Mais remontons un peu à la source. À son origine, ce terme n'était pas genré. La virilité était une énergie vitale partagée par les hommes et les femmes. Voici un manifeste pour rafraîchir le langage et déplacer le combat : au lieu de mettre en accusation une masculinité viriliste et violente, allons chercher l'Éros, le désir de vivre, qui sous-tend la virilité, la vraie ! Sur le chemin, nous découvrirons qu'être virile, c'est être libre et mature, relié(e) harmonieusement à la Nature, que Vénus était virile et non binaire... Il devient urgent que les femmes du XXIème siècle se réapproprient leur virilité autant que leur vénusté !
A l’heure où le sens des mots et des phrases prend de plus en plus d’importance dans la société, à cette même heure où chaque discours médiatique est passé au peigne fin, Mariette Darrigrand, sémiologue et directrice du cabinet Des Faits et des Signes, publie Viriles comme Vénus aux éditions des Equateurs. Un essai à l’allure de manifeste autour d’une notion clé qui rassemble et sépare depuis plusieurs décennies : la virilité.
Saviez-vous qu’à son origine, le terme viril n’était pas genré ? Que la virilité était, en réalité, une énergie vitale que les hommes et les femmes se partageaient sans que cela soit source de jugement de l’un ou de l’autre côté ? Le court ouvrage de Mariette Darrigrand revient sur cette notion phare, source de conflits, tantôt modifiée, tantôt mise en avant à outrance, afin de se réapproprier sa vraie définition : la liberté.
Le livre de Mariette Darrigrand se déroule sur la base des repas en famille, moments intenses de débats où chacun s’exprime sur un sujet donné pour faire sauter son interlocuteur au plafond ou au contraire, le voir approuver les propos d’un geste de la tête. Elle y raconte les siens où les avis entre l’ancienne génération et la nouvelle sont virulents mais toujours parsemés de joutes verbales éclatantes qui ne laissent aucun doute sur les idées de chacun. Entre alors le fameux terme qui fondera le manifeste : la virilité.
Cette virilité, énergie intense et non-binaire se transforme malheureusement au cours des siècles en virilisme, idéologie prônant la valeur supérieure du genre masculin. Grosse métamorphose donc, que Mariette Darrigrand illustre à travers de nombreux axes sémiologiques et sémantiques qui ne manqueront pas de faire réviser les latinistes en perdition. Un passage obligé mais passionnant pour établir le lien entre la virilité, la maturité et la liberté qui ne manque pas de surprendre et d’interpeller.
Bien sûr, Vénus n’a pas sa place pour rien dans cet ouvrage, elle qui transmet ce fluide énergétique à travers cultes et croyances. L’image de cette déesse change elle aussi à travers les siècles et Mariette Darrigrand met en lumière le lien entre ces deux évolutions. Mais tout cela pour mener où exactement ? Rassurer sur un terme masculinisé pour montrer qu’il est possible de reprendre une possession sémantique longtemps effacée ? Si les amoureux de langue française seront ravis par les références de cet écrit qui ne manque pas de stimuler la culture, on pourra regretter le manque d’affirmation de la position de l’auteure sur le fond du sujet.
Le manifeste ne se revendique pas féministe mais arbore un discours qui pourrait indéniablement passer comme tel aujourd’hui. Le doute persiste cependant, il semble faire passer un message et ne pas en faire passer un, au point qu’il soit presque difficile de comprendre la position exacte de Mariette Darrigrand. Ce flot de références extrêmement dense écrase et floute totalement la pensée profonde. Les chapitres se confondent car la trame logique semble imperceptible et certaines informations pourraient avoir leur place dans la première comme dans la dernière page. Finalement, on ressort de cette lecture avec un goût d’inachevé : là où la quatrième de couverture nous laissait imaginer un écrit engagé, on y trouve plus simplement l’histoire d’un mot qui fut assez chahuté.
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