"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Bienvenue à Mersin ». C'est l'affiche qui accueille Marc et ses compagnons à l'entrée de la petite ville calme. Peut-être même trop calme. Pas de bruit, pas d'habitant... simplement des questions qui se bousculent dans les têtes et l'étrange sensation d'une présence qui murmure de fuir.
Je remercie L'auteur, Nicolas Villeneuve pour m'avoir proposé de découvrir son livre. Un résumé intriguant, une couverture qui nous guide dans un monde post-apocalyptique, bref de quoi égayer ma journée.
Marc, Jessica sa fille de 8/9 ans et Henri, le frère de Marc, sont en voiture, en train de chercher leur route. La sortie de l'autoroute semble être la bonne pourtant il n'y a pas âme qui vive dans le secteur. Une panne d'essence à quelques centaines de mètres de leur arrêt forcé. Marc décide d'y aller pour acheter un jerrican d'essence tandis que les deux autres restent dans la voiture. Entre deux, un véhicule passe sans s'arrêter conduit par une certaine Clara qui cherche également sa route. Bizarre bizarre ce début où tout le monde semble avoir perdu son chemin. Lorsqu'elle s'arrête à la station service, elle va rencontrer Marc et un vieil homme dur de la feuille qui adore proposer du café infect à tout le monde. Et puis sa voiture va avoir les pneus crevés, pas d'essence dans une station qui n'en a plus depuis une semaine... Et tout cela juste dans les premières pages !
« Il se souvenait du voyage, de la panne d’essence. Le vieil homme bizarre de la station qui leur avait proposé de dormir sur place. De la jeune femme qui s’était pointée et du sale coup que lui avait fait Henri. L’ambiance avait été bizarre et ils s’étaient réveillés en sursaut après ce bruit. Comme celui du tonnerre qui avait résonné.
Il avait les mains posées sur le visage. Les images brouillées lui revenaient peu à peu en tête. Ses efforts étaient payants et il s’en sentait rassuré. Tout n’était peut-être pas perdu. Sauf que...
Les relents de mémoire apparaissaient puis se brouillaient comme de la vapeur d’eau. Mais il devait s’accrocher. Le seul moyen de ne pas perdre pied, de comprendre la situation, et peut-être, de sortir d’ici. Les vagues de chaleur que soufflait le ventilateur ne l’aidaient pas, et il pensa un instant à essayer de l’arrêter. Mais il n’osait pas bouger. Il devait se calmer, ne pas perdre une once de concentration pour tirer ça au clair. »
Une histoire qui tient la route, malgré le fait que les personnages eux, se retrouvent bloqués au milieu de nulle part, sans un réseau pour téléphoner, sans voiture, sans essence, juste leurs pieds pour tenter une percée. La station service est tenue par un vieil homme qui attend le retour de sa fille. Par chance un certain Thomas passe par là (enfin passe, il roule vers la station) pour déposer des colis, alors que c'est son père qui doit le faire habituellement. Grâce à lui, Marc, Henri, Clara et Jessica ont une porte de sortie, entrer dans sa camionnette et aller au village/ville, le plus proche. Sauf que cette ville est condamnée... Ville où habite Thomas depuis toujours ? Il en est parti le matin même et en quelques heures, pouf, plus rien. Les habitants ont disparu...
Le livre a un côté fantastique qui se montre petit à petit sans pour autant plonger dans un vrai fantastique. Le côté horreur... Pour ma part, il n'est pas horrifique : quelques scènes montent en puissance sans gore, sauf une scène et encore, j'en ai ri (oui je ne suis pas très nette, je le sais !) Par contre il y a un suspense qui donne des frissons. Le livre est découpé en plusieurs parties, elles-mêmes composées de chapitres. Nous suivons tous les personnages, mais plus souvent Marc. Ce personnage semble être la clé, mais de quoi ? Peut-être parce qu'il est père ? Ou qu'il a changé de vie ? Qui sait. Toujours est-il que l'auteur sait amener les éléments avec parcimonie. On se ronge les ongles de savoir ce qu'il se passe réellement. Comment la ville peut faire cela ? Qu'est-ce qui est vraiment réel ? Qu'est-ce qui ne l'est pas ? Difficile de savoir. J'ai cru me retrouver dans un épisode de Buffy... Une légende urbaine semble reprendre vie.
« Tu aurais dû garder les yeux fermés espèce d’idiote !
Le regret amer s’accentua lorsqu’elle comprit que la silhouette prostrée dans le coin de la vieille baraque abandonnée ne pouvait être autre chose que son pire cauchemar.
Les flammes craquelaient et lui permirent de voir la chevelure blonde de l’ombre. Mais le visage restait caché.
Tu as trouvé la pire cachette du monde. La prochaine fois, réfléchis avant de foncer dans un endroit qu’auparavant tu n’aurais jamais eu l’idée de visiter.
Elle aurait pu s’enfuir. »
Les personnages apportent une sensation de malaise. Henri qui est "pote" avec un gang qui viendrait bien le chercher mais pour le tabasser. D'ailleurs c'est le type même capable de dégonfler les pneus d'une voiture... Marc qui n'est jamais sur de rien. Clara qui a tout juste 20 ans et qui s'en veut de s'être trompée de route, prête à se défendre au péril de sa vie. Jessica qui est une petite fille attachante mais qui a des idées particulières. Le vieil homme avec son sourire en coin et ses demandes éternelles de "qui veut un café ?" Thomas qui n'est qu'un gosse et qui va vivre de terribles choses. Et puis il y a des personnages qui gravitent, comme la dame aux dents, Aline, monsieur Harc... Chacun apporte sa contribution à ce mal-être persistant.
Pour démêler le vrai du faux, il faut aller jusqu'au bout, jusqu'à la dernière ligne. Et encore, je me demande si c'est vraiment la réalité.
En conclusion, une histoire pleine de bon sentiment (hein ? Quoi ? Nan que dalle, on reprend !) Donc je disais une histoire pleine de sable, de maisons abandonnées, de ville fantôme. Le rêve, la réalité, difficile de trouver la solution sans aller jusqu'au bout. Un léger fantastique, un thriller surprenant... Un cauchemar ambulant ! Bienvenue à Mersin, ville qui a perdu toute humanité !
http://chroniqueslivresques.eklablog.com/ville-condamnee-nicolas-villeneuve-a157243536
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